Archives mensuelles : avril 2016

Power to the people, une soirée avec Jeremy Rifkin

Jeremy Rifkin - Power to the people

Jeremy Rifkin – Power to the people

Né du regroupement de Alma CG et Lowendalmasaï, la société Ayming a organisé une soirée dont le point d’orgue a été une intervention de Jeremy Rifkin, le tout dans le bel écrin du Théâtre de Chaillot, à l’intérieur du Trocadéro.

Avant l’intervention, une remise de prix avait lieu avec Patrick Poivre d’Armor, dans le rôle de M. Loyal, des prix remis à Allianz, General Electric, Seb, Ramsay General de Santé, Sodexo et Orange, tous autour de la numérisation des fonctions principales de l’entreprise ou de services aux consommateurs.

3D Seb Spares Supply

3D Seb Spares Supply

Un petit mot sur le projet Seb, 3D Spares Supply, un projet peu public – l’utilisation de l’impression 3D pour fabriquer des pièces détachées d’appareil en fin de cycle et donc permettre de combattre l’obsolescence des dits-produits. Un concept à suivre donc.

S’en est suivi donc l’intervention de Jeremy Rifkin, qui a commenér par demander à l’audience ET aux photographes professionnels de l’organisation de ne pas prendre de photos. Surprenant. Jeremy a débuté son propos par une vision sombre de notre planète, en particulier sur les conséquences du changement climatique comme la disparition de la moitié des espèces de la planète avant 2100.

Jeremy nous décrit sa General Purpose Technology Platform extrait de son livre « La nouvelle société du coût marginal zéro« .

Jeremy Rifkin - General Purpose Technology Platform

Jeremy Rifkin – General Purpose Technology Platform

 

Les grandes révolutions industrielles ont été liées à l’avènement de nouvelles technologies dans les domaines de la communication, de l’énergie et du transport. Il nous raconte l’arrivée de la vapeur en Grande-Bretagne et la 1ère révolution industrielle, les machines à vapeur que l’on met sur des roues qui deviennent des trains, puis le téléphone. On passe à la deuxième révolution qui s’est terminé pour Jeremy Rifkin en 2008 avec le crash boursier. L’infrastructure énergétique de la planète ne progresse plus depuis 20 ans.

Nous allons passer d’un à trois internet, basés sur la communication, l’énergie, et le transport, sous le nom d’internet des objets. Il nous décrit le rôle des mobiles pour lier les humains à l’internet des objets et les humains entre eux. Après un petit couplet sur la vie privée, la sécurité et le darknet, il ajoute que les bons côtés de l’internet (des objets) sont beaucoup plus importants que ces inconvénients. L’économie du partage prend de l’importance, l’économie du capital restera. Jeremy Rifkin rappelle que Napster a été le début de l’économie du partage / désintermédiation ainsi que la prévision du PDG d’IBM expliquant que le monde n’avait l’utilité que de 7 ordinateurs #ciassicquote.

L’Allemagne est le bon élève, a compris depuis 10 ans le rôle de l’énergie solaire et des éoliennes. Les citoyens vont générer leur propre énergie. « Power to the people. » nous dit il d’où le titre et le montage photographique. Le pouvoir et l’énergie correspondant au même mot en anglais. « Le vent n’a jamais envoyé de facture à qui que ce soit. » Pour Jeremy Rifkin, les entreprises de l’énergie ont du souci à se faire, elles se préparent le même destin que celles de la musique, de la presse, de l’hôtellerie, … Ces sociétés vont passer de la production à la gestion de l’énergie produit par les citoyens #smartgrid Toujours sur l’énergie – L’Allemagne, la Chine, Bruxelles sont sur la bonne voie, les US (hors Californie) en retard.

Le jouet donné à un enfant comme première leçon sur la possession, le status, le pouvoir. Nos enfants ne posséderont plus de voitures, n’en désirent plus. L’usage plutôt que la possession. Il nous rappelle le rôle des vaches dans le réchauffement de la planète, 2ème cause de la production de méthane. Petit couplet sur les drones pour annoncer « l’arrêt » des compagnies de transport.

Il est important de changer notre infrastructure. C’est bien sûr des budgets colossaux mais l’argent existe. Ex : L’Europe a dépensé 741 milliards de $ sur les infrastructures en 2012. Jeremy Rifkin rappelle qu’il a proposé REV3, un plan d’infrastructure pour les « Hauts de France » (dans le texte, bravo  -NDLR). Les changements d’infrastructure de #dumb à #smart ne se fera par l’intelligence artificielle ou par des robots, beaucoup d’emplois pour deux générations.  » Je ne suis pas un futuriste ni un utopiste. La technologie ne fera pas tout, il nous faudra changer également. ».

La liberté de chacun va changer de sens, sera lié à notre indépendance énergétique à titre individuel. La notion de « pouvoir » sera également différente, moins verticale, plus réseaux (NDLR – je cherche toujours). L’espoir de Jeremy Rifkin est dans la conscience plus aigu des nouvelles générations de la fragilité de leur futur. Il rêve d’une vision numérique commune entre l’Europe (qu’il associe le plus souvent à Berlin) et la Chine. S’en suit un appel aux français (au moins ceux présents dans la salle) de rejoindre et participer à ce mouvement.

Une intervention très bien articulée, un show bien rodé, des messages forts qui devraient interpeller chacun d’entre nous.

A suivre.

@PierreMetivier

#ANFSCD – Avant la conférence, nous avons également eu le droit à une belle surprise, un ballet et quel ballet, LE ballet, un large extrait du Sacre de Printemps dansé par la troupe de José Montalbo. Une performance autant que ballet, intégrant plusieurs disciplines – hiphop, break dance, flamenco, danses africaines. Un bel hymne à la vie et à notre planète. Merci les danseurs et Ayming pour ce beau moment de poésie dans une conférence « business ».

Remise des prix Ayming

Remise des prix Ayming

Des papillons bleus, de la haute couture, un objet connecté, Intel et MacGyver !

Intel et la mode connectée

Des papillons bleus, de la haute couture, un objet connecté, Intel et MacGyver !

Voila un titre étrange que nous allons (essayer de) vous expliquer.

Les objets connectés, vous connaissez, nous en parlons régulièrement dans ce blog.

Intel aussi, bien sûr, qui conçoit et fabrique les processeurs de la plupart de nos ordinateurs, PC ou Mac, aussi bien que le Sequana, le tout dernier supercomputer d’Atos et Bull.

Intel est très présent dans le monde des objets connectés, à l’aide de plusieurs plateformes dont Edison ou Curie. Leur stand au Mobile World Congress de Barcelone était l’un des plus grands, peuplé de vélos, de montres, de casques ou de lunettes connectés.

Wima 2013

Ensuite, la haute couture, une industrie (ou un artisanat c’est selon) qui, comme beaucoup d’autres est déjà impactée par les objets connectés. Montres, bracelets, bijoux en tout genre, sont désormais en version connectée, capables par exemple de payer ou d’ouvrir des portes. Nous avons dans le passé présenté sur ce blog des chaussures haute-couture équipées de nombreux tags NFC, ou des faux ongles (toujours NFC) clignotant près d’une source RF appropriée.

Et donc, Intel, la haute couture et les objets connectés font sens. On passe aux papillons. Ils ne sont pas connectés directement mais sont des accessoires posées sur une robe connectée et « powered by Intel ». La particularité de ces papillons est qu’ils sont capables de s’envoler suivant des cas particuliers liés au choix du porteur de la robe, d’un simple mouvement de bras, à distance, ou automatiquement si une personne est trop proche par exemple. Le communiqué de presse explique :

« Pour faire « vivre » ces papillons, Intel a conçu des éléments électromécaniques fabriqués à la main spécialement pour cette robe et propulsés par le module informatique Intel® Edison, véritable ordinateur plus petit qu’une boîte d’allumettes. La robe Butterfly, alimentée par des batteries rechargeables Li-ion (d’une autonomie de 40 mn selon leur utilisation), est équipée de 8 servomoteurs ainsi que d’un capteur de proximité à ultrasons qui repère la distance des objets situés autour de la robe. Les papillons peuvent décoller en masse dans un mouvement unique et impressionnant, déclenché par une personne qui s’approche ou par un équipement communiquant avec la robe via un réseau sans-fil (wifi ou Bluetooth). Les papillons s’envolent lorsque le capteur de proximité, cousu sur la robe, détecte une présence à 30 cm. »

Conçue par deux stylistes d’Istanbul, la robe Butterfly d’EzraTuba est à la haute couture ce qu’est un concept car pour les fabricants de voiture, un laboratoire de nouvelles idées et de nouvelles technologies. Une robe qui permet d’imaginer des vêtements et d’autres objets en trois dimensions voire en quatre se modifiant avec l’espace et le temps. Côté technique, outre le module Intel Edison qui gère le déclenchement et l’envol des papillons, on trouve sur la robe des batteries Li-on, de la connectivité, des capteurs de mouvement et de distance, des servo-moteurs … pour un poids respectable de 8 kilos !

Intel et la mode connectée

Deux élastiques par papillon

« Et MacGyver dans tout cela » me rappelle un lecteur qui n’a pas oublié le titre de ce billet. Et bien, dans ce monde où la puissance des processeurs et leur miniaturisation atteint des records chaque jour dépassés (loi de Moore oblige), nos petits papillons s’envolent grâce à de …. bons vieux élastiques, comme ces petits avions en plastique dotées d’une hélice (reliée à un élastique) que l’on torsadait avec le doigt. Comme quoi, dans ce monde où réel et virtuel sont de plus en plus intégrés (voir article sur la réalité virtuelle), on a toujours besoin d’élastiques, de bouts de ficelles ou de bandes adhésives et quelque part, c’est plutôt rassurant.

Un projet parfaitement inutile et donc totalement indispensable.

A suivre … avec probablement dans une prochaine version des papillons sous forme de mini-drones avec un temps de vol un peu plus conséquent que ceux qui équipent la robe actuellement.

@PierreMétivier

Pour aller plus loin.

Intel et la mode connectée

Quelle alimentation en 2050 ? Une conférence de l’association Sorbonne Innovation et Technologie aux Mardis de l’Innovation

L'alimentation du futur aux Mardis de l'Inno

L’alimentation du futur aux Mardis de l’Inno

Après une très réussie première séance consacrée aux media, les étudiants de l’association Sorbonne Innovation et Technologie du Master 2 Professionnel Innovation et Management des Technologies de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (#respirez) ont enchainé un deuxième Mardi de l’Innovation, cette fois ci consacré au futur de l’alimentation.

Pendant des années, nous avons amoindri les ressources de notre planète avec de mauvaises habitudes : surconsommation, gaspillage, sur-utilisation des pesticides, maltraitance animale etc. Les producteurs ont dû utiliser des méthodes nuisibles pour la santé humaine et animale afin de produire rapidement, en grande quantité et à des prix toujours plus bas. Avec des conséquences sanitaires importantes, l’opinion publique envers l’alimentation devient de plus en plus critique. La tendance actuelle est donc de revenir au local et à la qualité. Les consommateurs réfléchissent à de nouvelles manières de se nourrir : de la micro-algue aux produits dérivés d’insectes en passant par les coopératives collaboratives ; un large éventail d’alternatives s’ouvre à nous. Quelles sont les solutions qui pourront nous permettre de nourrir durablement les 9 milliards de terriens attendus en 2050 ?

Le texte introductif du programme donne le ton, un ton combatif, dans l’air du temps, mettant uniquement en avant les carences (réelles) du système actuel. Pour aborder complètement le débat, il aurait fallu également rappeler même brièvement le rôle positif des filières industrielles et agricoles qui ont permis jusqu’à présent de « globalement » nourrir la planète malgré l’accroissement de sa population et réduire la faim dans le monde même si bien sûr il reste beaucoup à faire. #passons

Prononcée pendant la présentation de la séance par les organisateurs – Quentin Jamrozik, Camille Dorra & Anna Lach, citons cette phrase pleine de bon sens de Camille « Je ne connais pas beaucoup de végétaliennes / végétariennes dans mon entourage mais je viens du sud-ouest » 😉 #allisnotlost

Et pour proposer des solutions alternatives :

MardisInno Alimentation

Alexis Angot, CFO et Cofondateur de Ynsect

On commence avec Alexis Angot, fondateur et CFO de Ynsect  Alexis nous explique que la pisciculture (l’élevage de poissons) requiert beaucoup de nourriture, jusqu’à présent, des petits poissons péchés en Amérique du Sud et transformés en farine. Cet approvisionnement ne suffit plus et de plus il est couteux et peu écologique (transport de l’Amérique du Sud vers les fermes piscicoles d’Europe ou d’Asie) d’où l’idée d’une nourriture nouvelle à base d’insectes. Le choix après étude s’est porté sur un scarabée, dont les larves sont transformées en farine. Dans la nature, les poissons mangent des insectes, les volailles également. Les premiers expérimentations sont très positives sur l’appétence par les volailles et les poissons de cette nouvelle farine et les résultats en terme de qualité de la chair / viande produite sont encourageants.

MardisInno Alimentation

Lyndsi Baker, directrice de La Tablée des Chefs

On enchaine avec Lyndsi Baker, directrice de La Tablée des Chefs  La Tablée des Chefs est une organisation québécoise qui nourrit les personnes dans le besoin et mais qui développent également l’éducation culinaire des jeunes (pour leur donner le goûts des bas repas et leur éviter la dépendance à la malbouffe). On peut imaginer le modèle Restos du Coeur complété par des chefs de cuisine et une éducation offerte à la cuisine et au gout. La Tablée des chefs s’installe en France et au Mexique.

MardisInno Alimentation

Thomas Dagorn Dias, fondateur de Energaia France

Après la farine de scarabée pour animaux, nous passons aux micro-algues pour nous, les humains. C’est Thomas Dagorn Dias, fondateur de Energaia France  qui nous parle avec passion de la spiruline. La spiruline est déjà disponible dans les commerces spécialisés. Riche en fer, en de nombreuses vitamines (sauf la C), elle est recommandée entre autres pour les sportifs et combattre les fatigues passagères. Le plus d’EnerGaia : une fabrication en France, des micro-algres fraiches et non séchés et des recettes adaptées. Une information de ma voisine de gauche pendant la conférence me dit que la spiruline, c’est pas bon à manger (je paraphrase pour ne pas choquer le lecteur). Ceci étant dit, Thomas avait apporté une boisson à base de spiruline qu’il a distribué à tous les participants de ce colloque. Et sincèrement, c’était moins pire qu’annoncé. Des recherches sont en cours pour améliorer le gout des boissons et autres nourritures à base de spiruline. La société est en cours de création et les produits Energaia seront bientôt disponibles.

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Philippe Peiger, Créateur de fermes urbaines

On termine avec Philippe Peiger, un intervenant de bonne humeur après deux « mojito » à base de micro-algues, suivant ses dires. Philippe s’occupe de sa ferme dans les Yvelines près de la Normandie. C’est une ferme à la fois pédagogique et expérimentale. Il aime parler aux enfants (citadins) de la frite magique , ces derniers la recherchent dans la terre et découvre une pomme de terre. Philippe est à la base de nombreux projets liant la ferme, le sociétal comme la Recyclerie ou L’arche des petites bêtes, une méga-maison aux insectes à Thoiry toujours dans les Yvelines. Plus récemment, son projet de ferme du Rail a gagné le Concours Intl « Réinventer Paris ». La ferme du Rail est un projet multi-facette alliant agriculture dans la ville et citoyens en difficulté.  « Un coq qui chante près d’une bouche de métro, ça donne la banane aux parisiens« .

S’en est suivi un débat très animé autour de la nourriture type insectes pour les humains et puis une remarque directe d’un auditeur qui a clairement mis en cause le modèle ferme à la ville, pour lui sans avenir et uniquement politiquement correct. Philippe Peiger a rappelé avec calme que l’agriculture faisait partie des villes encore très récemment et que son retour n’est qu’un juste retour des choses.

Et donc, en 2050, serons-nous dans l’environnement terrifiant de Soleil Vert / Soylent green, un grand film de science-fiction de 1973 sur ce même sujet, l’alimentation en 2022 dans 6 ans comme quoi  … bande annonce ci-dessous, avec des rations à base d’algues, d’insectes voire pire ? #spoiler ou dans un monde de petites fermes bios, circuits courts, sans engrais ni pesticides, chacun avec ses poules Magalli et son potager sur sa terrasse ? Ce sera probablement un modèle hybride agriculture / élevage industriel et agriculture / élevage raisonné pour Philippe Peiger, des paroles pleines de bon sens pour une belle conclusion.

Et un grand bravo à Sarah Labaied qui a réalisé en temps réel pendant les débats, une fresque graphique très claire, beaucoup plus clair que ce compte rendu à coup de serpes twittesques. Si je vous l’avais présenté avant, vous ne m’auriez pas lu 🙂

Le résumé graphique de Sarah Labahied

Le résumé graphique de Sarah Labahied

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Petit verre de spiruline avec @Sorbonne_IT

Au programme des prochaines séances, dans un mois : Amour, Sexe et NTIC , le 17 mai, Aventure, 24 mai, Engagement, 31 mai et Education, 07 Juin.

A suivre …. en dégustant des pensées poivrées et en buvant de la spiruline.

@Pierre Metivier

 

Pour aller plus loin

Des images de la conférence sur Flickr

Et merci aux organisateurs et animateurs.
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