A peine terminée la conférence « Mobile Payment » à la Porte de Versailles, une occasion de faire le point sur le sujet du paiement par téléphone mobile, que les annonces de Google et son Wallet secouent le monde feutré des banquiers et de la finance. Les deux derniers articles (un et deux) de ce blog abordaient déjà le monde du paiement sans contact et ce troisième va rappeler les méthodes, enjeux et forces en présence.
Les méthodes de paiement sur téléphone mobile sont nombreuses. Citons par ordre plus ou moins chronologique
- les commandes par SMS (gérées par les opérateurs et les banques),
- les paiements par SMS premium (comme les sonneries et logos gérés par les opérateur mobiles),
- les paiements sur smartphone, équivalent aux paiements sur Internet, tout comme sur un PC (plateforme de paiement / serveur de l’opérateur de paiement),
- le paiement sur facture de l’opérateur téléphonique,
- les wallets (de type iTunes, Paypal, ou Buyster),
- le pré-payé
et le dernier arrivé,
- le paiement de proximité sans contact ‘tap & pay » grâce au NFC, transformant le mobile en carte de paiement et nous en oublions certainement (*).
Les enjeux financiers sont colossaux ; le CA des paiements par mobile est évalué à plus de 600 mds de $ en 2016. Sur le salon, Paypal a annoncé plus de 2 mds de $ de transactions sur mobile en 2011, en comparaison à 750 mios de $ en 2010. La généralisation des smartphones permet de « vrais » achats (en comparaison aux achats de type sonnerie par SMS) et le paiement de proximité NFC devraient participer à cette explosion des paiements sur mobile, méthode légitimée par les annonces toute récentes de Google.
Quelles sont les forces en présence sur le mobile ?
- Les banques – toutes présentes sur Internet, toutes conscientes des enjeux du mobile tout en avançant prudemment,
- Les cartes bancaires (Visa, MasterCard, American Express,…) – présentes sur tous les fronts
- Les opérateurs télecom, représenté par l’AFMM, Association Française du Multimédia Mobile et également sur le projet Buyster
- Les sociétés (principalement américaines) issues de l’internet comme Google et Facebook
- Les spécialistes du paiement sur Internet comme l’incontournable Paypal
- Les constructeurs type Apple, Nokia ou Google (Android) et leur Appstore
- Les startup ou sociétés sur des niches, paiement pour les non-bancarisés (jeux vidéo par exemple), établissements de monnaie électronique, les sociétés comme Lemonway, Tagattitude, PayByPhone, Paybox, Square …. tous avec des solutions innovantes et à la recherche d’une taille critique.
- Les associations comme Payez Mobile, le Picom, le Pôle TES de Caen, le Forum SMSC (Services Mobiles Sans Contact) ou l’AFMM déjà citée, défendant les intérêts des membres de leurs associations respectives
Les nouvelles règles européennes, développées pour ouvrir le marché à la concurrence, permettent à des sociétés nouvelles, en dehors du système bancaire, de devenir Établissement de paiement, et nombreuses sont celles qui s’y engouffrent.
Et la sécurité du paiement par mobile dans tout cela ? Le sujet est régulièrement mis en avant par les opérateurs téléphoniques. Est ce un problème plus important que le paiement par carte bancaire sur Internet, par exemple ? Les mobiles sont ils moins sécurisés que les PC chez soi ? Est ce simplement une manière de faire peur aux utilisateurs pour permettre aux opérateurs télécoms d’imposer leur solution de sécurité et garder le contrôle des applications et du consommateur ? Un vrai sujet sur lequel nous reviendrons.
C’est un livre qu’il faudrait écrire pour décrire tous les tenants et aboutissants de la bataille qui se joue actuellement, livre qui serait mis à jour tous les deux jours, avec ses nouveautés, ses annonces, ses drames, ses procès, ses disparitions, ses bulles, ses conflits au niveau des nations, de l’Europe, du monde voire simplement à l’intérieur d’une même banque.
A la Renaissance, Cosme de Medicis a inventé le système bancaire globalement toujours en activité de nos jours. Que penserait il de l’Internet et les téléphones mobiles ? Nul ne le sait mais le sujet n’a pas fini de remplir les colonnes des journaux économiques et des blogs comme celui-ci 🙂
Mes 0,02 € !
Pierre Métivier
PS. C’est promis, le prochain article n’abordera pas le sujet du paiement sur mobile.
(*) Cet article ne couvre pas les développements du « mobile banking » tel qu’il se développe en Afrique, un sujet passionnant sur lequel nous aurons certainement l’occasion de revenir.