Archives mensuelles : juin 2016

Nobody ever got fired for buying IBM, version 2016 et Internet des objets

Nobody ever got fired for buying IBM

Nobody ever got fired for buying IBM

No one ever got fired for buying IBM.” c’est-à-dire « Personne n’a jamais été licencié pour acheter (des ordinateurs) IBM. » Cette phrase des années 1970 est considérée comme l’un des messages marketing les plus efficaces jamais imaginés. Achetez IBM, ne prenez pas de risques, ni pour vous, ni pour votre entreprise, IBM sera toujours un bon choix. Un message basé sur le concept de FUD – Fear, Uncertainty and Doubt.

Sierra Wireless AirPrime modules

Sierra Wireless AirPrime modules

Ce message m’est revenu à l’esprit dans le cadre du « Sierra Wireless Innovation Summit » qui vient de se dérouler à Paris. Sierra Wireless est une entreprise peu connue du grand public et qui est pourtant très présente dans l’infrastructure de l’internet des objets, comme les villes ou les voitures, à travers des solutions complètes de déploiement d’objets connectés basées sur des « Wireless embedded modules », des modules permettant d’apporter aux objets connectés de la connectivité moyenne et longue distance.

Pour rappelWireless = sans fil, une connectivité moyenne et longue distance (comme le wifi, ou la 4G) vs. contactless – sans contact, une connectivé très courte distance – quelques centimètres.

La connectivité était un des sujets majeurs de la conférence. L’offre de connectivité est pléthorique. En parallèle des offres, 2G, 3G, 4G et au-dela, sont arrivées des solutions disruptives comme Sigfox / UNB , Lora ou l’utilisation des whitepaces / Weightless. Ses solutions dites LPWA  – Low Power Wide Area permettent de transmettre sur de grandes distances, des petites quantités de données pour un prix largement inférieur et sont donc adaptés à de nombreuses services connectés. Ces réseaux se développent à vitesse grand V. Les opérateurs traditionnels ont compris le danger et ont répondu de trois manières,

  • en ne fermant pas comme initialement prévu les réseaux 2G,
  • en investissant dans les réseaux Lora pour Orange ou Bouygues, ou Sigfox (UNB dans le graphe ci-dessous) pour SFR, Telefonica, SK telecom ou NTT Docomo, et
  • en développant de nouvelles normes que l’on retrouve sous les noms 3GPPP, NB-IOT, LTE Cat-M…. et l’on va retrouver Huawei et un Vodaphone très agressif envers les nouveaux venus.
LPWAN tech chart range vs data rate (via) LPWAnews

LPWAN tech chart range vs data rate (c) LPWAnews

Dans le cadre de cette conférence, des clients de ses réseaux, un gestionnaire de grid énergétique néerlandais, et un fournisseur de solutions d’éclairage public intelligent ont eu la même approche pour le choix de ce réseau. « On ne choisira pas une solution de type Sigfox ou Lora, on préfère les solutions de fournisseurs connus, en provenance d’opérateurs installés, une qualité de services reconnue et puis, les Lora et Sigfox utilisent des fréquences non régulées.« 

Cette argumentation n’est donc pas s’en rappeler cette phrase « Nobody ever got fired for buying IBM ».

Toutes les solutions précedemment citées ont leurs avantages et leurs limitations, leurs domaines d’utilisation et les critères de choix sont nombreux – coût, disponibilité dans le temps et dans l’espace (déploiement effectif), qualité de service, quantité de données transporté, débit distance, disponibilité indoor, uni ou bi-directionnel, sécurité, ….

Pour revenir à la phrase d’origine, on connait la suite. IBM, toujours bien présente dans les services, ne fabrique plus d’ordinateurs. Les besoins, les technologies, les resources, les solutions changent. Les taxis et les hôtels bien établis ont vu arriver Uber et airBnB, les banques sont titillées par les fintech. La numérisation, la désintermédiation, la virtualisation sont des facteurs disruptifs que l’on ne peut ignorer. Choisir une solution parce qu’on ne veut pas changer de fournisseur est effectivement confortable et rassurant mais les clients de Kodak, de Polaroid, de Nokia ou d’ordinateurs IBM ont tous du changer de fournisseurs, tôt ou tard.

Si dans les années 70, personne n’a jamais été licencié pour acheter (des ordinateurs) IBM, en 2016, cette phrase devrait se lire, personne n’a jamais été licencié pour avoir trouvé des solutions innovantes, économiques, efficaces, écologiques même si il s’agit (ou pas) de changer de fournisseurs, que ce soit d’ordinateurs ou de réseaux de télécommunication.

A suivre.

@PierreMétivier

Pour aller plus loin

IOT connectivity solutions (c) Postscapes Harbor

IOT connectivity solutions (c) Postscapes Harbor

 

Les robots ont désormais la tête dans les nuages – un compte rendu tardif du salon Innorobo

Réunion de famille à Innorobo

Réunion de famille à Innorobo

Quelques notes et réflexions suite à la visite du salon Innorobo, un salon bien sûr consacré à la robotique, qui s’est déroulé des 24 au 26 mai 2016 aux Docks à Paris. Commençons ce tour d’horizon par les robots dits « humanoïdes ».

Et tout d’abord ce titre, les robots ont désormais la tête dans les nuages. Rêvent-ils de moutons électriques, la question que pose Philip K. Dick  au sujet des androides ? La réponse est plus prosaïque. Leur intelligence est désormais dans le « cloud ». (*) Fini, ou tout au moins retardé (dans le temps), le robot autonome, qui pense, agit, se déplace seul, celui de i, Robot et de tous les films de science-fiction (et non le iRobot, robot aspirateur ménager et accessoirement promeneur de chats mais nous disgressons – NDLR).

Les concepteurs rêvent moins également, ils sont devenus plus pragmatiques, ont choisi des raccourcis. Les robots humanoïdes commerciaux d’aujourd’hui comme Pepper ont donc leur intelligence à l’extérieur de leur corps. Le cerveau n’y est plus intégré. Le robot est devenu interface utilisateur autonome, au moins dans ses déplacements grâce à ses capteurs et ses roulettes (exit les jambes). Il peut écouter, voir, parler, mais il a également besoin d’un écran pour communiquer les informations les plus complexes. L’humanité de ces robots reste présente à travers le fait qu’il tourne la tête vers la source du son, semble vous regarder, s’intéresser à votre propos, ou regarder d’autres robots. Avec un peu d’imagination, il est possible d’être touché.

Pepper en action à Innorobo

Pepper en action à Innorobo

Avec ces simplifications concep- tuelles, il devient également plus utile. Et c’est ce que l’on remarque avec Pepper. Après le célèbre Nao, Aldebaran avait lancé Pepper, un robot d’accueil plus grand que Nao (sur roulettes et non sur jambes comme Nao) juste avant de devenir une division de Softbank. Et sur Innorobo, la société japonaise est très présente, non seulement avec des robots mais surtout de nombreuses applications, permises, entre autre, par cette tablette placée sur la poitrine de Pepper. Et du coup, Pepper offre divers services, pouvant se déplacer vers une table et prendre commande d’un cocktail, encaisser un client avec MasterCard, accompagné le personnel médical dans un hopital ou répondre à des questions pointues grâce à l’aide d’IBM Watson. Une bonne vingtaine de sociétés proposaient des services sur le stand Softbank.

Dans le même domaine, autour des sociétés robotiques traditionnelles, on pouvait donc croiser de grandes entreprises, nouvelles sur ce marché comme les déjà cités MasterCard et IBM, mais aussi Orange (avec un partenariat Awabot – encore un robot écran sur roulette), Engie avec Diya One, un robot dépollueur, Accenture ou BNPParibas Cardif.

2016 InnoroboToujours présent dans les salons robotiques, rappelons la cohabitation pacifique des robots humanoïdes (plutôt) de services et des robots industriels capables de tâches de plus en plus difficiles et précises. Ces derniers travaillent également de concert – deux robots-bras travaillant ensemble. C’est le domaine des robots collaboratifs – les cobots et la cobotique. Certains de ces robots tentent une humanoÏdation à travers des yeux sur un écran mais ils ne trompent personne.

Des budgets de recherche en berne

Des budgets de recherche en berne

En parallèle de l’exposition se tenaient les Etats Généraux de la Robotique. Nous avons assisté à une session autour du monde de la recherche robotique animée par Eva Cruck, responsable scientifique, de l’ANR, l’Agence Nationale de la Recherche. « Un robot n’a pas de sens hors de son environnement. » nous dit-elle. Quelques projets sont présentés comme Robm@rket, un projet de préparation de commandes en open innovation  de BA Systemes. Rapidement, le sujet et les échanges deviennent plus graves. Graphe à l’appui, Eva Cruck constate à la fois la baisse des budgets pour des projets robotiques depuis 5/6 ans et la baisse des projets communs avec les industriels. Dans la recherche publique santé, les financements vont vers le big data plutôt que la robotique signale Marie-Aude Vitrani, Maître de Conférence au laboratoire ISIR. Les participants se lâchent. Chute dans le nombre de projets présentés, liés aux problèmes de soumission, complexité administrative, des mois de travail pour 10% de projets sélectionnés et donc 90% de projets non sélectionnés. N’ayant assisté qu’à une seule session, il est difficile de tirer des conclusions sur ses Etats Généraux de la Robotique. Espérons que les autres étaient plus encourageantes pour l’avenir de la robotique française.

Les émotions de Buddy

Les émotions de Buddy

Et pour terminer sur une note plus positive, parlons de Buddy, de la société Blue Frog Robotics, un petit robot compagnon, chouchou des visiteurs, un écran en guise de visage lui permettant d’exprimer des « sentiments » très variés et marqués. Un compagnon de selfie de petite taille dont le but, dans sa vie de robot, est de créer des émotions avant toute autre fonction, un but clairement affiché par les concepteurs, et qu’il réussit à véhiculer (sur ses roulettes) avec brio. En quittant sa forme humanoïde, il semble plus proche de nous. En n’essayant plus de nous imiter, il devient plus attachant. Une troisième voie nouvelle entre robot « humanoïde » et robots industriels.

Une nouvelle voie
à suivre … dans les prochaines éditions de ce beau salon.

Pierre Metivier

(*) Qu’est ce que le cloud ? L’ordinateur de quelqu’un d’autre. Une excellente définition de Tristan Nitot.

Pour aller plus loin