Paris, ses horodateurs, son absence de services mobiles sans contact NFC

Horodateurs et mobiles

Horodateurs et mobiles

MAJ le 16 décembre 2013 – La Ville de Paris a approuvé par délibération du conseil municipal la mise en place prochainement d’un système de paiement des horodateurs par mobile. Rappelons la situation sur Paris. Les pièces ne sont pas acceptées. Il faut donc payer, soit par carte bancaire récemment installée, soit par carte Monéo peu utilisée, soit avec la « Paris Carte« , une carte de paiement pré-payé qui s’achète dans les bureaux de tabac. Les mobiles étant de plus en plus présents dans nos poches, penser mobile est forcément une bonne piste pour trouver des solutions pour faciliter le paiement.

D’après « La Gazette des Communes« , moins d’un automobiliste sur dix à Paris paie le stationnement contre un sur trois dans le reste de la France (2011). Pourquoi donc les horodateurs à Paris sont-ils si peu utilisés ? Deux raisons.

  1. Par une situation courtelinesque dont les raisons échappent à l’entendement du citoyen standard mais pas ces conséquences pratiques, il est moins cher à Paris de recevoir une contredanse que de payer l’horodateur toute une journée d’autant plus que la verbalisation n’est pas quotidienne (*).
  2. Le visiteur venant occasionnellement en voiture n’a que rarement une « Paris Carte« , cette carte de paiement pré-payée disponible chez les buralistes, buralistes bien entendu rarement à coté de la place où vous vous êtes garée. De ce fait, le conducteur n’a pas le temps ou ne prends pas le temps d’en chercher un sans compter le prix de la carte, bien chère (15 ou 40 €) si vous vous garez que peu de temps ou occasionnellement.

Pour la première raison, un nouveau moyen de paiement ne changera rien. Pour la seconde, il faut donc un moyen de paiement permettant de payer rapidement le montant souhaité pour le temps nécessaire.

Dans un premier temps, les horodateurs parisiens sont maintenant équipés de lecteur de cartes bancaires standard avec contact et donc également d’une nouvelle solution de paiement. Dans un deuxième temps, en 2014, c’est le paiement par mobile qui sera disponible.

Dans le cas d’un paiement d’un horodateur par mobile, il existe deux solutions principales :

  • Une solution de type paiement mobile en ligne, comme celles de la société britannique PayByPhone, leader sur ce marché et déjà implémentée à Issy-les-Moulineaux par exemple mais aussi à Miami, San Francisco, Montréal, Manchester et Sydney ou Whoosh, une solution équivalente proposée par la société Parkeon, principal fabricant d’horodateurs, et
  • la solution mobile sans contact de type NFC.
PayByPhone

PayByPhone

La solution type PayByPhone que nous avons déjà présentée dans ce blog, consiste en l’utilisation d’une application sur mobile Android ou iOS connecté et d’une infrastructure spécifique qui va générer un ticket virtuel. Pour la première utilisation, il faut télécharger l’application, créer un compte, saisir un certain nombre de données dont son numéro de mobile et les informations d’une carte bancaire. Les fois suivantes, le paiement du stationnement est bien sûr beaucoup plus rapide. Il faut indiquer également la plaque d’immatriculation, le fameux code (visiteur, résident) et la durée. Un accès par un navigateur (sans l’application) est également possible ainsi que du paiement par SMS ou en appelant un serveur vocal. Cette solution a donc l’avantage de fonctionner sur un très grand nombre de smartphones dès à présent. Elle apporte d’autres avantages comme la possibilité d’être prévenue à l’avance par SMS (payant) que la période autorisée se termine, payer et recharger à distance son ticket. C’est une solution pratique pour les automobilistes utilisant régulièrement les horodateurs une fois leur compte créé. C’est un peu plus compliqué pour l’automobiliste qui découvre une solution type PayByPhone devant l’horodateur comme nous l’avons vu. Un peu comme la différence d’utilisation d’un Vélib pour les abonnés ou les non-abonnés. Tous ceux qui ont essayé comprendront.

Coté infrastructure, les équipes qui contrôlent le paiement des horodateurs, les Agents de Surveillance, doivent être équipées d’un terminal capable de faire le lien entre la voiture à travers sa plaque d’immatriculation et le ticket virtuel puisqu’il n’y a pas d’émission de ticket papiers. Les horodateurs en place ne servent plus potentiellement qu’à donner le code indiquant le montant du tarif (résident, visiteur, professionnel).

Paiement NFC sur horodateur

Paiement NFC sur horodateur

La solution paiement par mobile sans contact est celle proposée à Strasbourg depuis plus d’un an mais aussi à Lyon (Presto) sur les mêmes horodateurs que ceux de Paris, horodateurs mis-à-jour pour accepter la technologie sans contact. C’est potentiellement un paiement par mobile mais c’est surtout pour l’instant un paiement par carte sans contact. En effet, pas encore suffisamment d’usagers ont déjà la combinaison – mobile NFC et carte de paiement dématérialisée proposée par exemple par la BNPParibas, le Crédit Mutuel / CIC, et bientôt la Société Générale et tous les mobiles ne sont pas encore NFC (près de 4 millions fin juillet). Par contre, plus de 16,7 millions de cartes sans contact sont déjà dans nos poches (chiffres Groupement CB Fin juillet), 20 en fin d’année. La vitesse d’utilisation est extrêmement rapide : après avoir sélectionné le temps de stationnement souhaité sur l’horodateur, il suffit d’approcher sa carte ou son mobile sans contact sans entrer de code pour que la transaction soit effectuée et le ticket imprimé. Une fois la mise-à-jour des horodateurs effectués, c’est exactement la même infrastructure en place qui est utilisée, que ce soit par l’utilisateur ou par les Agents de Surveillance.

Le retour d’expérience à Strasbourg apporte des informations intéressantes. Par exemple, le ticket moyen de stationnement est de 1,25 € par pièces et de 1,58 € par paiement sans contact (cartes et mobiles).

Il y a bien sûr beaucoup d’autres paramètres qui rentrent en compte dans le choix d’une ou de l’autre des solutions et en particulier financiers comme les coûts de mise en place (mise à jour des horodateurs d’un coté, infrastructure nouvelle, équipement des agents de contrôle, formation…. de l’autre) et bien sûr, les commissions vers les partenaires financiers.

Si la ville de Paris souhaite :

  • simplement afficher le fait qu’elle permet à l’automobiliste de payer avec son mobile, les deux solutions proposées sont possibles.
  • permettre aujourd’hui à l’automobiliste de payer avec la plupart des mobiles, avec des fonctionnalités supplémentaires avec en corolaire une première utilisation un peu complexe, et un temps pour le paiement à chaque stationnement un peu plus long, alors la solution type PayByPhone est indiquée. C’est clairement une solution pratique pour automobiliste stationnant régulièrement dans Paris.
  • proposer une solution rapide et simple pour faciliter le paiement sur ses horodateurs, disponible instantanément pour l’automobiliste sans création de compte ou lancement d’une application sur son mobile, alors la solution cartes et mobile NFC est clairement la meilleure, cartes de paiement sans contact dans un premier temps en attendant la généralisation des mobiles NFC. C’est la solution la plus judicieuse pour les visiteurs occasionnels. Les deux solutions sont complémentaires.
Paris Carte

Paris Carte

Ceci dit, lorsqu’on lit le texte du projet de délibération de la Ville de Paris en vue d’une consultation pour un accord cadre, même si deux types de paiement par mobile existent, il semble que le choix de la solution ait déjà été effectué sans que les raisons de ce choix soient explicitées. C’est la version type PayByPhone/Whoosh qui a été choisie même si ces noms n’apparaissent pas dans le document. La description de la proposition est suffisamment précise pour qu’il n’y ait pas de doute.

Extrait « La mise en place de ce mode de paiement nécessitera en parallèle l’adaptation des moyens et des processus de contrôle du stationnement payant effectué essentiellement par les Agents de Surveillance de Paris (ASP) placés sous l’autorité de la Préfecture de Police. En effet, « l’achat » d’un ticket de stationnement par l’intermédiaire d’un téléphone portable génère un ticket virtuel. » Ce qui n’est pas vrai dans le cas d’un paiement par mobile NFC, le paiement s’effectue sur l’horodateur et génère un ticket papier et donc il n’est pas nécessaire d’adapter les méthodes de travail des Agents de Surveillance de Paris, méthodes qui restent les mêmes.

Cette approche qui semble donc exclure le paiement mobile sans contact NFC de la consultation, peut se mettre en rapport avec d’autres faits du même ordre à Paris ou en Ile-de-France. Aucun visibilité sur la disponibilité des versions sur mobile de deux grands services franciliens utilisant la technologie sans contact – les transports en commun et la carte Navigo et le Vélib. A l’heure où le gouvernement pousse les services « sans contact » à travers les 34 plans industriels, services basés sur un écosystème d’industriels français comme Gemalto ou Ingenico, avec l’appui des banques et des opérateurs mobiles, on peut regretter que la solution mobile sans contact ne fasse pas même pas partie de l’appel d’offre, préférant une solution probablement anglo-saxonne.

Alors que les villes de provinces multiplient les services mobiles sans contact dans le transport, le parking, le tourisme, les services aux citoyens comme Strasbourg, Caen, Nice, Bordeaux et bien d’autres, Paris semble en retrait. Hors les services de paiement déployés nationalement, un super marché Casino en test dans le 16ème, un tout nouveau système de guidage à l’intérieur de l’Hôtel de Ville et quelques musées, Paris est étrangement absente. Clairvoyance pour certains, frilosité et absence de vision pour d’autres, le sujet mériterait un article dédié et nous y reviendrons. En attendant, si vous voulez voir l’avenir en matière de services mobiles sans contact, c’est en province qu’il faut se tourner, avant, nous l’espérons, le réveil de la capitale.

Et  nous suivrons avec attention sur ce blog, le déploiement de la solution paiement mobile horodateur à Paris lorsque la solution sera choisie et installée, la délibération approuvée ce jour est une étape importante.

Déploiement ….. à suivre.

Pierre Métivier

PS. Cher lecteur, si vous avez des informations complémentaires permettant de mieux comprendre ce choix à priori, n’hésitez pas à les partager en commentaires.

(*) Trois zones, trois tarifs, de 9:00 à 19:00

Tarif zone 1 : 3,60 € /h – journée = 36 € – Journée de 8 heures – 28,8 €
Tarif zone 2 : 2,40 € /h – journée = 24 € – Journée de 8 heures – 19,2 €
Tarif Zone 3 : 1,20 € /h – journée = 12 € – Journée de 8 heures – 9,6 €

Contredanse – 17 € – CQFD pour les zones 1 et 2.

Pour aller plus loin,

4 réflexions au sujet de « Paris, ses horodateurs, son absence de services mobiles sans contact NFC »

  1. bellewilliam

    Super article pierre,

    il est vrai que le sans contact n’offre malheureusement pas encore de solution de paiement en mode « remote » comme PaybyPhone propose.
    Néanmoins je suis assez sceptique sur l’utilisation de cette dernière compte tenu de son enrollement qui me parait assez contraignant et long…
    Hâte de voir les premiers chiffres sur son utilisation.

    Par contre je ne comprends pas pourquoi Paris n’offre pas la possibilité d’utiliser les deux solutions (sans contact et paiement mobile en ligne)?

    Pour info la solution PaybyPhone est (a été?) aussi utilisée sur Nice

    Dans l’attente de lire un article sur l’Application Billetique Commune ^^

    Au plaisir
    William

    Répondre
  2. Phil

    Bonjour,

    Merci pour cet article très intéressant. Voici en complément :

    Comparer les deux solutions revient à comparer l’achat d’un billet de train sur Internet /mobile ou au guichet/ automate à la gare. Ce sont des solutions complémentaires et indépendantes.

    Pour information, le service PayByPhone (société Franco-Britannique et non pas américaine) est déjà proposé dans plus de 20 villes en France dont : Issy, Boulogne, Le Havre, Nice, Asnières, …
    Un avantage majeur est de pouvoir payer le temps réel du stationnement avec la capacité de prolonger ou stopper à distance.

    Pour répondre à la question de l’enrôlement, le principe fonctionne exactement comme sur iTunes avec la CB donnée la première fois.

    2 illustrations chiffrées :
    – en seulement 8 mois, 17% des transactions de stationnement sont effectuées à Boulogne-Billancourt par PayByPhone. C’est très important
    – 6 millions d’utilisateurs du service

    Phil

    Répondre
    1. Pierre Metivier Auteur de l’article

      Phil,

      Merci pour ces précisions, que ce soit sur l’origine géographique de l’entreprise et donc l’Europe et la Grande-Bretagne, http://www.paypoint.com/ ou la complémentarité des deux solutions. Sur ce dernier point, la complémentarité va jusqu’à un certain point, car à ma connaissance, le choix d’une solution de paiement par mobile se fait entre les deux – paiement online type PayByPhone, ou paiement par carte de paiement dématérialisée NFC. Je n’ai pas encore croisé de municipalité proposant les deux services simultanément. Cela ressemble donc à une complémentarité « exclusive » 😉
      Cordialement

      Pierre Métivier

      Répondre
  3. Ping : Caen-la-mer innove avec un service mobile NFC pour simplifier le stationnement en ouvrage | Avec ou Sans Contact

Laisser un commentaire