Archives mensuelles : juillet 2013

Qui sera le Seigneur des Anneaux du monde du NFC ?

Le seigneur des anneaux NFC

Le seigneur des anneaux NFC

One Ring to rule them all, One Ring to find them,
One Ring to bring them all and in the darkness bind them.

Un Anneau pour les gouverner tous, Un Anneau pour les trouver,
Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier.

Cette phrase est la traduction du texte écrit en « Black speech », la langue de Mordor sur le « One Ring », l’anneau au centre du livre de J.R.R. Tolkien, « Le Seigneur des Anneaux« , classique de la littérature Fantasy, paru en 1955, symbole de la contre-culture fin des années 60 avant de devenir blockbuster commercial au cinéma grâce à Peter Jackson.

Quel rapport entre cette introduction et le sujet de notre blog pourraient se demander, avec justesse, nos lecteurs non encore en vacances ?

La raison en est fort simple. Parmi tous les objets connectés qui font le buzz chaque jour, sur Twitter et sur KickStarter, la plateforme de « crowdfunding« , une bague ou plutôt un anneau a fait son apparition, le NFC Ring.

Pour faire très court, le NFC Ring est une carte NFC (sous la forme d’un anneau) comprenant à la fois une partie données publiques et une partie privée et qui peut servir de clé d’accès à de nombreux services, activer son mobile, ouvrir une porte, configurer son wifi… Il est conçu pour ne pas nécessiter d’abonnement et est totalement open source. Le site donne tous les détails de ce projet que nous vous laissons découvrir.

Ce n’est pas le premier anneau NFC – il existe un prototype créé par Dhani Sutanto, qui avait fait fondre une carte de transport Oyster et l’avait replacé dans une bague fonctionnelle. Le projet de NFC Ring est beaucoup plus ambitieux.

John Mc Clear, le créateur de la NFC Ring, a proposé de financer son projet d’anneau sur KickStarter. La demande de 30000 £ en 30 jours du 20 juillet 2013 a été atteinte très rapidement, puisqu’au bout de 9 jours, plus de 105 000 £ ont été déjà proposés, montrant l’intérêt du public (dont l’auteur de ce blog) pour un tel service et les articles de presse sont nombreux et enthousiastes.

L’utilisation de l’anneau est clairement un facteur positif, facile à porter sur soi, toujours à portée de main, répondant donc au doigt (et à l’œil). Un objet plus rapide à utiliser qu’une carte ou qu’un mobile (sans en avoir bien sûr toutes les fonctionnalités). Et l’anneau est un objet symbole de lien et de relation.

precious NFC ring

precious NFC ring

L’allusion au Seigneur des Anneaux n’est pas un hasard, John ayant appelé la page « roadmap » des produits futurs « precious« . On ne peut plus clair pour les fans de Tolkien.

Le NFC Ring est devenu sans le vouloir le symbole de la lutte entre le gentil monde de l’open et celui des opérateurs telcos et des banques, un peu comme la lutte des Hobbits contre le monde maléfique de Sauron. Pour Ajit Joakar, le NFC est une technologie libre et il s’agit de la libérer des opérateurs télécoms et d’Apple (ce dernier point étant plus surprenant, Apple n’ayant toujours pas annoncé de support de cette technologie). Et le NFC Ring permettrait cette utilisation libre de la technologie. NFC Ring – Liberating NFC from the Operators and Apple

Pour interpréter cette réaction, il faut savoir que dans les pays anglo-saxons et en particulier les Etats-Unis, le NFC est perçu uniquement comme technologie de paiement. ISIS, une association des principaux opérateurs telcos US propose une solution de paiement mobile NFC, le nom du site de l’association ayant le mérite d’être clair – https://www.paywithisis.com/  et bien sûr Google commercialise son Wallet NFC. Peu d’applications autre que le paiement sont mises en avant.

Dans le reste du monde et en particulier en Europe et en France, le NFC n’est pas réduit au paiement. De nombreux autres services sont proposés comme nous le montrons régulièrement dans ce blog, dans tous les domaines – transport, tourisme, commerce, accès, services aux citoyens, réseaux sociaux, jeux… Certaines applications nécessitent sécurité et informations personnelles, stockées dans la SIM et donc gérées par les opérateurs et les TSM et d’autres n’en ont pas besoin.

NFC Arena

NFC Arena

Et pour illustrer que le NFC est une technologie universelle qui ne se réduit pas qu’au paiement, rappelons avec malice que le projet qui a gagné le dernier Orange NFC Awards est NFC Arena, un jeu de plateau facilité par le NFC et qui pourrait très facilement hoster une version du « Seigneur des anneaux ».

Y a-t-il une volonté de contrôle par les opérateurs et les banquiers ? Non bien sûr d’autant plus que ce n’est pas possible, la technologie étant normalisée et accessible à tous. De guerre il n’y aura pas, de vainqueur non plus hors les citoyens qui verrons se déployer de nombreux nouveaux services pour leur faciliter la vie.

Parmi tous ceux qui seront proposés, lesquels seront les plus utilisés ? Nous le saurons dans les prochaines années 🙂

A suivre

Pierre Métivier

Pour aller plus loin, la page du NFC Ring sur le site de KickStarter propose un revue de presse très complète. Il existe des articles en français comme ceux de  MDELMAS.NETJournal du Geek,  ou Tuxboard.

Article écrit suite à un échange sur Twitter avec Ajit Joakar, collègue à travers le Internet of things council dont nous sommes membres tous les deux, autour de son article sur le NFC Ring. 140 caractères ne sont parfois pas suffisants.

La technologie NFC ne sert à rien …. seule.

Diversité des applications NFC

Diversité des applications NFC

Titre volontairement provocateur en particulier pour tous ceux qui nous font le plaisir de suivre ce blog et qui savent que nous présentons régulièrement les bénéfices pour les consommateurs, les citoyens et les usagers de cette technologie de plus en plus présente dans notre quotidien.

Petit rappel liminaire pour expliciter le propos.

Technologie RFID HF normalisée, le NFC définit des protocoles d’échange d’information / de communication entre deux objets électroniques par radio-fréquence à courte distance.

La RFID comment ça marche (c) EPC Global

La RFID comment ça marche (c) EPC Global

Un premier objet électronique envoie un champ électro-magnétique, qui apporte de l’énergie à un deuxième objet, qui va utiliser cette énergie pour envoyer une information en retour.

Et donc, si on s’arrête là, le NFC à travers cet échange d’information ne sert pas à grand chose.

C’est le traitement des données échangées grâce au NFC qui donne toute sa valeur à la technologie. Le NFC n’est qu’un « enabler » (1) mais un « enabler » universel. De même, il n’y a pas de services NFC en tant que tel, mais de nombreux nouveaux services innovants permis par cette technologie sans contact.

De base, la technologie sans contact RFID, IDentification par Radio Fréquence, dont le NFC est un sous-ensemble particulier basé sur une fréquence précise, permet, suivant les données contenues dans l’étiquette et le traitement informatique qui en découle, l’identification de l’objet sur laquelle est posée l’étiquette, l’authentification, l’autorisation de services et toutes sortes d’actions. En reprenant l’exemple de la carte de transport, c’est ce qui arrive lorsque vous passez votre carte de transport (comme la carte Navigo pour les franciliens) sur un valideur. Ce valideur émet le champ électro-magnétique. Captée par l’antenne de l’étiquette (contenue dans la carte de transport dans ce cas), l’énergie reçue va activer la puce de la carte qui va en retour envoyer les informations qu’elle contient, informations qui, une fois traitées par le valideur, déclencheront ou pas l’ouverture du portillon.

Ce n’est pas la technologie RFID (ou NFC) qui ouvre la portillon mais le traitement effectué sur les informations échangées.

Ajoutons que le NFC n’est pas une technologie dédiée uniquement au mobile, mais il prend particulièrement sens avec cet appareil pour deux raisons :

  1. il est de plus en plus présent dans nos poches dans sa version smartphone, c’est un outil universel et toujours disponible pour nombreux d’entre nous.
  2. il est (probablement) le seul appareil à pouvoir travailler dans les trois modes d’utilisation du NFC – émulation de cartes, lecture de cartes/étiquettes, et échange peer-to-peer. Associée à la technologie embarquée dans le mobile (puissance de calcul, connectivité, GPS, écran, clavier, capteurs, …), cela augmente considérablement le nombre d’applications possibles.

Parmi les fonctionnalités apportées aux développeurs par le NFC, en approchant un mobile d’un objet étiqueté :

  • en mode lecteur, on peut identifier cet objet, l’authentifier, analyser le contexte, autoriser de nombreuses actions comme l’affichage de données, l’accès à des sites web, le lancement d’applications sur le mobile, programmer le mobile, acheter un billet de concert ou pour une expo à partir d’une afficher, « like » Facebook, « checkin » Foursquare…
  • en mode émulation de cartes, le développeur va pouvoir créer des applications intégrant accès, paiement, fidélité, construire des solutions complètes à partir de la fonction originelle de la carte, qu’elle soit le paiement ou le transport. Citons comme exemple, l’application hôtelière complète – choix de l’hôtel, réservation, paiement, clé d’accès à la chambre, paiement au bar ou au restaurant de l’hôtel. De même dans le transport aérien, il est possible d’imaginer la solution complète du passage à l’aéroport, du parking jusqu’à la carte d’embarquement (déjà en place au Japon et en test à Toulouse-Blagnac) ou en qui concerne le commerce de proximité – l’information sur les produits, des parcours clients variés, le paiement, les coupons et autres promotion, et les cartes de fidélité.
  • en mode peer-to-peer, c’est l’appairage facilité avec d’autre objets électroniques permettant le transfert instantané de la musique des écouteurs du mobile vers les haut-parleurs, bien plus rapidement qu’en Bluetooth, ou l’échange de documents (photos, musique, cartes de visite) entre deux mobiles.
Appairage NFC - Nokia

Appairage NFC – Nokia

et toujours lorsque le consommateur le décide, d’un simple geste de la main, en approchant son mobile d’un objet représentatif de la fonction souhaitée et toujours en mode contextuel : le mobile d’un ami, la porte de l’hôtel, le terminal de paiement ou l’étiquette d’un produit en magasin, une affiche dans le métro.

La technologie NFC ne sert donc à rien .. seule mais son ajout à la palette des outils de développement d’applications augmente considérablement le fameux champ des possibles et nous commençons simplement à en voir les premiers résultats.

A suivre.

Pierre Métivier

  1. enabler – Nous n’avons pas trouvé un mot équivalent en français. To enable, c’est « permettre à quelqu’un de faire quelque chose » pour le Larousse. Mais enabler ? Quelque chose (comme une technologie) qui permet de faire une autre chose. Le terme facilitateur vient à l’esprit mais il est plus utilisé dans un sens « personne / humain ». Il y a également catalyseur en chimie. C’est une sorte de substantif actif pour le verbe permettre (par opposition à permission au sens passif). Des suggestions ?

Le premier produit NFC d’Apple sera-t-il une montre ?

Smart Watch

Smart Watch

Le tout premier article publié par votre serviteur sur le sans contact, d’abord sur le Journal du Net le 17 juillet 2009,  puis repris dans ce blog, espérait que le prochain iPhone soit NFC. On connait la suite. Quatre ans après, l’iphone n’est toujours pas NFC ce qui devrait m’inciter à la prudence en terme de prédictions en général et sur Apple et le NFC en particulier.

Un article récent de Venture Beat titré « Why smartwatches are the real future of mobile paments » m’incite à passer outre cette prudence. Le titre résume l’idée de l’article, à savoir, la smart watch / la montre ‘intelligente » est probablement l’outil de paiement du futur. Coté usage, l’usage de la montre pour payer présente des avantages en terme de rapidité. La carte de paiement (avec ou) sans contact doit être sortie du portefeuille lui même sortie d’une poche ou d’un sac. Le mobile est plus souvent à la main, mais pas toujours. La montre est au poignée, à l’extérieur et peut s’utiliser encore plus rapidement.

Smartwatch Origin

Smartwatch Origin

Le concept de smartwatch n’est pas nouveau, exemple Timex avec Microsoft dès 1994 il y a bien longtemps (en années Internet) ou la montre Fossil sous Palm OS en 2003. Plus récemment, Sony, Motorola, I’m Watch, Pebble, Kreyos, Wimm One , VegaSamsung et Apple pour ne citer que quelques exemples ont développé (ou développent)  des produits de ce type sans compter les produits en provenance du monde du « quantified self » de chez Garmin ou Nike. Le paiement par montre n’est pas non plus un concept nouveau, nous l’avions déjà évoqué dans un article d’Août 2010, la montre Watch2Pay de LAKS permet un paiement sans contact NFC avec une MasterCard dématérialisée.

Les smart watch se disputent l’actualité numérique avec les Google Glasses, deux nouveaux facteurs de formes (Form factor), pour emporter connectivité et puissance de calcul sur soi. Nouveaux objets connectés, nouveaux usages, nouveaux marchés. Nouveaux objets à ranger dans la catégorie « wearable devices » avec option les fonctions branchées « quantified self » sous forme de colliers, de bracelets ou de chaussures tous plus ou moins connectés et plus ou moins »smart ».

Sony Smart watch NFC

Sony Smart watch NFC

Et le NFC dans tout cela ? C’est une technologie de proximité, toujours à portée de la main avec le mobile et donc potentiellement du poignée avec la montre. Sony, acteur majeur du marché, l’a intégré dans sa smart watch 2. Le NFC permet une identification facile (bracelet pour accéder au Parc Disney par exemple) et peut autoriser un paiement facile, sans code (pour moins de 20€) sur un TPE sans contact (*).

Et Apple ? Apple et le NFC, c’est une longue histoire. Un grand nombre de brevets sur le sujet, des applications conçues en pensant au NFC comme le « Passbook » prêtes à l’emploi et puis au fur et à mesure des lancements de nouveaux iPhone, l’absence criante de la technologie, absence plus souvent plus visible que les quelques améliorations incrémentales d’une version à l’autre. De nombreuses raisons à cela, longuement décrites à longueur d’articles : une infrastructure naissante (et donc incomplète), les problèmes de sécurité perçus comme tels, le monde « open » de l’écosystème NFC pas toujours compatible avec l’environnement contrôlé et fermé d’Apple, les relations « Je t’aime, moi non plus » avec les opérateurs télécom, liées entre autres à l’utilisation de la SIM comme Secure Element, élément indispensable pour le paiement (**). En tout état de cause, les opérateurs ont besoin d’Apple tout comme Apple a besoin des opérateurs.

Mais pour une montre ? Toutes les options sont ouvertes. Certaines feront office de téléphone, d’autres se connecteront au mobile de l’utilisateur pour se connecter, d’autres solutions technologiques sont possibles. Pour en revenir au paiement, le paiement sans contact NFC ne nécessite pas de connectivité  (contrairement aux solutions online de type Paypal) et donc une montre sans connectivité pourrait effectuer des paiements.

On peut donc /pourrait imaginer une montre Apple fonctionnant en mode « émulation de carte », pour de nombreuses applications nécessitant un identifiant (parking, transport, accès) jusqu’au paiement, la montre pouvant intégrer un Secure Element spécifique, ce qui permettrait à Apple de garder le contrôle.

Apple franchira-t-elle le pas ? Ce serait une bonne nouvelle pour l’écosystème NFC (et tous ses industriels) qui s’en trouveraient renforcé, Apple étant le seul acteur majeur du mobile sans solution NFC.  Apple possède déjà les informations des cartes de paiement des utilisateurs d’iTunes, pourraient créer le lien entre ses cartes et la iWatch, proposer une carte de paiement dématérialisé ou l’utilisation d’une carte existante.

Une montre NFC serait un outil de paiement indépendant, pouvant utiliser l’infrastructure des TPE sans contact, et permettrait donc à Apple de rentrer en douceur dans le marché du paiement « mobile » offline voire potentiellement dans l’accès et le transport.

Payer dans un magasin avec une iWatch et être facturé sur sa carte de crédit voire sur  iTunes avec prise en compte de « Passbook » grâce à la technologie NFC. Simple délire de blogueur ou futur produit ? Il ne reste plus qu’à attendre. Et si l’iWatch (dans ses deux premières versions) ne comporte pas le NFC, il me restera à arrêter les prédictions pour une nouvelle période de quatre ans !

A suivre.

Pierre Métivier

Pour aller plus loin

 (*) Le paiement sans contact fonctionne avec 15 millions de cartes bancaires et privatives (type Carrefour ou Casino) en France, et plus de 3 millions de mobiles NFC Cityzi peuvent accepter le paiement sans contact une fois la dématérialisation de la carte de paiement effectué. C’est possible au Crédit Mutuel avec la MCarte, à la BNPParibas  avec Kix et la Société Générale a annoncé les premiers tests à Strasbourg d’une solution de paiement sur mobile. 80,000 points de vente en France acceptent ce type de paiement sans contact et ce chiffre augmente de 5% chaque mois.

(**) Le Secure Element, élément sécurisé indispensable à la sécurité et au paiement. Le paiement sans contact sur mobile passe par la SIM, solution choisie et implémentée par la grande majorité des opérateurs mobiles dans le monde. Il existe d’autres modèles de « secure element », certaines banques en France regardent toujours l’utilisation de la microSD et Samsung et Visa ont annoncé que pour les prochains modèles de mobiles Samsung pour certains marchés, l’application de paiement sans contact Visa serait intégrée en utilisant un « secure element » intégré au mobile, solution indépendante des opérateurs. Une solution complexe à mettre en œuvre pour les fournisseurs de services puisqu’elle signifie adapter chaque logiciel à chaque type de  mobile alors que la solution basée sur la SIM est universelle et c’est là son plus grand avantage.