Services sans contact – apprendre du passé pour préparer l’avenir

Carte CP8 (1983) Wikipedia

Carte CP8 (1983) Wikipedia

Malgré un intérêt grandissant des médias pour les services de proximité sans contact, la disponibilité sans cesse grandissante de smart phone NFC sur les étagères des opérateurs télécom ainsi que dans les poches des consommateurs, les financements publics, le support des banques et leurs applications de paiement sans contact, et les premiers services actifs à Nice, Caen ou Strasbourg, force est de constater qu’il est difficile de trouver en France des lieux pour utiliser les fonctionnalités sans contact de son smartphone.

Revenons quelques années en arrière et rappelons nous comment s’est développé l’utilisation de la carte à puce. Les technologies sont « proches » (pun intended) et les acteurs de l’écosystème sont (presque) les mêmes.

Telecarte PTT

Telecarte PTT

A partir du brevet déposé en 1974 par Roland Moreno, la technologie « carte à puce » a été disponible sans que les usages et le marché se développent. Comme les américains l’ont décrit, la carte à puce était une technologie en recherche de problèmes à résoudre. Le décollage est arrivé par la décision des PTT en 1984  (qui deviendront France Telecom en 1988) d’utiliser la technologie pour développer la TeleCarte, carte téléphonique destinée aux touristes étrangers de passage à Paris pour téléphoner plus facilement, télécarte dont l’usage s’est répandu très rapidement ensuite.

Cette première application a réellement lancé la carte à puce, en lui donnant une existence et une visibilité, créant une appétance du consommateur et donc la création de nouvelles applications et de nouveaux services que nous utilisons quotidiennement.

Quelle sera cette première application pour les services de proximité sans contact, la « Killer app », la « télécarte » des services NFC ? Cela pourrait être, de permettre, d’un simple geste, mobile en main :

  • de payer de petites sommes,
  • d’utiliser à plein les services de fidélité (toutes les cartes enfin disponibles, quel que soit l’enseigne, y compris dans le commerce de proximité),
  • de permettre à un touriste de passer le portillon du métro sans avoir besoin de comprendre les subtilités de la tarification des transports parisiens,
  • d’activer des « J’aime » en tout lieu sur Facebook ou des checkins Foursquare en un clin d’oeil,
  • de prendre un Vélib pour les franciliens…

Cela pourrait se faire également plus progressivement par la création de services citoyens, service de villes, accès à la piscine ou à la cantine, écoles, transport, parking …. services développés par les collectivités territoriales et il y en a un certain nombre en préparation.

Il y aura aussi de nouvelles applications, en provenance de startups qui restent à créer, ou en provenance de Google ou d’Apple, dont on attend toujours pour ces derniers, la stratégie en ce domaine.

Une chose est sûre. Tant qu’on ne verra pas des consommateurs / des usagers / des citoyens, utiliser des mobiles NFC pour agir sur leur environnement, payer leur parking, acheter leur baguette, ouvrir la porte de leur bureau ou de leur chambre d’hôtel, passer des portillons de transport, échanger des cartes de visites, … ce marché du NFC ressemblera beaucoup à celui de la carte à puce à ses débuts, simplement prometteur.

Et pour vous, quelle application lancera réellement les services de proximité sans contact ?

A suivre

Pierre Métivier
PS. Billet inspiré par une conversation avec Rémy de Tonnac, président d’Inside Secure.

3 réflexions au sujet de « Services sans contact – apprendre du passé pour préparer l’avenir »

  1. davidbourguignon

    Merci Monsieur Métivier pour ce billet. Votre dernière question est fort pertinente. La technologie NFC est prometteuse, certes, mais les applications qui la lanceront vraiment seront des applications qui feront rêver les gens…

    Une grande partie de l’industrie se lance actuellement dans la course à l’échalote de la monétique, alors que les gens n’ont jamais éprouvé la moindre émotion pour leur carte bancaire… N’y a-t-il pas là un problème ? Je ne crains que l’on puisse aussi faire ce constat pour les autres cas d’usage que vous décrivez succinctement (cartes de fidélité et tutti quanti).

    Oui, toutes ces fonctionnalités finiront bien par être intégrées, car il est plus rationnel de tout regrouper dans un appareil, mais cela n’arrivera probablement pas avant une (voir plusieurs) décennies, car il faudra d’abord mettre à jour l’infrastructure, et cela coûte horriblement cher… Prenons l’exemple des bornes NFC à l’entrée de la piscine, que vous mentionnez : dans la piscine de mon quartier, ils viennent d’installer des portillons avec lecteur de code-barre optique. Ce genre d’investissement ne sera pas renouvelé avant… 25 ans ? Vous voyez le problème ?

    Prenons un fait hautement significatif de l’échec probable des stratégies des poids lourds industriels dans le domaine : les co-créateurs de Google Wallet, une « disruption » qui-ne-fait-rêver-personne, ont récemment quitté avec fracas leur situation confortable pour créer Tappmo, une petite boîte au destin incertain, qui cherche à réinventer l’acte de paiement (enfin, d’après ce que j’ai compris de leur site web).

    Pourquoi ont-ils raison ? Parce que le grand récit technophile du 19e siècle (plus vite, plus haut, plus fort, etc.), qui a fait consommer sans compter les gens depuis 50 ans (et épuiser les ressources de la planète), a presque complètement perdu de son pouvoir. Des entrepreneurs et des créateurs de nouveaux produits, les gens attendent maintenant du sens, du rêve, une raison d’agir.

    Il me semble donc que le NFC n’aura d’avenir proche que si l’on cesse d’abord de le considérer comme un moyen supplémentaire de transformer les êtres humains en porte-monnaie à pattes… Qu’en pensez-vous ?

    Répondre
    1. Pierre Metivier Auteur de l’article

      M. Bourguignon, merci d’avoir pris le temps de ce commentaire. Le NFC n’est qu’une technologie, qui ne fait sens que lier avec d’autres technologies dans un smartphone.

      Et ce sont les consommateurs, les citoyens et les usagers, qui décideront, ou non, de l’adoption des services permis par le NFC, y compris le paiement.

      Sur l’infrastructure, elle se met en place coté terminaux de paiement et valideurs de transport et désolé pour votre piscine.

      A chacun d’entre nous de décider de l’usage (ou pas) des services de proximité permis par le NFC.

      A suivre.

      Répondre
      1. davidbourguignon

        Merci Monsieur Métivier pour votre réponse. Effectivement, les utilisateurs décideront. Les prochaines années vont être extrêmement intéressantes et il est fort probable que l’arrivée du NFC soit l’occasion de bouleversements imprévus des usages. Oui, à suivre !

Laisser un commentaire