Archives mensuelles : octobre 2013

Déploiement des services mobiles sans contact NFC 1ère partie – les raisons de douter

Déploiement du NFC

Déploiement du NFC

Régulièrement, des chiffres mirobolants à deux, cinq voire dix ans concernant le NFC, le m-commerce ou le paiement sans contact par mobile sont cités, promettant un avenir radieux à la technologie. Pour de nombreux observateurs en particulier chez les industriels de l’écosystème, les déploiements des services mobiles sans contact sont en marche. Les smartphones sont partout et les services cartes avec ou sans contact également. Il suffit donc de dématérialiser la carte sur le mobile et hop, nous avons notre télé-commande universelle.

D’autres chiffres et articles, souvent publiés par des sociétés proposant des solutions concurrentes au NFC, annoncent un avenir plus sombre à cette technologie. Et même si les services cartes sont de plus en plus présents dans notre quotidien (en particulier pour l’accès, le paiement ou pour le transport), certains doutent de l’utilisation du mobile pour tous ces services.

Cet article va lister à la fois les raisons d’y croire et celles qui assombrissent l’avenir de ces déploiements. Il sera publié en deux parties et nous commencerons par les raisons d’être sceptique sur le déploiement de ces services (avec bien sûr quelques commentaires par rapport à ces arguments sous forme de notes en italique). Certains de ces sujets ont déjà été abordés en détail dans ce blog et vous pourrez retrouver les liens correspondants.

1 – Non-support de la technologie par Apple et par Free.

De tous les industriels majeurs proposant des mobiles, Apple est le seul à ne pas proposer de modèles NFC. A chaque lancement de nouveaux produits iOS, les rumeurs vont bon train mais, malgré de nombreux brevets déposés dans le domaine, malgré Passbook, le wallet électronique d’Apple clairement conçu pour fonctionner avec des mobiles sans contact, les utilisateurs d’iPhone sont actuellement les seuls utilisateurs de smart phones récents à être privé de la fonctionnalité NFC. Et ce ne sont pas les ibeacons qui vont remplacer la fonctionnalité, ceux-ci étant principalement destinés à des applications de type geo-marketing, geo-fencing ou geo-localisation.

De même, pour la France, l’opérateur Free est le seul opérateur telecom majeur à ne pas proposer de SIM compatibles NFC pour l’instant et donc ne permet à ses abonnés de bénéficier des applications sur mobile de type transport ou paiement.

Note – L’absence d’Apple a longtemps été perçu comme un réel frein au développement du NFC. Mais l’augmentation des parts de marché des mobiles Android et en particulier Samsung, et la baisse concomitante des parts de marché d’Apple sur le marché du smart phone, diminuent fortement l’influence d’Apple sur le marché . Autrement dit, ce déploiement se fait et se fera indépendamment d’Apple. Les utilisateur d’iPhone ne pourront simplement pas bénéficier des services mobiles sans contact. Ceci dit rien n’indique que la décision d’Apple est irrévocable.

De même, les principaux opérateurs telecom français (Orange, SFR, Bouygues Telecom, NRJ Mobile) supportent le NFC à travers la marque NFC Cityzi. Dans le cas de Free, les utilisateurs équipé de mobiles NFC peuvent accéder à tous les services NFC sauf donc les services Cityzi principalement transport et paiement. Il peuvent donc uniquement pour l’instant utiliser des services d’informations basées sur de la lecture d’étiquettes – applications ville, tourisme ou des application peer-to-peer.

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2 – Complexité de l’écosystème entrainant une interopérabilité imparfaite.

Le terme écosystème s’applique clairement aux services mobiles sans contact. Des dizaines d’acteurs, à la fois partenaires et concurrents, sont obligés de se mettre d’accord pour que tous les éléments de l’ensemble fonctionnent. Les fabricants de circuits électroniques, de puces, de SIM, de mobiles, les opérateurs télécoms, opérateurs de transports, les banques et autres opérateurs financiers, les TSM, les fournisseurs de solutions et de services,…. De nombreux services sont opérationnels partout dans le monde mais l’interopérabilité est loin d’être parfaite avec des conséquences sur l’universalité des usages.

Note – Aucun acteur n’a réellement la puissance pour imposer ses propres règles dans cet écosystème complexe et morcelé. C’est l’intérêt de tous de respecter les règles communes édictées par les différences instances comme NFC Forum, la GSMA ou Global Platform menant donc à cette interopérabilité, sous peine de perdre tous les investissements déjà consentis.

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3 – Modèles financiers fragiles.

Il n’y a pas de feuille de calcul magique permettant de connaître précisément en deux clics la rentabilité d’un nouveau service. Pour chaque service, qu’il soit dédié à la banque, au commerce, à la ville, ou à la maison, les paramètres sont nombreux et de nouveaux montages et modèles financiers doivent être inventés. Il est clair que faute de trouver des modèles financiers adaptés, certains services sans contact pourraient ne pas voir le jour.

Note – La crise financière actuelle n’encourage pas les investissements en ce domaine alors qu’au contraire, ce sont de nouveaux leviers de croissance. Les gouvernements français successifs l’ont bien compris en aidant au financement d’un certain nombre de services gérés par les collectivités territoriales et à destination des citoyens. Les banques, les opérateurs telecom et de nombreux acteurs continuent également leurs investissements même si les usages, en progression constante, sont encore réduits.

4 – Vol possible des données.

Que se passe-t-il lorsque mon portable est volé ? Peut-on voler les informations à distance ? Puis je payer avec mon mobile sans le savoir en approchant d’un terminal de paiement ? Ce sont des questions que peuvent se poser les consommateurs. La presse relaie régulièrement le déploiement de nouveaux services mais aussi des articles amenant à la controverse sur la sécurité des services cartes et mobiles sans contact.

Note – La sécurité des données personnelles et bancaires est un des sujets les plus important de l’écosystème sans contact et il est la raison de sa complexité technologique. Sans être parfait, aucun système ne l’est, la sécurité des transactions, des paiements, des échanges est l’une des plus avancées, bien plus que sur les achats par Internet, les taux de fraude le prouvent aisément, et suffisamment pour que les banques remboursent tout achat délictueux effectué par carte ou mobile sans contact. Les travaux des banques, des opérateurs, ceux des hackers qui enrichissent également par leur découvertes la sécurité de l’ensemble, et le respect des différentes règlementations en vigueur assurent une réelle sécurité. Ceci dit, le succès de ces services passera par la confiance des consommateurs, des usagers et des citoyens : la même confiance qu’ils portent à leur voiture, leur mobile ou leur carte de crédit.

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Déploiement du NFC

Déploiement du NFC

5 – Respect de la vie privée non assuré

Un grand nombre de services sans contact sont basés sur un échange de données personnelles et génèrent un grand nombre de données qui pourraient être utilisées à des fins non souhaitées par l’utilisateur.

Note – Tout service utilisant des données personnelles doit être conforme aux réglementations sur la vie privée en vigueur, et c’est un sujet sur lequel les associations de consommateur et la CNIL veille. Les services mobiles sans contact ont un avantage important dans ce domaine dans le sens où ils sont basés sur la notion de check-in, une action volontaire de l’utilisateur qui approche son mobile d’un TPE, d’un valideur de transport ou d’une étiquette d’information pour valider son action. En aucun cas, il n’est suivi en permanence, contrairement à d’autres propositions technologiques concurrentes en particulier dans le commerce.

A lireLe mobile et les services NFC pour garder le contrôle de ses données personnelles

6 – Choix de fournisseurs de services majeurs de ne pas utiliser les services mobiles sans contact.

Un grand nombre d’acteurs se sont lancés dans les applications mobiles sans contact. Ceci dit, des services phares, utilisant les cartes sans contact, n’ont toujours pas annoncé clairement leur support et le déploiement sur mobile. A Paris, les deux exemples les plus visibles sont la Carte Navigo gérée par le STIF et la carte Vélib. L’absence de disponibilité de ces services est parfois considéré comme un symbole de la non-universalité du mobile sans contact.

Note – Des villes comme Nice, Caen ou Strasbourg ont déployé à grande échelle leur services NFC sur mobile en particulier dans le transport mais ce n’est pas encore le cas de Paris pour de multiples raisons. Même si la technologie est potentiellement universelle et pourrait être utilisée pour de nombreux services, elle ne remplacera pas toutes les applications cartes à court-terme. Les deux systèmes continueront à coexister que ce soit dans le monde du commerce ou du transport.

7 – Coût trop élevé du roaming pour une utilisation dans le tourisme.

Le roaming est la fonction permettant d’utiliser son mobile partout dans le monde, de pouvoir appeler de l’étranger vers la France en utilisant des réseaux en activité dans les autres pays. Pour ceux qui en ont fait l’expérience, ce roaming a un coût que ce soit pour la voix que pour les données. Un certain nombre d’applications mobile sans contact nécessitent l’accès à l’internet soit par wifi quand celui-ci est disponible et paramètré, soit par réseau 2G/3G/4G, option souvent fermée par les utilisateurs pour justement éviter les coûts. Dans un musée français sans Wifi, un touriste américain utilisant son mobile NFC comme audioguide, verra sa facture mobile augmentée, ou, si la fonction est désactivée, ne pourra pas utiliser le service.

Note – Cette objection réelle va disparaitre au fur et à mesure des baisses des coûts de roaming proposés par la Commission Européenne ainsi que par les déploiements de plus en plus nombreux dui wifi dans les lieux touristiques. Il y a également des solutions consistant à placer une grande partie des données nécessaires dans l’application mobile ce qui réduit les données accédées par connectivité extérieure.

A lireTourisme et NFC – La Joconde bientôt transformée en borne d’accès WiFi ?

Déploiement du NFC

Déploiement du NFC

8 – Non-décollage des usages.

« Si les usages ne décollent pas assez rapidement, il y a un risque de voir Samsung, BlackBerry et autre Nokia arrêter d’intégration de la fonction NFC dans leurs terminaux« . On peut lire cette phrase dans un communiqué de presse annonçant les résultats d’un industriel français dans le domaine de la sécurité et du NFC. Et il est vrai que si les usages ne sont pas au rendez-vous, il y a un risque potentiel de désengagement de certains industriels.

Note – Aucun lancement national n’a été effectué que ce soit au niveau du paiement par carte sans contact (hors une campagne Visa) qu’au niveau des autres services mobiles sans contact. Ce lancement interviendra lorsque les infrastructures en terme de TPE, de mobiles NFC et de services seront suffisamment importantes. Sans communication et sans un minimum de pédagogie, d’explications au niveau des consommateurs, des agences bancaires, des commerces, l’usage ne pourra pas se développer.

A lireVitrophanie et formation : deux chainons manquant au développement de l’usage des services de proximité sans contact

9 – Disparition de la marque dans le mobile.

Avec le transfert de la carte vers le mobile, la notion de marque ou (branding en anglais) est impactée, autant pour les marques commerciales que pour les services des collectivités territoriales. Ces marques, bien visibles sur les cartes sans contact, disparaissent en partie dans le mobile. Plus de carte Fnac ou Carrefour, cette carte n’est plus que zéros et uns dans le mobile, on ne la voit plus. Les services sont toujours là, ils sont même étendus en se liant à d’autres services dans le mobile, mais le logo et ce petit carré de plastique disparait. Il ne reste plus que la marque du mobile et l’opérateur sur le mobile lui-même. Cette dématérialisation du support peut donc peur à de nombreuses sociétés.

Note – La dématérialisation des cartes est en marche, comme auparavant la musique, les films, les logiciels ou les livres, avec ses avantages et ses inconvénients. Cela ne veut pas dire le remplacement ou la disparition des cartes. Rappelons que les escaliers mécaniques n’ont pas remplacés les escaliers standards. Les avantages (nouveaux services liées au support mobile, disponibilité de beaucoup plus de cartes et expériences étendues) dépasseront les inconvénients (perte partielle d’identité visuelle et physique) pour les consommateurs et les sociétés. Les deux systèmes coexisteront encore longtemps. Pour l’entreprise ou la collectivité, il existe deux approches du sujet – l’ignorer ou en être un acteur innovant. Dans tous les cas, chaque société et chaque collectivité territoriale devra se poser la question et y répondre.

A lire – Pourquoi les marques freinent le développement du NFC en France.

10 – Signalétique dispersée.

Les services de proximité sans contact n’ont pas encore un logo universel indiquant la présence d’un service NFC. Chaque acteur de l’écosystème a son idée, banques et carte de crédit, opérateurs télécom, le Forum NFC, les éditeurs de solutions aussi. Et puis il y a les services eux-même à indiquer ; le tag Facebook cotoiera le tag FourSquare. Et si vous rajoutez un étiquette code 2D pour ne pas léser les possesseurs de téléphone non NFC, cela donne un sympathique méli-mélo de logo. D’un autre coté, le consommateur, citoyen ou usager ne voyant pas un signe indiquant un possible service sans contact ne peut l’utiliser.

Note – Deux pistes.

  1. Une image vaut mille mots mais la proposition inverse – un mot vaut parfois mille images – peut aussi s’appliquer. Le mot le plus universel dans toutes les langues est le mot TAXI. Le terme NFC (ou le mot TAP) pourrait être le candidat d’une même universalité (dans son domaine comme Wifi ou USB) afin de faire connaître la présence d’un service sans contact.
  2. Faire confiance aux utilisateurs qui trouveront d’eux même les services même si les logos ne sont pas universels.

A lire Le casse-tête de la signalisation des services sans contact NFC

Fin donc de cette première partie. Les obstacles sont réels mais non insurmontables et nous verrons dans la deuxième partie de l’article les nombreuses raisons qui nous font penser que les avantages apportés par les services mobiles sans contact aux usagers, consommateurs et citoyens, aux fournisseurs de services et aux industriels qui les déploient, dépasseront largement ces quelques freins.

A suivre … la semaine prochaine.

Pierre Métivier

La recette du jour – le cooking hack ou l’objet connecté à toutes les sauces

Connected comb

Connected comb

Une rubrique nouvelle dans ce blog, la recette de cuisine, sujet trop longtemps négligé comme vous être nombreux à nous le signaler et voici donc la première, sous le nom évocateur de « cooking hack » bien sûr. La recette est destinée à toute personne souhaitant se lancer dans le développement d’objets connectés et elle est à la portée de tous.

  • Prendre un objet, n’importe lequel, c’est l’ingrédient le moins important de la recette même si nous verrons par la suite que c’est une de ses difficultés.
  • Lui trouver un nom cOOl tout en évitant les deux OO justement, trop « has been », « déjà voo » et pas assez « wow ».
  • Ajouter quelques uns de ces mots : connecté, smart, e-textile ou smart textile, wearable, capteurs ou sensors, quantified self, open-source, collaboratif, Raspberry Pi, Arduino, Wifi, Bluetooth, une pincée d’API et si vous en avez mais c’est plus difficile à placer, un zeste de MOOC  et de 3D printing. Les deux premiers – smart et connecté sont indispensables.
  • Bien mélanger tous les ingrédients.
  • Prendre une photo du proto avec une photo de smartphone affichant une courbe quelconque.
  • Ne pas perdre de temps sur un modèle financier, inutile pour la recette.
  • Mettre à mijoter plusieurs semaines sur un site de crowdfunding.
  • Pendant ce temps, créer les comptes Twitter et surtout Facebook.
  • Ajouter le terme « révolutionnaire » et 3.0 voire 4.0
  • Server sur les réseaux sociaux et dans les e-salons parisiens et siliconvallesques, à toutes les sauces bien sûr.

Et votre projet deviendra un produit star de type « warholien » (1) jusqu’au produit branché (c’est à dire connecté) suivant.

Appliquons la recette sur un quelconque objet.

Des brosses à dent, oops, déjà fait. Une fourchette, aussi, des pèses-personnes, une bouteille, des lunettes, des bracelets, une ampoule, une lampe, des colliers pour chiens et chats, des chaussures, un ballon de foot, une raquette de tennis, des montres, des chaussettes, des couches-culottes, des t-shirt, des ours en peluche, une boite de pilule, des sous-vêtements « vibrants » et des sex toys, un parapluie, un pot de fleur, itou. Pas si facile que cela de trouver un nouvel objet à connecter pour notre recette.

Un peigne ? Pas encore je crois (2), dépêchons-nous avant que l’idée ne soit reprise.

Big data et connected comb

Big data et connected comb

Un peigne donc, que nous allons connecter et rendre intelligent grâce à notre recette. Nom du projet, « Connected comb« , nom de code « Hairy Potter« . Grâce à des capteurs intégrés aux dents du peigne, il compte vos cheveux quand vous les peignez, analyse le taux de pellicule, twitte le résultat à vos amis, vous dessine de jolies courbes sur l’évolution du nombre de vos cheveux et leur grassitude,  vous recommande le shampoing adapté (possibilité d’accords commerciaux avec les fabricants de cosmétique), vous rappelle quand les laver (très utile pour certains), les couper (accord possible avec les capilliculteurs), vous indique quand la douche risque d’être bouchée suite à la chute inévitable de nos cheveux (grâce à un capteur en option). La revente des données se fera mais c’est secret, il suffira de changer discrètement les conditions d’utilisation (d’autres l’ont fait récemment) ce qui permettra aux fabricants de produits cosmétiques de cibler au plus près leurs productions. Une difficulté pour le design – où placer le circuit Arduino Uno utilisé (voir la photo), les capteurs, la batterie et la prise USB sur un objet aussi petit mais nous faisons confiance à nos ingénieurs.

Il existe un marché considérable pour notre peigne connecté d’autant plus qu’un peigne même smart ne se prête pas et donc chacun doit acheter le sien. Les versions moustache et brosse ainsi que les versions pour animaux domestiques et des kits famille suivront bientôt. Le risque, le seul que nous ayons recensé, est que les Google Glasses soient équipées de capteurs intégrés aux branches, comptant également les cheveux sur les cotés et extrapolant les mêmes données par algorithme.

***

Ce petit billet d’humeur sans prétention a pour but de rappeler que dans le monde de l’internet des objets et des objets qui s’y connectent, un univers où les idées foisonnent et les projets se multiplient, il y aura beaucoup d’appelés et peu d’élus. Ce monde ressemble à celui de la bulle Internet des années 2000 où il était « facile » de financer de nombreux services, disparus depuis pour la plupart. Nombre de ces objets, sans réel valeur d’usage pour les utilisateurs, auront du mal à dépasser le stade de gadgets sympathiques, un fois l’effet de surprise passé et et le premier changement de batterie comme l’a souligné Rafi Haladjian dans une conférence récente, « la batterie c’est la mort des objets connectés« .  Et d’ailleurs, les premiers échecs apparaissent comme ce projet d’ours en peluche dont la campagne de financement participatif a été annulée. Rappelons également qu’il n’est pas nécessaire d’intégrer de l’électronique, de la connectivité, du code, de l’énergie dans chaque objet. Pour certains d’entre eux, un simple tag NFC peut suffire à le connecter via un smartphone à notre internet des objets en pleine expansion.

Il n’y a aucun doute que de nombreux objets (plus ou moins) connectés verront le jour dans les prochaines années et feront partie de notre environnement et ce blog le rappelle régulièrement mais sachons raison gardée. Comme toujours et heureusement, ce seront les consommateurs qui feront le succès (ou pas) de tous ces objets connectés.

A suivre.

Pierre Métivier

Pour aller plus loin

Note personnelle – l’auteur de ce blog participe au financement participatif de deux projets connectés – le NFC Ring de John McLear et le Be-Wall de Fundatrix et utilise depuis trois ans une balance connectée Withings (qui fait de jolies courbes surtout quand elles descendent), un GPS de vélo également connecté (y compris cardio pour afficher les battements de son cœur sur Internet) de Garmin sans oublier son célèbre parapluie connecté 🙂

  1. En 1969, Andy Warhol a déclaré : « Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale. »
  2. Le « smart comb » existe mais il n’est pas connecté. Et il important de préciser que notre projet n’a aucune relation avec la notion mathématique de « comb space » même si coté marketing pour geek, nous y travaillons. Sheldon expliquant la théorie mathématique dans un épisode de « Big Bang Theory » tout en se peignant avec notre « connected comb », ça aurait de la gueule, non ? :-).
  3. MAJ 31 octobre – ci joint un article appelé Health Internet of things, un terme décrivant le quantified self il y a deux ans et demi et un « peigne intelligent » y est décrit !!!  Etonnant.

Décryptage de trois articles sur les enjeux du paiement mobile et du commerce.

Paiement sans contact NFC chez Jeff de Bruges

Paiement sans contact NFC chez Jeff de Bruges

Nous avons déjà revu en détail sur ce blog en début d’année les grands enjeux du paiement sur mobile dans le commerce traditionnel et ces deux billets restent d’actualité – Enjeux et acteurs et Paiement en ligne et paiement sans contact NFC.

Trois articles complémentaires publiés récemment permettent de refaire un point sur les relations difficiles entre les géants de l’internet, les commerçants traditionnels « brick & mortar« , les banques et les opérateurs télécom ainsi que la complexité de cet écosystème qui génèrent régulièrement des approximations médiatiques.

01 NET – Etats-Unis: Google et PayPal délaissent le paiement mobile sans contact

Un titre et deux approximations. Paypal ne délaisse pas le paiement mobile sans contact. Non seulement la société ne l’a jamais supporté  (hors un petit test en Suède) mais elle critique ouvertement et régulièrement la technologie depuis longtemps. La raison en est simple. Si le paiement mobile sans contact NFC s’installe durablement dans les commerces traditionnels, Paypal aura beaucoup de mal à convaincre les commerces physiques d’accepter sa solution de paiement sur mobile, et restera cantonné au rôle de moyen de paiement sur Internet (PC ou mobile), ce qui est, « by the way » un très beau rôle et un immense succès.

Quand à Google, le support du NFC n’est pas remis en question. Il est non seulement disponible sur tous les appareils de la marque mais le NFC est supporté sur la plateforme Android, de loin la première plateforme mobile dans le monde, loin devant iOS. L’information de l’article vient du fait que le Google Wallet est maintenant disponible sur Apple, ce qui ne signifie pas que le paiement sans contact soit délaissé par Google. Les raisons de faire du paiement sans contact chez Google sont très différentes des autres acteurs comme Paypal. Google est présent sur le paiement pour accumuler des données sur ses utilisateurs pour mieux cibler ses publicités et dominer ce marché sur le mobile comme la société le fait déjà sur les PC, et non pour les revenus des commissions de chaque transaction contrairement aux autres acteurs.

Wired – Amazon’s Delivery Lockers Booted From Staples, RadioShack

An Amazon delivery locker in the back of a 7-Eleven - Photo: Ariel Zambelich/Wired

An Amazon delivery locker in the back of a 7-Eleven – Photo: Ariel Zambelich/Wired

L’article en provenance de Wired montre les relations difficiles entre commerce online et traditionnel. Tous virtuels qu’ils soient, les achats de biens matériels sur Amazon se terminent par des livraisons. Amazon avaient installé des points-relais chez Staples et RadioShack, chaînes de produits pour bureau et électroniques. Ces accords ont été remis en cause par les deux chaînes, ce qui ne surprendra personne. Pourquoi RadioShack permettrait la livraison de produits électroniques commandés sur Amazon pour être livré et réceptionné par le consommateur dans leur propre magasin ? Si le consommateur peut venir dans le magasin, alors, il peut également acheter les produits sur place.

Les Echos – Les géants du Net tentent de séduire les petits commerce

Ce troisième article en provenance des Echos explique le concept de « web2store », l’utilisation de technologies web comme la cartographie pour attirer les clients vers les magasins physiques. Et l’article décrit donc comment les grandes sociétés de l’internet proposent des services (hors paiement même si ce dernier sujet n’est jamais très loin) pour rentrer dans les commerces.

Ces trois articles illustrent la bataille qui fait rage sur plusieurs  fronts entre les acteurs de l’Internet (Google, Amazon, eBay/Paypal, Apple,… ) et les banques / opérateurs de cartes de paiement – bancaires et privés et opérateurs télécoms pour être présent dans les magasins physiques.

Si on essaie de résumer avec un focus paiement, cela donne :

Dans les magasins traditionnels ou grandes enseignes, les cartes de paiement, le cash, les chèques sont de loin les méthodes les plus utilisées. Avec l’arrivée du mobile, outil universel, chacun espère prendre une marché du paiement sur mobile dans le magasin. Deux grandes méthodes :  le paiement Internet en ligne et la carte de paiement dématérialisée.

Sur le paiement en ligne mobile (hors magasin), Paypal a une longueur d’avance coté application, utilisation et nombre d’utilisateur mais sa présence dans les magasins reste marginale hors un accord avec Discover aux Etats-Unis. Les annonces autour du Paypal Beacon est un autre développement intéressant, mais cela ne résous en rien le sujet du réseau d’acceptation sur lequel nous allons revenir.

Apple, de son côté, n’a toujours pas annoncé une stratégie permettant le paiement par iTunes dans un magasin. Certains analystes et journalistes pensent que sous le terme ibeacon se cache une future solution de paiement physique, nous en doutons de notre coté.

Comme écrit plus haut, le paiement chez Google répond à d’autres impératifs, la connaissance des consommateurs pour mieux cibler ses publicités et dominer ce marché sur le mobile comme la société le fait déjà sur les PC. Toutes les méthodes pour acquérir ces précieuses données sont bonnes et le NFC en fait partie.

Coté banques en France, le déploiement des TPE et des cartes sans contact se poursuit activement – plus de 100 000 points de vente et près de 20 millions de cartes de paiement sans contact en France. Coté paiement sans contact mobile cette fois, associant banques et opérateurs télécoms, trois, bientôt quatre, banques proposent des solutions de paiement sans contact NFC sur mobile (BNPParibas, Crédit Mutuel, CIC et bientôt la Société Générale) Les banques sont également présentes sur les moyens de paiement en ligne (comme Paypal) en proposant des solutions comme SMoney, Kwixo ou le petit dernier PayLib.

Ce problème du réseau d’acceptation est le même pour tous les acteurs qui souhaitent être présent sur marché du commerce traditionnel (ou sur le Net). Sans réseau d’acceptation digne de ce nom, tous ces services resteront marginaux en tant que moyen de paiement dans le commerce traditionnel. Le paiement sans contact cartes et mobiles NFC a l’énorme avantage de s’appuyer sur le réseau d’acceptation des cartes bancaires.

Conclusion

NFC shopping by SES

NFC shopping by SES

De nombreux commerçants traditionnels et distributeurs ont vu une partie de leur activité disparaitre avec la montée en puissance de l’e-commerce. Cet e-commerce, permis entre autres par des solutions de paiement en ligne comme Paypal, a créé des géants comme eBay, la maison-mère de Paypal et Amazon qui aimeraient être de plus en plus présents dans les magasins physiques. Il n’est pas étonnant que ces mêmes commerçants n’aient pas envie d’accueillir de tels concurrents. En même temps, le mobile est universel, présent dans les mains des consommateurs, source d’information et il est clé pour le commerce d’offrir des services sur ce support. D’où l’intérêt pour les services mobiles sans contact de type NFC qui non seulement permettent le paiement avec les cartes bancaires des clients (simplement dématérialisés) sans création de nouveau compte mais permet également la lecture d’information produits, de gérer les cartes de fidélité, ou les coupons en magasin, en donnant des raisons aux clients de revenir dans le magasin.

Vous avez dit complexe ?

A suivre

Pierre Métivier