Un bien long titre pour un sujet bien réel. Ce titre est la traduction d’un épisode récent de « Shoe « , comic américain, où un client attablé au comptoir d’un bar demande à la serveuse :
- « Est ce que tu te passionnes pour les voitures qui se conduisent toutes seules ? » (Are you excited about self-driving cars ?) » et elle lui répond :
- « Je serais plus excitée par une maison qui se nettoie toute seule. » (I’d be more excited about a self-cleaning house.)
Ce simple dialogue pose un problème bien réel du monde des objets connectés. Les entreprises et startups du marché créent-elles des produits pour améliorer la vie des consommateurs, résoudre les problèmes de la vie quotidienne des gens ordinaires ou simplement parce que cela est possible grâce aux nouveaux capteurs et à l’engouement d’une partie du public et des média ? Ces startups développent-elles réellement des services et produits qui pourraient aider le citoyen, le consommateur dans sa vie de tous les jours ou simplement parce que la technologie le permet, parce que cela amuse des ingénieurs et parce que il y a l’idée sous-jacente, que tout produit, une fois connecté, trouvera son public.
Quelques raisons sous-jacentes à la création de nouveaux produits / services :
- parce que cela résout un problème ou améliore un service existant et qu’il y a donc un marché, un besoin, des clients
- parce qu’on le peut, par simple défi technologique
- par obligation (légale par exemple)
et il y en a beaucoup d’autres.
Chaque nouveau produit est probablement un mélange de toutes ces approches. Si, par rapport à tout nouveau produit et en particulier les produits connectés, c’est surtout la seconde raison qui l’emporte, alors on peut se poser des questions sur la viabilité d’un tel service. Et il suffit de se rappeler l’explosion de la bulle internet et de ses nombreux services sans usage réel pour se rappeler des conséquences.
Si on prend quelques exemples symbole des objets connectés :
- Avons-nous besoin d’un réfrigérateur qui commande automatiquement ce qui n’est plus présent dans ses compartiments ?
- Avons-nous besoin de capteurs pour nous rappeler quand arroser nos géraniums ?
- Avons-nous besoin de fourchettes ou de brosses à dent connectées ?
- Avons-nous réellement besoin de voitures qui se conduisent toutes seules ?
A chacun d’entre nous de décider. Pour revenir aux voitures qui se conduisent toutes seules, si c’est pour diminuer le nombre de morts et de blessés sur la route, certainement même si il y a d’autres solutions, à court terme, comme le plan suédois « Vision zero » pour des coûts bien moindres et surtout sans attendre 2030 ou 2040. Pour Roz, la serveuse du bar, il y a bien sûr les robots aspirateurs qu’elles ne semblent pas connaître et qui ne font qu’une partie de ce qu’elle recherche. Un sujet qui semble également moins passionné les medias que les voitures. Ceci dit, c’est un sujet bien plus important pour toutes les madame Roz de la planète.
Se concentrer sur les objets que nous devrions connecter plutôt que celles que nous pouvons connecter. Telle devrait être la promesse de l’internet des objets.
Ceci dit, Noël approche, tous les objets connectés que le Noël nous apportera seront appréciés, utiles ou pas, simples gadgets éphémères ou objets appelés à réellement améliorer notre quotidien.
Belles fêtes de fin d’année à toutes et à tous. Et (re)lisez et offrez les recueils des Shoe mais aussi Calvin et Hobbes, Herman, The Far Side, Garfield (et sa balance connectée), B.C et the Wizard of Id, Non Sequitur,…. et en particulier les comics d’origine, un humour « smart » sans être connecté.
A suivre … en 2016
Pierre Métivier
Notes
- Article sur Les relations toujours difficiles entre les Google cars et les vélos.
- Rappelons enfin qu’une innovation ne se décrète pas, elle se constate.