Géolocalisation, mobilité, nomadisme et réalité augmentée, ont été les thèmes de cette quatrième et dernière session du colloque international « Mobile et Création« , session animée par Laurent Creton.
Un billet très long / trop long effleurant à peine la richesse des thèmes abordés.
Algorithmic visions: towards a new documentary practice, William Uricchio, MIT/Utrecht.
Retour sur la collaboration du film de la veille et le fait que tout était filmé par de nombreux autres mobiles. Le « scrapbook » comme premier exercice individuel de création transmédia. La Bilble, oeuvre collaborative. Facebook est un scrapbook numérique. Utilisation du « social media » mobile pour organiser des mouvements type nettoyage d’un quartier. Le cinéma n’a pas changé de nom avec le passage entre l’analogique et le digital, le protocole reste le même. Mobile synonyme d’ubiquité, simplicité, discrétion, connectivité, réalité augmentée, GPS, capteurs QR code et NFC (ajout du NFC pour le plaisir, c’était sous-entendu – NDLR). Les mobiles sont les yeux du monde.
La « Barbie Video girl » pour les filles de 7 ans avec logiciel d’édition de vidéo. Outil Qik video,
Exemple de projet de crowdsourcing vidéo. 18 days in Egypt, Capturing reality – the art of documentary, site de documentaires mobiles Idfa Doclab. Tous basés sur un nombre réduit d’éditeurs.
Capturer la « réalité » – Tellement de données disponibles, comment choisir ? Des éditeurs « indépendants » aux robots / algorithmes. Algorithme de suggestion de Google, d’iTunes ou d’Amazon, le blog de lev manovich. Narrative science, le nom derrière un générateur d’articles pour Forbes. Microsoft Photosynth, création d’une image à partir de centaines d’autres.
Au Van Gogh Museum, les photos sont interdites mais les QRCode d’informations sur le mur nécessitent d’approcher son mobile pour les lire. Les frontières deviennent flous. Attention – il est possible de manipuler les algorithmes. Exemple de Rick Centorum aux US et comment son nom est devenu dans Google très négatif
Play-Mobile immuable par Nicolas Nova, Near Future Laboratory de Genève
Les multiples composantes du téléphone mobile (appels, carnet d’adresses, microphone, géolocalisation, capteurs…) sont devenues le point de départ de multiples travaux en art ou en design. À tel point que cet appareil peut être considéré comme un des « futurs » potentiels de l’informatique tels que décrits dans les années 1990 par les partisans de l’Ubiquitous Computing. … Au-delà des approches classiques de « user-centered design » à la recherche de comportements normés, la présentation montrera comment l’ethnographie des usages peut faire ressortir des singularités et des pratiques d’exception intéressantes pour la création.
UbiComp – Ubiquitous Computing – Le mobile est l’outil de l’informatique ubiquitaire avec l’apport de la géolocalisation. Après l’ouverture du GPS, création d’applications utilisant la géolocalisition.
Locative media / médias localisés – à partir d’applications mobiles géolocalisés, détournement / appropriation par des collectifs d’artistes.
Exemples – Urban tapestries, 7scene, CatchBob!, Treasure troves, Streetpass puzzle, We tell stories, Wanderlust, Trippy, Oterp, Walking the edit.
Nouvelle esthétisme – de la création mobile vers une représentation dans le monde physique, Cinema City by Jonathan Rennie.
Camouflage des antennes relais (sous forme d’arbre par exemple), l’analogique au secours du numérique. Impression et exposition de dessins créés par l’app ‘Draw something »
La musique des portables du désert, Christopher Kirkley, sahelsounds.com
In the Sahara of West Africa, cellular phones serve a multitude of purposes beyond communication. Equipped with memory cards, the storage and transfer of data, in particular music, has taken precedence as the most important role. The result is a wide network of popular Tuareg music, largely composed of locally produced creations and home recordings, but integrating music from far off geographic regions. … The presentation will focus on the history of Tuareg music networks, discuss how and what kind of data is shared, the role of the cellphone in these transactions, as well as future tendencies and trends.
Transfert / partage de musique entre mobile par bluetooth. Du bluetooth pour les hommes bleus – NDLR. Tous les concerts sont enregistrés, problèmes de droits d’auteur, de copies. Pour les Touaregs, la musique n’est qu’un véhicule pour le message. Passionnant, très belle images à admirer dans le Slideshare ci-dessous.
Bollywood’s Rythm’n Games : les adaptations de films indiens sur téléphone mobile, Alexis Blanchet, Maître de conférences à l’université Paris 3 Sorbonne nouvelle
Depuis 2005, le cinéma populaire indien est adapté en jeu vidéo. Cette production d’adaptations vidéoludiques se fait presqu’exclusivement sur téléphone portable, plateforme de jeu la plus répandue en Inde. Ces jeux dématérialisés sont diffusés sur toute la péninsule via des portails en ligne de téléchargement régulièrement mis à jour de nouvelles adaptations. En terme de créativité, la syntaxe propre aux films indiens populaires, chantés et dansé, a poussé les studios à reprendre la formule des Rythm’n Game développé dans les années 1990 au Japon dans le domaine de l’arcade. Notre communication visera à analyser les formes empruntées par cette production nationale de jeux vidéo dans l’association qu’elle crée entre un support technique mobile très largement répandu et un média populaire ancien en recherche de nouveaux publics.
Présentation d’une étude sur la déclinaison de 547 films en tant que jeu sur mobile. Eléments de la 1ère enquète avant l’arrivée de l’iphone – marché en plein développement, Java, Nokia N-Gage – hors mobile. Marché indien du jeu – Cricket, Bollywood et actions. D’Hollywood à Bollywood, Inde – 600 films par an, 500 mio mobiles (43%) en Nov 2009, culture et industrie du jeu
Exemple de jeux indiens – Agni (PC), RA-One (PS2), Dance Challenge, Don 2 (multi-platform). L’étude cinéma et jeux vidéos est disponible sur inaglobal.fr
Téléphone mobile et création: une approche conceptuelle, Thomas Paris, professeur HEC, chercheur au CNRS, associé au PREG-CRG Ecole polytechnique.
Les structures de création – de l’artiste qui crée aux transformations industrielles. Quelle est la place du créateur dans le processus de création ? Opposition structurelle entre organisation et création. La feuille blanche ne l’est jamais, poids de l’existant dans le processus de création. Articulation individu / collectif. Logique d’abondance sur le marché, y compris au sein des processus. On produit plus qu’on utilise (ex: Ratatouille de Pixar, personnages créés mais jamais utilisés)
« A writer needs a pen, an artist needs a brush, but a filmaker needs an army » Orson Welles.
L’économie de la création – un modèle conceptuel – Désir, Outil, Marché. L’outil – tout ce qui intervient entre le créateur et public. Le mobile est maintenant l’outil. Le nouvel outil (comme le mobile) modifie la « distance monde conceptuel-monde réel ». Notions d’immédiateté.
Film TV – 52 mn, 26 mn, 6 mn « stabilisés ». Sur mobile tout est ouvert, dynamique, disruptif. Le mobile comme outil de création (et de diffusion) remet à plat les normes esthétiques et techniques. Le mobile (dans ce colloque) – foisonnement d’abondances / ça part dans tous les sens, marque de créativité. Dilution du sens de la créativité – créativité culturelle vs. créativité industrielle. Industries de la création (et non le littéral industries créatives, traduction de creative industries) pour Thomas Paris. Intéressante discussion autour de la créativité, culture/recherche vs. industrie. La créativité est elle l’appanage d’un groupe ?
L’internet et la désintermédiation, le débat devient plus « industriel », conclusion étonnante de ce colloque plutôt recherche et culture. Anecdote sur la genèse du film de la Marche de l’Empereur, cadre, histoire de la vie, universel, refusé par les majors comme Canal+ parce que par de pitch et que le film ne rentrait pas dans les canons de l’institution. Changement de tarification – passage à l’illimité, exemple d’élément disruptif aussi important que la technologie elle-même
Hic et nunc, ici et maintenant, différence de « mise à disposition » d’un produit industriel vs. d’une oeuvre créative artistique.
Ce que nous en avons retenu – Le mobile, outil individuel, rend flou la limite entre création et consommation en permettant les deux. De même, le choix d’une réussite et le développement du crowd-everything remet en cause les critères de « succès ». Sommes-nous tous créateur parce que nous avons la possibilité de l’être grâce au mobile ?
Le mobile oblige le chercheur à se poser des questions (esthétiques, politiques, artistiquess…). Ce mobile apporte des contraintes nouvelles, introduit la notion de désintermédiation, qui fait si peur à un grand nombre d’industries, mais qui peut s’appliquer également à la recherche, au journalisme et à la création artistique sous toutes ses formes.
Un colloque « marqué par le foisonnement des acteurs et des idées, un désordre créatif plutôt qu’ordre esthétique normatif », dixit Laurence Allard. Un grand merci à Roger, Laurent, Laurence et Benoit pour un événement riche, convivial, passionnant, vivifiant, rafraichissant et stimulant, en un mot anglo-saxon « exhilarating ». Vivement la prochaine édition !
Pierre Métivier
- Le Storify de l’évènement
- Le reportage photo sur Flickr
- Les enregistrements des conférences
- Le compte rendu de la session 1
- Le compte rendude la session 2 et 3