Comme vous le savez, ce blog est principalement dédié à l’innovation, les services de proximité permis par les technologies sans contact de type RFID, NFC et l’Internet des Objets. Il semble difficile de trouver un lien avec l’Université d’Eté du MEDEF. Et pourtant.
Avec ou sans argent,
Avec ou sans travail,
Avec ou sans le temps,
Avec ou sans âme.
Tels étaient les titres des sessions du jeudi matin. Il ne manquait qu’Avec ou sans contact. Plus sérieusement.
Cette université rassemble chaque année des hommes et des femmes du monde entier, de l’industrie, de la société civile, des syndicalistes, des politiques, de tout bord, des journalistes, des professeurs, des religieux, des militaires, des scientifiques et bien sûr des entrepreneurs. La langue de bois y est limitée, même si il est plus facile de parler librement lorsqu’on a été ministre plutôt que lorsqu’on est en place.
Les débats sont rares, ce sont plutôt plutôt une succession de réponses à des questions de l’animateur, les intervenants étant très (voire trop) nombreux (parfois ) pour qu’un réel dialogue s’installe. Mais il y a bien sûr des exceptions comme cette plénière très intense avec (entre autres) Michel Rocard, Nicolas Hulot et André Brahic que nous ne pouvons que vous recommander de regarder. Hors la frustration parfois d’une fin d’une session avant que le dialogue ne s’installe réellement, le conférencier de l’Université doit également faire des choix entre parfois quatre sessions en parallèle.
Que retenir de l’édition de l’Université d’Eté du Medef 2012 ? Quelques moments forts, quelques bons mots. Tout choix est arbitraire et limitatif et celui là ne dérogera pas à la règle.
- L’introduction de Laurence Parisot, présidente du Medef dans sa présentation du Premier ministre, passant allégrement du big data à l’Albatros de Baudelaire.
- De son coté, un peu plus tard, Alain Juppé sera du coté des rebelles et s’appropriera Verlaine, du paria à l’auteur étudié au bac.
- L’humour américain de Jimmy Wales sur le modèle financier de Wikipedia, « people like to give money to heavy metal dudes« .
- La pique de Bernard-Henri Levy souhaitant un rendez-vous avec ce même Jimmy Wales, car il n’apprécie pas les informations le concernant sur le site encyclopédique.
- Les petites phrase assassines de Eric Dupond-Moretti, avocat pénaliste « la voix de celui qui n’en a plus » , qui a « d’avantage confiance dans la cuisine de son pays qu’en sa justice« .
- Mo Ibrahim, s’excusant de ne pas parler français « Sorry I can’t speak French, my country was colonized by England not France« .
- Cette pléniaire déjà citée plus haut où deux approches de l’écologie, de la science et du futur se sont affrontées parfois avec force convictions et arguments.
- L’enthousiasme d’André Brahic pour le futur et la science, soufflant un vent d’optimiste contagieux (et nécessaire dans la sinistrose ambiante) sous la tente plénière.
- L’intelligence cristalline de Michel Rocard.
- Laurent Dassault, DG Groupe Marcel Dassault précisant qu’il aime bien les robots parce qu’ils ne font pas grève, en présence de Jean-Claude Mailly, Force Ouvrière, quelque peu surpris.
- Le courage de Jean-Claude Mailly à défendre ses idées dans une salle guère favorable.
- Raphaël Glucksmann, expliquant qu’en Georgie, la baisse du nombre de policiers a entrainé la diminution du nombre de délinquants, une méthode non applicable en France, s’est empressé de répondre Pierre Moscovici.
- Pierre Bellon, Sodexo, sur le principe que « la parole, ça se prend et ça se garde », réglant son compte à l’Etat, son administration, les six couches entre l’Europe et la ville, les 2300 pages du Code du Travail, ou traitant de l’irresponsabilité du principe de précaution.
- Jean-Claude Volot, commissaire général à l’internationalisation des PME et ETI, brillant sur la relation entre l’entreprise, la sphère publique et la sphère politique.
- Les sifflets nourris puis les applaudissements pour Arnaud Montebourg.
Des mots et des phrases ayant le mérite de bousculer les idées, faire réfléchir les uns et les autres même si, une fois les lumières éteintes, les photographes disparus et la tente plénière repliée, chacun repart chez soi et les belles idées généreuses s’évanouissent dans le ciel de Jouy-en-Josas avant la rentrée des élèves d’HEC.
Et le sans contact dans tout cela ? Nous y venons.
Tout d’abord, en marge des conférences se tenait la rencontre de l’Observatoire de la Relation Grandes Entreprises – PME Innovantes. Parmi les quatre tandems récompensés, Casino et Think&Go NFC l’ont été dans la catégorie Distribution pour leurs applications NFC au service des consommateurs. (voir la vidéo du tandem)
Ensuite, deux intervenants, pourtant sur des sujets très différents ont eu la même approche, le même discours. Eric Dupond-Moretti a indiqué qu’une partie des problèmes de la justice en France provient de ce que les juges et les avocats suivent des parcours éducatifs différents et a donc regretté l’absence d’un socle commun qui pourrait permettre une meilleure compréhension des problèmes des uns et des autres. De même, Jean-Claude Volot, qui a quitté son entreprise pour servir l’état, a expliqué le fossé qui sépare les entrepreneurs des fonctionnaires de l’administration sans rejeter la faute dans l’un des deux camps. Les entrepreneurs devraient s’impliquer davantage dans la chose publique, la « res publics ». De même, les grands fonctionnaires de l’état seraient inspirés de créer des entreprises et comprendre ce monde trop souvent théorique pour eux.
L’écosystème du sans contact peut apprendre de ces deux leçons. Les lenteurs des déploiements des services mobiles sans contact viennent en partie de la difficulté de faire travailler ensemble opérateurs télécom, opérateurs de transport, banquiers, distributeurs, collectivités et industriels. Chaque partie prenante a ses règles, ses coutumes, ses méthodes de travail, son organisation qu’il n’est jamais aisé de remettre en question. Et il est plus facile d’expliquer aux autres ce qu’il faudrait faire, que d’accepter de modifier un peu ses propres modèles pour mieux travailler ensemble.
Le thème de l’Université d’Eté de Medef était « Intégrer« . Souhaitons que l’intégration de nos différences telles qu’exprimées pendant ces trois jours, permet la mise en place d’ensembles, d’écosystèmes plus équilibrés et plus ouverts, que ce soit pour l’amélioration du fonctionnement de la justice et des relations état/entreprises ou plus modestement, pour le déploiement des services mobiles sans contact.
Pierre Métivier