Archives mensuelles : juillet 2015

Comprendre l’internet des objets à travers l’exemple du vélo !

C'est beau, Paris, à vélo, vu du Trocadéro

Internet des objets et vélo

La grande fête annuelle du Tour de France vient de s’achever.  C’est un événement sportif mais aussi technologique, nous en avions visité les coulisses l’année dernière. Cette année, les objets (et les coureurs) ont été (encore plus) connectés. Plus généralement, le vélo est non seulement devenu un « intranet des objets » (*) très complet et actif, c’est aussi probablement le tout premier comme nous allons le montrer.

L’internet des objets est un donc un sujet foisonnant de développements en tout genre – wearables, objets connectés grand public, M2M, domotique, smart cities, santé, … ceci dans tous les domaines de notre vie quotidienne et du monde industriel, des sujets régulièrement couverts dans ce blog. Il n’est pas toujours facile d’imaginer tous les enjeux, tous les facteurs, tous les acteurs.  C’est pour cela que nous vous proposons d’aborder le sujet à travers un exemple.  Dans ce billet, nous allons retrouver tous les mots-clés et autres buzzwords de l’internet des objets comme APIs, big data, capteurs, objets connectés et connexion d’objets existantsvêtements connectés, écologie, santé, energy harvesting,  infrastructure, mouvement make, mobilité, protocole, réseaux sociaux, standard, transhumanisme, universalité … Et cet exemple, c’est donc le vélo.

Pourquoi le vélo ? Pour de nombreuses raisons parmi lesquelles :

  • C’est un objet réellement étonnant, permettant à chacun d’entre nous d’améliorer ses capacités, ses performances en terme de #mobilité, d’aller plus loin, plus vite, de transporter plus de matériel, de personnes, avec notre seule énergie, sans apport d’énergie extérieure, sorte de #transhumanisme 1.0.
  • C’est un objet universel, de l’hipster new-yorkais en fixie au cyclotouriste de la Vallée de Chevreuse du dimanche matin, du retraité faisant ses courses à la maman emmenant ses enfants à l’école en vélo cargo, des paysans partout dans le monde amenant leur production au marché sans oublier le citadin se promenant en famille en vélo partagée ou l’élève se rendant à l’école. Chacun son usage, chacun son histoire, chacun son vélo. #universalité
  • C’est un objet générant sa propre énergie dès qu’il est en mouvement – récupérable sous forme de dynamo ou d’autres technologies, générant sa propre lumière ou rechargeant les batteries de ses versions à assistance électrique à #energyharvesting
  • C’est un objet reconnu pour ses effets bénéfiques pour la santé et dont les utilisateurs souhaitent mesurer les résultats. #health  Un exemple côté santé, la formidable aventure du mhealth Grand Tour d’Orange au service des diabétiques.
  • C’est un objet permettant la compétition et donc, de nouveau; des mesures correspondantes en terme de performances (vitesse, puissance, calories …) #quantifiedself
  • C’est un bel objet, qui permet tous les #design des plus classiques au plus révolutionnaires
    James Novak - impression 3D
    James Novak – impression 3D
  • C’est un objet au centre de grandes compétitions populaires comme le Tour de France, un événement permettant de tester et mettre en valeur de nouvelles technologies. Nous avons donc déjà abordé dans ce blog des déploiements technologiques liés au Tour de France et cette année plus encore avec le suivi en temps réel des coureurs. Voir les articles en fin de blog.
  • C’est un objet permettant de facilement porter, intégrer des devices /dispositifs technologiques tels ordinateurs de bord et autres compteurs et bien sûr de nombreux capteurs. #wearables #capteurs
  • C’est un objet mécanique, sans conçu pour être connecté et sans électronique par défaut. #connexion d’objets existants à l’Internet des objets vs. conception d’objets connectés.
Les wearables pas si nouveau

Les wearables pas si nouveau

Et tout cela a commencé bien avant l’avènement grand public des objets connectés et autres wearables. Les compteurs de vitesse mécanique existent depuis des dizaines d’années et cela fait 15 ou 20 ans que les sportifs – coureurs ou cyclos du dimanche ont leur « cardio », une ceinture leur permettant de mesurer et contrôler leur fréquence cardiaque, soit pour optimiser leur performance, soit par précaution, pour éviter de monter dans la zone rouge. Ces cardios #wireless sont les ancêtres des wearables et autres vêtements connectés d’aujourd’hui, tels Cityzen Sciences , la simple intégration dans une poche intégrée du vêtement d’un boitier bardé de capteurs avant les prochaines versions avec intégration directement dans les fibres du tissu.

L’internet des vélos, c’est aussi des #capteurs sur les ordinateurs de bord – vitesse, altitude, température, compte-tours (pédaliers) et l’intégration de toutes ces données dans un tableau de bord personnel, sur mobile ou PC, oui des applications énergivores sur mobile, de suivi des parcours utilisant GPS et capteurs intégrés du mobile. Des outils disponibles pour le grand public depuis des années, bien avant l’arrivée du terme internet des objets.

De nombreuses données sont bien sûr générées par nos utilisations de nos vélos, des applications et des ordinateurs de bord. Toutes celles citées précédemment mais aussi l’endroit où vous prenez votre vélo partagé et l’endroit où vous le reposez, les traces laissées dans vos mobiles, volontairement ou pas. #bigdata

Le protocole ANT+ poussé par le premier fabricant d’ordinateurs de vélo, Garmin, avec un grand nombre de partenaires et bien sûr des entreprises du même marché qui ne souhaitent pas participer. Essayer de faire dialoguer ensemble un ordinateur de bord Garmin, un pèse personne Withings, une montre Samsung Gear et un bracelet FitBit est une gageure réservée aux geeks. Et puis, protocole au centre de l’internet des vélos, il ne fait aucun sens pour l’agriculture ou l’aéronautique, ce qui montre, une fois de plus, que de penser un standard unique pour l’internet des objets est un non-sense. Et des APIs existent bien sûr comme le Cycling Analytics API.

Ce sont aussi des réseaux sociaux actifs et collaboratifs comme Strava ou Kappo où les participants peuvent comparer leurs performances, apprendre, échanger et partager leurs expériences, leur parcours.

Haïku

Haïku

C’est un formidable terrain d’expérimentation pour les startups – la pédale connectée de ConnectedCycle, ou Haiku,  pour afficher simplement sa route sur son guidon vu à #FENS2015, des protections de type airbag, des fléchages lumineux sur le sac à dos, des casques avec intégration de la réalité virtuelle, des antivols légers et efficaces, tous connectés. Rappelons nous aussi des expérimentations liées à l’écologie – le vélo et ses capteurs se déplacent et avec le GPS et un horodatage, de nombreuses informations permettent de cartographier de nombreux domaines et ouvrir la voie à des services collaboratifs.

Les grands groupes ont tous des projets de vélos connectés comme plateformes d’expérimentation de l’internet des objets comme Ford Intel ou Bosch pour ne citer que ces  exemples ou Orange dans le domaine de la santé avec son « mhealth grand tour » déjà cité.

C’est enfin la relation avec d’autres écosystèmes comme les infrastructures routières, la ville, les voitures automatiques comme la Google car. Ce sont toutes ces interactions de tous ces écosystèmes, tous ces intranets des objets, qui font et feront l’internet des objets.

Tout à l’heure, demain,  lorsque vous enfourcherez votre vélo quel qu’il soit, vous ferez (plus ou moins) partie de cet Internet des vélos sauf à ne pas avoir pas de mobiles avec vous … et encore !

A suivre … à bicyclette.

Pierre Métivier

Design Expo aux Arts et Metiers

Design Expo aux Arts et Metiers

Note – Intranet des objets – l’ensemble des composants de l’internet des objets à l’échelle d’un sujet, d’une industrie partageant une même infrastructure, les mêmes standards. On peut parler d’intranet du commerce « smart retail », de la ville « smart city », de la maison « domotique » d’une usine – industry 4.0.. L’ensemble de ces intranets des objets forment l’internet des objets. Les intranets des objets se recoupent plus ou moins. Il est clair que celui de  la ville se recoupe avec celui des vélos par exemple. Par contre, celui des musées et de la santé ont moins l’occasion de se croiser.

Pour aller plus loin

La carte à puce. Une histoire à rebonds et une expo passionnante au Musée des Arts et Métiers, Paris

La carte à puce. Une histoire à rebonds

La carte à puce. Une histoire à rebonds

La Carte à puce. Une histoire à rebonds est une exposition temporaire au Musée des Arts et Métiers, qui se visite jusqu’au dimanche 3 janvier 2016. Son entrée est comprise dans le prix du billet exposition permanente. Comment se présente cette exposition ? Plutôt que de paraphraser le texte introductif de l’expo, en voici quelques extraits.

« Organisée en trois parties, Carte à puce. Une histoire à rebonds présente des objets patrimoniaux rarement exposés (prototypes, cartes à puce anciennes ou actuelles etc.). De ses différentes applications aux secrets de sa fabrication, découvrez l’histoire d’une technologie pleine de ressort.

Carte à puce, l'expo

Carte à puce, l’expo

(La première section montre) l’utilisation de cartes pour téléphoner, pour payer ou retirer de l’argent, qui a permis l’émergence de la carte à puce. Ces applications mettent en effet à l’œuvre les fonctionnalités élémentaires de la carte à puce : comptage d’unités, mémorisation et traitement de données, identification et authentification. Ces fonctions, et la sécurité offerte par le composant électronique embarqué, vont motiver l’emploi de la carte à puce dans de très nombreux autres domaines, de la santé au transport, des titres d’identité officiels à la télévision à péage.

La deuxième section de cette exposition-découverte vous entraîne sur les traces des pionniers de la carte à puce tels Roland Moreno ou Michel Ugon et vous raconte l’émergence de cette industrie hors du commun.

La dernière partie de l’exposition révèle le fonctionnement de cette « forteresse de poche » qu’est la puce. Petit voyage au cœur du visible (l’objet) et de l’invisible (ses fonctions), cette section montre aux visiteurs la « merveille de technologie » qu’est la carte à puce. Dans chacune d’entre elles se cache un véritable petit ordinateur ! ».

Carte à puce, l'expo

Carte à puce, l’expo

Que voit-on donc dans cette expo ? Des objets étonnants, dignes du mouvement « Make » actuel, des vidéos d’époques – journaux télévisés avec un jeune François de Closets, des interviews de Roland Moreno dans son « atelier », le prototype du premier lecteur de carte, un outil de test étonnant créé en Meccano, des facsimilés de brevets, quelques mobiles, un publiphone à carte, le déroulement de la fabrication, une carte avec deux puces, pour des problèmes de double standards, un prototype de carte Navigo à contact datant du début 90, la généalogie de la carte et les liens entre la carte à mémoire – Roland Moreno et la carte à puce – Michel Ugon, et bien d’autres artefacts comme la carte du « terminal de la marchande« .

On y apprend aussi que d’ici juin 1972, (il y aura) une soixantaine de distributeurs de billets ! Que de chemin en un peu plus de 40 ans. Cela parait bien loin même si l’utilisation du carbone 14 n’est pas nécessaire à dater la plupart de ces objets 😉

Carte à puce, l'expo

Carte à puce, l’expo

Ne partez pas sans regarder les vidéos et en particulier celle appelée « Michel et la cryptographie« . Passionnant, didactique et drôle, ce petit film explique simplement les principes de la cryptographie avec l’aide de nombreux Michel mais aussi de Pierre Dac et Francis Blanche ! Enfin, vous pouvez également lire le catalogue de l’expo et ses entretiens informatifs.

Carte à puce. Une histoire à rebonds : une expo passionnante, à conseiller à tous les fans de de sciences et technologie (comme tout le musée) ou toute personne simplement intéressée à comprendre toute l’histoire derrière cette carte à puce qui est partout présente dans notre quotidien. Une saine occupation pour ce week-end du 14 juillet ou pendant les vacances d’été. Sans oublier les collections permanentes et l’expo Invention / Design – Regards croisés (quelques photos).

A suivre … jusqu’au dimanche 3 janvier 2016 au Musée des Arts et Métiers.

Pierre Métivier

Notes

  • Merci à Pierre Paradinas, pour la création de cette exposition en tant que commissaire scientifique et la visite commentée.
  • A titre personnel, je suis heureux que le livre « Le mobile NFC, télécommande de notre quotidien » ait été intégré au fond documentaire de l’exposition. La technologie NFC, souvent abordé dans ce blog #euphémisme et bien sûr le sujet du livre, résulte de l’association normalisée des technologies RFID HF, sans contact et de la carte à puce, à contact, le premier chapitre aborde ce sujet et tous les autres montrent les derniers développements permis y compris dans l’internet des objets.

Pour aller plus loin,

Carte à puce, l'expo

Carte à puce, l’expo

Withings, Tesla et la magie des objets connectés

Withings Activity Pop Swim Edition

Withings Activity Pop Swim Edition

Ce mardi 7 juillet, Withings a lancé la nouvelle version de ses montres connectées Activité et Activité Pop, cette belle montre au design analogique et avec ses aiguilles classiques. Sous son cadran se cache une montre numérique, bardée de capteurs capables de mesurer les efforts et le nombre de pas de son utilisateur. Avec une troisième aiguille, elle signale simplement le pourcentage accompli par rapport aux objectifs fixés par son porteur.

Quelle est la nouveauté de cette montre connectée présentée hier ? Elle mesure également les efforts accomplis pendant vos longueurs dans la piscine. Frédéric Bousquet nous l’a démontré en effectuant quelques longueurs dans la piscine Molitor à Paris, montre au poignet.

Withings à la piscine MolitorLe point le plus intéressant de cette nouvelle montre est quelle n’est pas nouvelle, au moins dans le sens matériel du terme. C’est son logiciel qui a été mis à jour. Elle est donc également immédiatement disponible pour tous les possesseurs de la version précédente. Vous aviez acheté une montre qui mesure les pas, maintenant vous avez une montre qui mesure vos efforts lorsque vous nagez. Cette nouvelle possibilité est offerte grâce à des algorithmes adaptées à la natation et une mise-à-jour logicielle de la montre. La montre est nouvelle pour tout le monde.

Objet matériel, cette montre est « upgradée », améliorée, dans ses capacités liés à son environnement physique.

Tesla au MWC 2014

Tesla au MWC 2014

Autre exemple : la Tesla, la voiture électrique emblématique conçue par Elon Musk. Certains problèmes de frein ont été résolus par une mise-à-jour du logiciel de la voiture. Et de nouvelles fonctionnalités, comme l’aide à la conduite, sont ajoutés régulièrement. Tout comme un ordinateur ou un mobile recevant une mise-à-jour de l’OS ou d’un anti-virus, les Tesla reçoivent des mises-à-jour de corrections ou d’amélioration « over the air » sans avoir à ramener la voiture au garage.

De même, les serrures d’une porte connecté peuvent recevoir des mises-à-jour améliorant leur sécurité ou les auto-cuiseurs connectés peuvent recevoir de nouvelles recettes de cuisine, ou une meilleure gestion des fonctions de cuisson, des éléments améliorant leur fonctionnement physique sans retour au SAV ou sans passage dans un atelier.

Bien sûr, ces mêmes systèmes de mise-à-jour à distance d’objets connectés doivent être sécurisés car ils peuvent, sont et seront victimes d’attaques à des fins malveillantes. Mais ne boudons pas notre plaisir. L’amélioration des objets connectés à distance une fois chez son utilisateur a un côté magique, cette magie que l’internet des objets doit aussi nous apportée, comme nous le montre #ofcourse Withings et Tesla.

A suivre.

Pierre Métivier

Note – Les « wearables » de type Fitbit, Pebble ou Pulse et autres montres connectées sont (souvent) utilisées pas leur possesseurs pour mesurer les 10,000 pas quotidiens minimum recommandés comme faisant partie d’une bonne hygiène de vie. Dans le cas de Frédéric Bousquet, l’utilisation de la fonction est inversée. Dans le cadre de ses entrainements quotidiens, il ne doit pas dépasser un certain nombre de pas. Certains lecteurs rêveraient peut-être de faire la même chose. C’est possible à condition d’ajouter de 4 à 6 heures d’entrainement à la piscine. Chiche 🙂

Pour aller plus loin