Archives mensuelles : octobre 2014

De l’importance du baby-foot connecté dans le développement de l’internet des objets

de l'importance du baby-foot connecté pour l'IOT

de l’importance du baby-foot connecté pour l’IOT

En parlant de l’internet des objets, Alexandra Sonsino-Deschamps, The Good Night Lamp @iotwatch dit que « la connexion d’objets existants est aussi importante voire plus que la création d’objets spécialement connectés« . Et je suis bien sûr totalement en phase avec cette proposition. Rappelez vous le parapluie connecté.

baby2hit (c) h:D Hackable Device

baby2hit (c) h:D Hackable Device

Et donc j’ai découvert un premier baby-foot connecté en Décembre 2010, dans une des premières conférences autour de l’internet des objets organisées en France par Rob Von Kranenburg, du Council @robvank et vous trouverez un compte rendu de ce bel événement sur le blog – 1ère partie, 2ème partie. Ce premier baby-foot était un projet de « hacker » ou plutôt de « bricodeur » expression utilisée dans la conférence, proposé par Hackable Device, et semblait un exercice de style. Le baby foot tweetait le résultat du match.

Les concepteurs de ce baby-foot ont eu de la suite dans les idées car c’est maintenant non seulement un produit commercial sous le nom de Foosball society proposé par la société Tecbak, mais d’un simple baby-foot connecté, il est devenu un exemple très clair de ce que pourrait et devrait être l’internet des objets – un espace où les personnes, les objets, les machines, les réseaux sociaux s’entremêlent pour procurer des sensations nouvelles, où le réel ou le virtuel ne font plus qu’un, sans distinction.

1:30 de vidéo pour comprendre le concept.

Rappelons en un paragraphe forcément trop succinct, l’évolution des jeux type baby-foot ou flipper,  l’électronique et le web. Les jeux ont d’abord été physiques bien sûr. Sur un baby-foot, on compte les buts avec une sorte de boulier (un vrai plaisir physique de rajouter un but, comme celui de poser une pierre au jeu de go) mais un des intérêts spécifiques du flipper sont / ont toujours été les stats, avoir une boule gratuite « Same player shoots again« , faire mieux que son copain, battre son record précédent. Avec l’arrivée des ordinateurs, ils se sont transformés en logiciels sur PC et consoles, avec l’enregistrement des scores bien sûr.

Petite anecdote – alors que je montrais à un ami un très beau (pour l’époque) flipper sur Commodore 64 au début des années 80 (Oops !), le copain n’avait pas hésité à taper violemment l’ordinateur de la paume de la main pour essayer de le faire tilter comme sur un vrai flipper mais il n’y avait pas de capteurs de mouvement à l’époque et donc un geste aussi inutile que dangereux pour « my precious » computer !

Les jeux sur PC et consoles se sont donc bien sûr développés, sont devenus pour certains massivement multi-joueur en ligne #MMOG. Et même si des milliers de gens jouent ensemble et échangent entre eux à travers des chats, ils ne rencontrent guère physiquement. Ils passent d’un monde à l’autre. On pourrait ajouter à ce panorama des jeux de sports type Fifa 20** où, de nouveau, une partie des sensations est là mais nous sommes loin du foot physique. Le lien entre le joueur et l’internet s’effectue toujours derrière des écrans, des claviers, des souris, des joysticks de plus en plus sophistiqués, certes, mais, quand même.

Et arrive notre baby-foot version mode « Brick and Mortar 2.0 ». Le joueur reste totalement dans le monde physique. La partie, les contacts sont physiques, les gamelles sont toujours là, les roulettes sont interdites (si si), sur le même baby foot Bonzini utilisé entre copains au café du coin ou dans une salle « relax » dans les entreprises cools. Sauf qu’une fois équipé et connecté,  les actions du match sont enregistrées et partagées sur une « timeline », buts, gamelle et le nom des joueurs grâce à une carte sans contact bien sûr. Et donc tournoi, résultat et classement en ligne et la création d’une ligue de foos-ball, un réseau social pour aficionados qui rend aisé la gestion de tournois dans une entreprise, un événement, une fête. Le même concept pourrait également se développer sur les circuits de kartings (si ce n’est pas déjà fait) ou relancer les flippers physiques, les rendre « mondiaux ».

On peut aller encore plus loin – avec les imprimantes 3D, on va pouvoir créer des joueurs avec une tête de son choix (y compris la sienne) et avec des capteurs, recréer en temps réel le match et le partager live sur le net, comme ces buts 3D que l’on voit sur les sites web sans le droit aux images. On pourra visionner les buts et les meilleurs actions sur écran.

Le babyfoot connecté, c’est le meilleur de ces deux mondes où le choix n’est plus de jouer dernière son écran ou sur un baby foot dans un bistrot.

Avec le Nabaztag, Rafi Haladjian avait cette boutade, je paraphrase « mon busines plan, connecter les lapins d’abord et tout le reste ensuite. » La connexion des baby-foot est l’étape importante suivante de ce plan car elle est celle des objets existants.

Il n’y a plus séparation entre un monde physique et un monde virtuel, un monde avec écran et un mode sans écran, mais un environnement où la distinction a disparu, un environnement intégrant naturellement les personnes, les objets, les machines, les réseaux sociaux.

Un modèle précurseur de celui qui nous attend.

A suivre

Pierre Métivier

Notes

« A la la quelle vie qu’cette vie. » La chanson à écouter de Jacques Higelin pour entendre l’expression « Shoot ! Gamelle ! »  on doit aussi pouvoir trouver du Renaud sur le même thème.

Le résultat et le compte-rendu d’un match !

foosball

Audrey M, c’est Audrey Marty, Vice-championne du monde 2014 de baby foot ! Respect !

Le baby-foot connecté en application à l’Aéroport de Paris

Apple SIM : la fin de la SIM est grandement exagérée

iPad air 2 (c) Apple

iPad air 2 (c) Apple

Après l’iPhone 6, nouvelle annonce Apple, cette fois autour des iPads, et parmi les quelques rares nouveautés, il y a le terme Apple SIM.

Il n’en faut pas plus pour que les médias off et online s’en emparent et annoncent à grands titres racoleurs la fin de la SIM, des fabricants de SIM comme Gemalto et des opérateurs telecoms.

Quelques exemples :

Il y a un an déja, les mêmes journalistes annoncés la mort du NFC, rendu inutile par l’arrivée des iBeacons.

On sait ce qu’il est advenu, Apple a depuis intégré la technologie NFC qui devient par ce fait indispensable comme nous le rappelle ces mêmes journalistes. Tout comme nous avions expliqué que les beacons n’était pas en opposition au NFC mais complémentaires, voyons les conséquences potentielles de cette Apple SIM.

Le sujet n’est pas nouveau, déjà en 2010, un article titré Is Apple About to Cut Out the Carriers? et bien sûr, il n’en a rien été.

Rappelons que la SIM des mobiles est le lien entre l’utilisateur, l’opérateur et le mobile lui-même. C’est une carte à puce contenant (entre autres) un certain nombre d’informations liées au compte, le(s) réseau(x) utilisé(s) et les données de l’utilisateur ainsi des applications dont celles nécessaires à l’authentification de l’utilisateur et le chiffrement de ses données. Elle est fournie par l’opérateur.

Que permettra l’Apple SIM ? En théorie, de choisir son opérateur (data pour l’instant), de passer de l’un à à un autre suivant ses besoins. Une promesse de devenir indépendant, d’avoir plus de choix pour le consommateur en « temps-réel » et pour Apple, moins dépendre des opérateurs.

En réalité, ce n’est bien sûr pas si simple

D’abord, ce n’est pas par hasard qu’Apple a annoncé son Apple SIM avec les nouveaux iPad (seulement un mois après l’iPhone 6), dans le sens où contrairement aux mobiles qui sont tous liés à une utilisation téléphone et donc un forfait télécom quelle qu’il soit, ce n’est pas les cas des tablettes qui pour beaucoup sont utilisés uniquement en wifi.

Lorsque l’on s’abonne à un opérateur comme Orange, SFR ou Bouygues, dans la plupart des cas, le mobile est « sponsorisé » par l’opérateur contre un engagement du consommateur pour 12 ou 24 mois. En parcourant, les différentes possibilité d’acquisition d’un iPhone 6 présenté par le site ariase, on comprend vite le mécanisme.
Globalement vous l’achetez plein tarif ou vous l’achetez à « crédit » chez un un opérateur.

iphone 6 avec forfait (c) Ariase

iphone 6 avec forfait (c) Ariase

 

iphone 6 sans engagement (c) Ariase

iphone 6 sans engagement (c) Ariase

 

iphone 6 "Nu" (c) Ariase

iphone 6 « Nu » (c) Ariase

Apple a autant besoin des opérateurs pour vendre ses iPhone que les opérateurs ne peuvent se passer d’une offre iPhone.

De nouveau, c’est différent au niveau des tablettes qui sont moins sponsorisées. Le nombre de tablettes iPad 4G est faible. Tout cela pour dire que l’impact de cette proposition réservée aux US et en Grande Bretagne, de ce choix de l’opérateur offert par Apple limité à des forfaits data sera minime coté opérateurs. De plus, Apple n’est pas fabricant de SIM et ne devrait pas le devenir et donc cette annonce ne devrait guère affecter le marché des fabricants de SIM. Enfin, sur les abonnements data, il sera intéressant de voir si réellement, cette possibilité sera utilisée si des chiffres sont publiés.

La seule nouveauté, à notre connaissance, est que cette SIM est unique pour plusieurs opérateurs data. Ceci dit, il y a déjà deux marchés sur lesquels des solutions équivalentes existent.

  • Le mobile double SIM, permettrant de passer d’un abonnement à l’autre suivant son utilisation existe déjà. Nokia, Samsung et Wiko en proposent. Ils sont utilisés principalement pour les consommateurs frontaliers et dans des pays en voie de développement. Et ces solutions se font toujours en relation avec les opérateurs.
  • Ce modèle de SIM unique par « device » a déjà été proposé par la GSMA, l’association des opérateurs mobiles sous le nom de embedded SIM avec un intérêt dans le domaine du M2M et de l’internet des objets, une SIM par objet qui peut être accessible et mise-à-jour à distance. L’opérateur peut être choisi sans changement de SIM. Pas de nouveautés donc de ce coté là.

Enfin, le marché de la carte à puce et des SIM est en constante progression comme ces chiffres d’Eurosmart le montrent. 7,7 milliards de SIM sous toutes ces formes (telecom, bancaires, identité, industrie / M2M) qui seront vendus en 2014, dont 5 milliards de cartes SIM vendus par Gemalto, Oberthur, Morpho et les autres. Un petit rappel – 250 millions de SIM NFC livrés en 2013 dont zéro par Apple. Et le développement de l’internet des objets et de sa composante M2M et du déploiement de l’EMV aux US va continer à développer ce besoin en cartes à puce.

Marché de la carte à puce (c) Eurosmart

Marché de la carte à puce (c) Eurosmart

Sans sous estimer l’importance d’Apple dans le monde de la mobilité, les chiffres sont là têtus et indiscutables. Pour le reste, ce sont des mots et des articles vites oubliées.

Heureusement tous les analystes ne sont pas aussi crédules comme le signale celui cité dans l’article de BFM TV.

« Il ne faut pas maximiser l’effet Apple (…) dès que le groupe à la pomme annonce quelque chose, tout le monde a l’impression que c’est une ‘révolution’ avant de réfléchir et de s’apercevoir que finalement ce n’est peut-être pas aussi évident que ce que l’on pouvait croire », tempère toutefois un dernier analyste. »

Indeed.

Rendez-vous au salon Cartes les 4, 5 et 6 Novembre pour en discuter.

Un dernier point, pour ce qui s’étonnerait de ne pas voir de NFC sur les derniers iPads contrairement à l’iPhone 6. Ce n’est pas surprenant. Un paiement de proximité s’effectue avec une carte sans contact ou un mobile NFC. Payer avec une tablette n’est pas la meilleure expérience, un peu comme prendre une photo avec une tablette (*), téléphoner une tablette à l’oreille et manger avec une fourche ou une louche.

A suivre.

Pierre Métivier

(*) Oui, je sais, cela se fait mais ce n’est pas l’expérience la plus ergonomique qui soit.

Pour aller plus loin

Lorsque les absents sont plus visibles que les présents : bref compte rendu du NFC World Congress 2014

NFC World Congress 2014

NFC World Congress 2014

Chaque année, le NFC World Congress est l’un des grands rendez-vous de l’écosystème sans contact mondial avec le Wima, le salon Cartes, le Intl RFID congress ou le Mobile World Congress de Barcelone bien sûr, pour ne citer que ceux là, des événements que nous relatons régulièrement dans ce blog.

Que retenir de cette édition qui s’est achevée il y a une quinzaine de jours ?

D’abord, la forte présence des absents, que ce soit Google ou Apple. Apple venait d’annoncer le support de la technologie NFC à travers ApplePay dans l’iPhone 6 et bien entendu, la plupart des intervenants ont souligné le message positif envoyé par cette annonce. En plus d’Apple, les premiers déploiements à base de HCE, ont fait leur apparition, au Canada ou en Espagne et de nombreuses sociétés proposaient des solutions ou des plateformes de déploiements à base de HCE. Les organisateurs ont bien sûr profité de l’actualité – « Are Apple & (Google) HCE ready to grasp m-payment ecosystems ? » Apple et Google présents dans deux des quatre premiers mots du titre de la première conférence de la première journée dans une conférence consacrée au NFC. C’est dire !

Tout cela a entrainé des échanges riches entre les différentes solutions spécifiques au paiement – Apple Pay, HCE, tokenisation et le modèle SIM-centric, le seul réellement déployé à ce jour, sujet abordé précédemment sur le blog.

Mobiles NFC (c) NFC Forum

Mobiles NFC (c) NFC Forum

Le NFC World Congress, c’est aussi l’occasion de découvrir les derniers chiffres en terme de déploiement et Koichi Tagawa, le président du NFC Forum a bien montré comment les appareils équipés de la technologie NFC sont de plus en plus nombreux. L’équipement et l’usage sont clairement en progression constante partout dans le monde.

Autre point saillant de cette édition – l’arrivée de technologies complémentaires, en particulier le BLE, le Bluetooth Low Energy et la biométrie. Les beacons / ibeacons sont maintenant compris comme complémentaires au NFC et non solution de remplacement en particulier dans le commerce. Une session d’une demi-journée leur a été consacrée.

Market segment status (c) NFC Forum

Market segment status (c) NFC Forum

Coté applications, le lecteur assidu ne sera pas surpris par la variété des sujets couverts pendant le congrés. Non seulement on y a parlé paiement et commerce (qui restent clairement le sujet chaud), mais aussi transport, commerce, tourisme, santé, voitures connectées et villes intelligentes, accès, identification, électronique grand public et bien d’autres sujets ; une complémentarité de sessions « usages », « marchés » et d’autres plus « techniques » qui font la richesse de l’événement sans oublier le savant mélange grands groupes industriels et PME/startups.

sociotal.eu - Rob Van Kranenburg

sociotal.eu – Rob Van Kranenburg

Une plénière a été consacrée aux liens en NFC, M2M et l’internet des objets, un sujet qui de nouveau ne surprendra pas le lecteur. A noter dans cette session, la très belle keynote de Rob van Kranenburg, du Council (dont l’auteur fait partie) et qui a présenté un internet des objets à la fois européen et citoyen, un internet des objets « socIOTal » :  sociotal.eu.

Un dernier mot sur les deux sessions que j’ai eu l’honneur d’animer. La première autour de l’accès et de l’identification, avec SFR (et son entreprise 2.0), HID Global, Morpho et Natural Security. Il n’est pas besoin de rappeler l’importance de ce marché clé. La deuxième s’appelait « innovation & innovators » et a permis de découvrir les travaux de smart-TEC, de AIT – Austrian Institute of technology, une approche qui va démocratiser les objets connectés – nous en avons déjà parlé et nous y reviendrons, NXP et sa plateforme de déploiement rapide d’applications et Deutsche Telekom qui nous a parlé du support du NFC dans le Firefox OS pour mobile.

Cette nouvelle édition a montré que les déploiements s’accélèrent partout dans le monde indépendamment de l’arrivée d’Apple, que cette arrivée est bien accueillie par l’industrie car elle replace le projecteur non seulement sur la technologie, mais surtout sur les services qu’elle permet de déployer. ApplePay et la relance de la solution Google à travers le HCE dynamisent encore plus un marché déjà très actif.

La suite, c’est toujours Marseille dès ce matin, avec l’International RFID Congress de Marseille, organisé par le Centre National RFID, les mardi 7 et mercredi 8 octobre, où nous échangerons autour de la RFID HF dites NFC bien sûr aussi de sa grande sœur la RFID UHF, dites …. RFID. Ne demandez pas pourquoi ou plutôt si, demandez, il suffit de cliquer  pour la réponse 😉

A suivre.

Pierre Métivier

Quelques photos en provenance du NFC World Congress