Ce texte est une interview au sujet de mon livre sur le NFC que vous auriez du lire sur un media online renommé mais qui, finalement, n’a pas été publiée par le choix de l’éditeur qui l’avait pourtant demandée. Avant de vous narrer ce qui s’est passé, voici l’objet du délit.
« Le mobile NFC, la télécommande de notre quotidien », un livre consacré aux services sans contact aux éditions AFNOR.
Le livre « le mobile NFC » en librairie
« Les éditions AFNOR viennent de publier un livre intitulé « Le mobile NFC, la télécommande de notre quotidien« . Le NFC est la technologie derrière le paiement par carte sans contact. Est ce que cela mérite tout un livre ? Nous avons donc posé un certain nombre de questions à Pierre Métivier, son auteur, portant tout aussi bien sur le livre que sur la technologie elle-même.
Pourquoi un livre sur le mobile NFC ?
Les cartes sans contact sont partout dans notre quotidien, les commerces, dans les transports, les villes, au bureau, dans l’industrie sans que nous le sachions toujours. Avec le NFC, il se transpose aussi sur le mobile et prend une autre dimension puisque nous avons tous des mobiles dans nos mains. A titre personnel, j’observe les usages de cette technologie depuis plus de 5 ans. Il y avait deux livres techniques très intéressants mais aucun sur les usages, les conséquences non seulement pour les entreprises mais aussi sur chacun d’entre nous. Avec mon éditeur, il nous a apparu important de se poser, de prendre du recul, ce que permet un livre par rapport à l’instantanéité des informations en provenance des réseaux sociaux ou des media.
Le livre parle bien sûr de paiement sans contact et de cartes de transport mais va plus au fond du sujet. On y trouve aussi tout ce qui se fait déjà partout dans le monde, quelque soit le « facteur de forme » (l’objet utilisant la technologie) cartes et mobiles bien sûr, mais aussi jeux, bracelets, appareils électro-ménagers ou appareil photos et bien d’autres objets. Il aborde les sujets du développement et les impacts sociétaux. Le dernier chapitre aborde le NFC comme technologie-clé de l’internet des objets. Dans mes interventions, je parle souvent de mon parapluie connecté grâce au NFC.
Le livre montre donc la diversité des objets connectés grâce au NFC et le foisonnement des domaines d’applications (résumé dans ce graphe extrait du livre ci-dessous) J’espère qu’il donnera envie à des sociétés petites et grandes de se lancer, de développer des services nouveaux à valeur ajoutée pour créer de nouveaux marchés, pour atteindre de nouveaux clients en offrant des services plus simples et plus rapides.
Les principaux domaines d’application du NFC (c) Pierre Metivier
C’est quoi une télécommande de notre quotidien ?
Nous avons commencé à utiliser le mobile pour appeler nos proches, nos collègues, nos clients, et puis nous l’avons utilisé pour lire, écrire, jouer, en tapotant sur un clavier, un écran, nous l’avons tourné vers l’extérieur pour photographier, vers nous-même pour des selfies, pour partager des émotions visuelles. Tout ça reste très « numérique » pour ne pas dire virtuel. Je peux ouvrir une porte dans un jeu sur mon mobile, mais pas dans la vraie vie. J’ai des applications qui regardent mon environnement, qui l’enregistrent, mais qui n’interagissent pas directement avec lui. Avec la technologie NFC, nous allons pouvoir utiliser notre mobile pour interagir avec cet environnement physique, avec les objets de notre quotidien. Je vais pouvoir physiquement ouvrir une porte, accéder au métro, payer dans un magasin, écouter le tamtam derrière une vitrine dans un musée, savoir si le produit devant moi contient du gluten, simplement en approchant de ma main le mobile d’une étiquette, d’un portillon du métro et d’autres objets physiques. Tout comme je peux changer de chaine de télé avec ma télécommande, le mobile NFC me permet d’agir sur mon environnement physique, échanger avec les objets qui le composent.
Quelles sont les caractéristiques qui différencient le NFC par rapport à d’autres technologies comme le Bluetooth ou le Wifi ?
Ce n’est pas facile à résumer en quelques lignes mais je voudrais mettre en avant sa frugalité, son faible coût, son coté écologique, le respect de la vie privée et son universalité.
Une étiquette NFC tout comme une carte de transport ou de paiement ne contient pas de piles ou de batterie. C’est la seule technologie radio-fréquence où un seul des deux objets a besoin d’énergie pour qu’il y ait échange électronique. Cela permet de développer des services sans contact et des objets connectés sans batterie et sans maintenance. C’est aussi une technologie qui, par design, respecte la vie privée de l’individu. De part la courte distance, il faut qu’il y ait choix de l’utilisateur, action, pour qu’un échange se fasse. Certaines technologies permettent d’enregistrer l’entrée de clients dans un magasin sans que ceux-ci soit au courant. Dans le cas du NFC, c’est toujours le consommateur qui choisit par un geste volontaire. Enfin son universalité car c’est une technologie normalisée, présente désormais sur tous les smartphones depuis son intégration dans l’iPhone 6 (et l’Apple Watch).
Dans tous les cas, ces technologies sont complémentaires. Bluetooth et NFC fonctionnent très bien ensemble par exemple dans des enceintes musicales, le NFC pour appairer le mobile et l’enceinte et le bluetooth pour transférer les données.
Sans rapport, il y a un QRcode sur le livre mais pas d’étiquettes NFC, pourquoi ?
(sourire) C’est une bonne question. On aurait pu bien sûr intégrer une ou plusieurs étiquettes NFC et il existe des livres et des magazines l’ayant fait dans le passé. Ceci dit, pour une simple lien vers le site de l’éditeur qui ne sera peut-être utilisé qu’une seule fois, un QRCode est très bien. Par contre, aussitôt que le geste est répété, multiple, qu’il concerne de nombreux utilisateurs, alors oui, le NFC est la bonne solution.
Un regret par rapport au livre ?
Qu’on ne puisse pas acheter le livre en paiement sans contact (sourire). Son coût de 28 €, choisi par l’éditeur, est lié au nombre de pages. En théorie, on pourrait dans les magasins qui acceptent le paiement mobile sans contact au dessus de 20 € avec utilisation du code. Mais en réalité, le paiement sans contact est principalement utilisé pour des montants de moins de 20 €. J’aurais du faire un livre moins long mais le sujet était trop riche.
Qu’est ce qui va permettre le succès de ces services ?
Le paiement par carte sans contact se développe partout dans le monde y compris en France mais nous ne sommes que 6ème en Europe en terme d’usage loin derrière la Grande-Bretagne par exemple. Une visite dans le métro de Londres est une expérience enrichissante à ce sujet. Les usages vont continuer à se développer au fur et à mesure de la mise-à-niveau des infrastructures sans contact dans les commerces, le transport, notre environnement, dans la ville et dans nos mobiles eux-mêmes. Avec cette infrastructure et la découverte par les consommateurs et les citoyens des gains de temps et la simplicité apportés par les services sans contact, nul doute que l’usage sera de plus en plus présent dans notre quotidien. »
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Pour les habitués de ce blog et pour les lecteurs du livre, rien de très surprenant dans mon propos, rien qui ne me semble sujet à polémiques ou à controverses. Et pourtant, une fois l’interview éditée, un échange de mails avec l’éditeur s’en est suivi qui a commencé par « Je ne partage pas totalement votre enthousiasme sur le sans contact, ET (donc) nous ne pourrons pas le publier en l’état. »
Les objections portent sur l’usage réel du paiement sans contact, la sécurité, le fait qu’un des objets n’ait pas de batterie et le respect de la vie privée. J’ai donc envoyé en complément d’information les derniers chiffres du Groupement CB, le rapport de l’Observatoire de la fraude de la Banque de France, l’article du Magazine MISC de Janvier 2015 sur la conclusion de la police scientifique sur la sécurité des cartes sans contact, des données publiées, signées, vérifiables et royalement ignorées par cet éditeur.
« Ensuite, je vous ai indiqué que nous ne pouvons pas publier le texte en l’état car il ouvre la porte à un ensemble de réactions qui seront similaires aux miennes, et que nous devons en tenir compte.«
Pour ce journaliste, les faits et les chiffres n’ont pas d’importance. Il a une « opinion » sur le sujet, et ne peut publier des textes qui seraient contraire à cette opinion, voire une ligne éditoriale, anti-NFC, qui serait également dommageable pour ses lecteurs. Et même lorsqu’on a des convictions, on peut écouter d’autres d’opinions. Un quotidien de gauche publie des interviews de politiciens de droite et inversement, pour apporter aux lecteurs les différentes facettes d’un sujet. Cela s’appelle l’information et le débta d’idées. Dans notre cas, le média a donc refuser de publier cet interview qu’il avait demandé au sujet du livre sous prétexte qu’il présente le sujet différemment de sa propre conviction. Un journal IT d’opinion donc. « Does not compute. » Enfin, comme je l’ai suggéré, il aurait pu compléter cet interview par un article contrepoint, mettant en avant sa perception des faiblesses du sans contact. Mais non, simple retrait de l’interview. Étonnant, non ?
Avec le recul, cet interview n’avait probablement pas sa place dans ce média. Et vous chers lecteurs, qu’en pensez-vous ?
Bonnes vacances à tous.
Pierre Métivier
Pour aller plus loin
- Lire le livre bien sûr et merci à tous pour vos messages suite à vos lectures.
Le mobile NFC, télécommande de notre quotidien