La magie de nombreux services sans contact s’invente et se fabrique dans une usine berrichonne : visite guidée

Usine RFID (c) Paragon ID

Usine RFID (c) Paragon ID

« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. » C’est la dernière des trois lois de Arthur C. Clarke, l’auteur de 2001, l’odyssée de l’espace. Et c’est le cas pour les technologies sans contact type RFID (dont le NFC). Les technologies sans contact sont invisibles, pour ne par dire, immatérielles pour les consommateurs. Les étiquettes sont cachées dans les objets de notre quotidien, comme dans la plupart de nos cartes de paiement, de transport, d’accès (maison, voiture, bureaux, spectacles, .. ), sur des arrêts de bus, dans des musées, dans nos passeports et autres documents d’identification, dans des figurines de jeux, des jouets, des billets de spectacles, des cartes de visites, des bracelets, dans les vêtements, objets de sport et de nombreux objets de luxe (parfums, sacs, spiritueux ou bouteilles de vin), pour ne citer que ces exemples. En approchant une carte de transport d’un portillon, celui-ci s’ouvre, en posant des figurines de plastique sur un plateau, la partie commence avec les joueurs représentée par leurs personnages, en approchant son mobile d’une étiquette d’un produit dans un magasin, on apprend son origine et sa composition, si il comporte des composants allergènes ou du gluten, et tout cela sans clavier ou sans parler à voix haute dans des lieux publics :-).

Mais ces tags, invisibles pour la plupart d’entre nous, sont pourtant bien sûr conçus et fabriqués, suivant de nombreux critères (type d’application, distance de lecture, forme, taille et matière composant l’objet qui va les héberger, coût, niveau de sécurité nécessaire, …) avant d’être intégrés dans les objets qu’ils vont rendre communicants.

Usine RFID (c) Paragon ID

Usine RFID (c) Paragon ID

Dans le Berry, au sud de la Loire, Aubigny-sur-Nère, surnommée la ville des Stuart, est un village riche de son passé et d’un magnifique patrimoine historique. Juste à côté, Argent-sur-Sauldre, est une petite ville de 2 000 habitants, beaucoup moins connue, et donc moins visitée, que sa voisine. Ceci dit, derrière cette ville sans « histoire » , il y a une ville tournée vers l’avenir et qui abrite dans ses murs, une des plus importantes usine d’étiquettes RFID de France, de l’entreprise Paragon ID. L’occasion nous a été donnée de la visiter et bien sûr nous n’avons pas résisté à la tentation. Et en voyant la fabrication des étiquettes par ces machines impressionnantes, on a l’impression (c’est le cas de le dire) de voir la matérialisation de cette magie décrite précédemment.

Issu du rapprochement du français ASK et de la division Identification et Traçabilité de Paragon Group Ltd, Paragon ID, 600 collaborateurs dans le monde, est donc l’un des grands leaders du marché des solutions globales de type RFID / NFC. La société possède un site industriel en Roumanie, un centre de R&D à Sophia Antipolis et donc cette usine dans le Cher. L’entreprise s’est également agrandi le mois dernier avec l’acquisition des actifs et de la propriété intellectuelle (brevets) de RFID Discovery, marque commerciale des solutions d’identification par RFID pour le secteur de la santé, de la société anglaise Harland Simon Plc.

Usine RFID (c) Paragon ID

Usine RFID (c) Paragon ID

L’usine est vaste, très propre, proche d’une imprimerie, ce qui n’est pas un hasard puisque non seulement c’est son origine mais la fonction impression est toujours en place (Web-to-print et tickets magnétiques) et le métier de fabrication d’étiquettes RFID est cousin de celui d’imprimeur. Elle est étonnamment silencieuse pour un site industriel. Et derrière des machines les plus modernes, on y croise aussi des rotatives plus anciennes, bichonnées par les équipes.

L’innovation est bien sûr présente sur le site, la compagnie doit innover en permanence pour résister aux fabricants asiatiques très actifs sur le marché. Sur le site, il nous a été présenté une machine unique pour sa vitesse d’exécution, une machine capable de produire 48 000 étiquettes à l’heure et qui n’est pas (encore) disponible en Chine. Autre innovation unique, une carte de paiement en métal pour les marchés « Platinium », un véritable tour de force quand on connait la difficulté de faire fonctionner les technologies sans contact sur des supports métalliques (ou liquides). L’entreprise a accompagné les ruptures technologiques de l’industrie, par exemple dans l’accès, avec le passage des tickets magnétiques (toujours fabriquées mais en baisse) aux solutions sans contact de type NFC.

Waffer (c) Paragon Id

Wafer (c) Paragon Id

Après la phase de conception de l’étiquette, l’usine reçoit les puces sous la forme d’un wafer (une gaufre – voir image à droite) d’un des deux grands constructeurs de puces RFID et le reste est géré par l’usine : la pose de l’étiquette (ou son impression avec de l’encre métallique plus durable (dans le sens économie durable)) sur l’inlay – le support physique), et l’ajout de la puce sur l’étiquette, le tout à des vitesses étonnantes. Par delà la fabrication des étiquettes, Paragon ID possède un autre avantagé clé : son intégration. L’entreprise est capable de livrer tous les composants d’une solution, non seulement la fabrication des étiquettes (sous de nombreux formats), leur programmation mais aussi les développement ITs (y compris blockchain) et les plateformes de gestion des étiquettes. Autre avantage de poids : la présence en France de cette usine ultra performante permet donc la livraison beaucoup plus rapide sur le marché européen que ne peuvent le faire les fournisseurs asiatiques.

Parmi tous les marchés évoqués précédemment, l’entreprise est présente dans le transport (les tickets et cartes sans contact produits par Paragon ID sont partout dans le monde, plus de 120 villes dont Paris, Nice, Toulouse, Londres et les réseaux de transport anglais, dans le retail et en particulier dans la lutte contre la contrefaçon (le Track and Trace), le contrôle d’accès dans les événements sportifs ou les spectacles, le marketing permis par le NFC (vin et spiritueux par exemple), dans le source tagging / l’étiquetage à la source (et donc l’impression des étiquettes RFID sur les lieux de productions). Plus généralement, l’étiquetage à la source permet une traçabilité de toute la chaine, de la production à la vente, et est utilisée avec succès par de grandes entreprises comme Decathlon, Marks et Spencer ou Adidas. Un dernier marché prometteur – l’utilisation des étiquettes RFID/NFC pour le bagage des passagers dans l’aviation civile, la IATA poussant vers une meilleurs traçabilité à travers la résolution 753.

Usine RFID (c) Paragon ID

Usine RFID (c) Paragon ID

La prochaine fois que vous utiliserez votre carte Navigo à Paris ou à Oyster à Londres, après avoir présenté votre passeport ou que vous jouiez simplement à Dropmix de Hasbro, un jeu de mixage de musiques à base de cartes sans contact, peut-être aurez-vous une pensée pour les femmes et les hommes de Paragon ID à Argent-sur-Sauldre qui sont derrière la magie de nombreux services sans contact et qui vous auront permis toutes ces actions.

A suivre

Pierre Métivier
@pierremetivier

Notes – pour des raisons de confidentialité, nous n’avons pas été autorisé à photographier à l’intérieur de l’usine. Les photos ont donc été fournies par l’entreprise.

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