En parlant de l’internet des objets, Alexandra Sonsino-Deschamps, The Good Night Lamp @iotwatch dit que « la connexion d’objets existants est aussi importante voire plus que la création d’objets spécialement connectés« . Et je suis bien sûr totalement en phase avec cette proposition. Rappelez vous le parapluie connecté.
Et donc j’ai découvert un premier baby-foot connecté en Décembre 2010, dans une des premières conférences autour de l’internet des objets organisées en France par Rob Von Kranenburg, du Council @robvank et vous trouverez un compte rendu de ce bel événement sur le blog – 1ère partie, 2ème partie. Ce premier baby-foot était un projet de « hacker » ou plutôt de « bricodeur » expression utilisée dans la conférence, proposé par Hackable Device, et semblait un exercice de style. Le baby foot tweetait le résultat du match.
Les concepteurs de ce baby-foot ont eu de la suite dans les idées car c’est maintenant non seulement un produit commercial sous le nom de Foosball society proposé par la société Tecbak, mais d’un simple baby-foot connecté, il est devenu un exemple très clair de ce que pourrait et devrait être l’internet des objets – un espace où les personnes, les objets, les machines, les réseaux sociaux s’entremêlent pour procurer des sensations nouvelles, où le réel ou le virtuel ne font plus qu’un, sans distinction.
1:30 de vidéo pour comprendre le concept.
Rappelons en un paragraphe forcément trop succinct, l’évolution des jeux type baby-foot ou flipper, l’électronique et le web. Les jeux ont d’abord été physiques bien sûr. Sur un baby-foot, on compte les buts avec une sorte de boulier (un vrai plaisir physique de rajouter un but, comme celui de poser une pierre au jeu de go) mais un des intérêts spécifiques du flipper sont / ont toujours été les stats, avoir une boule gratuite « Same player shoots again« , faire mieux que son copain, battre son record précédent. Avec l’arrivée des ordinateurs, ils se sont transformés en logiciels sur PC et consoles, avec l’enregistrement des scores bien sûr.
Petite anecdote – alors que je montrais à un ami un très beau (pour l’époque) flipper sur Commodore 64 au début des années 80 (Oops !), le copain n’avait pas hésité à taper violemment l’ordinateur de la paume de la main pour essayer de le faire tilter comme sur un vrai flipper mais il n’y avait pas de capteurs de mouvement à l’époque et donc un geste aussi inutile que dangereux pour « my precious » computer !
Les jeux sur PC et consoles se sont donc bien sûr développés, sont devenus pour certains massivement multi-joueur en ligne #MMOG. Et même si des milliers de gens jouent ensemble et échangent entre eux à travers des chats, ils ne rencontrent guère physiquement. Ils passent d’un monde à l’autre. On pourrait ajouter à ce panorama des jeux de sports type Fifa 20** où, de nouveau, une partie des sensations est là mais nous sommes loin du foot physique. Le lien entre le joueur et l’internet s’effectue toujours derrière des écrans, des claviers, des souris, des joysticks de plus en plus sophistiqués, certes, mais, quand même.
Et arrive notre baby-foot version mode « Brick and Mortar 2.0 ». Le joueur reste totalement dans le monde physique. La partie, les contacts sont physiques, les gamelles sont toujours là, les roulettes sont interdites (si si), sur le même baby foot Bonzini utilisé entre copains au café du coin ou dans une salle « relax » dans les entreprises cools. Sauf qu’une fois équipé et connecté, les actions du match sont enregistrées et partagées sur une « timeline », buts, gamelle et le nom des joueurs grâce à une carte sans contact bien sûr. Et donc tournoi, résultat et classement en ligne et la création d’une ligue de foos-ball, un réseau social pour aficionados qui rend aisé la gestion de tournois dans une entreprise, un événement, une fête. Le même concept pourrait également se développer sur les circuits de kartings (si ce n’est pas déjà fait) ou relancer les flippers physiques, les rendre « mondiaux ».
On peut aller encore plus loin – avec les imprimantes 3D, on va pouvoir créer des joueurs avec une tête de son choix (y compris la sienne) et avec des capteurs, recréer en temps réel le match et le partager live sur le net, comme ces buts 3D que l’on voit sur les sites web sans le droit aux images. On pourra visionner les buts et les meilleurs actions sur écran.
Le babyfoot connecté, c’est le meilleur de ces deux mondes où le choix n’est plus de jouer dernière son écran ou sur un baby foot dans un bistrot.
Avec le Nabaztag, Rafi Haladjian avait cette boutade, je paraphrase « mon busines plan, connecter les lapins d’abord et tout le reste ensuite. » La connexion des baby-foot est l’étape importante suivante de ce plan car elle est celle des objets existants.
Il n’y a plus séparation entre un monde physique et un monde virtuel, un monde avec écran et un mode sans écran, mais un environnement où la distinction a disparu, un environnement intégrant naturellement les personnes, les objets, les machines, les réseaux sociaux.
Un modèle précurseur de celui qui nous attend.
A suivre
Pierre Métivier
Notes
« A la la quelle vie qu’cette vie. » La chanson à écouter de Jacques Higelin pour entendre l’expression « Shoot ! Gamelle ! » on doit aussi pouvoir trouver du Renaud sur le même thème.
Le résultat et le compte-rendu d’un match !
Audrey M, c’est Audrey Marty, Vice-championne du monde 2014 de baby foot ! Respect !
Le baby-foot connecté en application à l’Aéroport de Paris