Archives mensuelles : septembre 2013

Highlights de la 2ème édition du Meetup de Paris dédié à l’Internet des Objets

Meetup IOT Paris #2

Meetup IOT Paris #2

Le 26 septembre 2013 s’est tenue dans les locaux de Kiss Kiss Bank Bank, la société de crowdfunding bien connue, la deuxième édition du Meetup Internet des Objets Paris, organisée par Olivier Mevel, Marc Chareyron de 23 de Enero, Pierre-Rudolph Gerlach, ancien de Violet et Rafi Haladjian, sen.se

80 inscrits (*) et plus de 50 en liste d’attente pour ce Meetup ont montré l’intérêt grandissant pour ce monde nouveau se dessinant en ce moment, un monde d’objets connectés aux contours flous sous les termes de quantify self, wearable technology, connected appliances, intelligent fabric mais aussi le M2M, la domotique, la santé mobile, les smart glasses, smart cars, smart grid, smart homes, star cities … un monde intéressant aussi bien des startups et des makers arduinesques et adorateurs de tartes à la framboise que des groupes comme Cisco, IBM, Microsoft, Bosch ou Orange pour ne citer que ceux là.

Pour cette deuxième édition, trois présentations très différentes et de longues séances de question réponses se sont enchainées et contrairement à certaines conférences plus traditionnelles, il n’y a pas eu de soucis de « Qui pose la première question ? » ; le format Meetup étant particulièrement propice à l’interactivité.

Romain Cochet et Gauthier Nadaud, Smiirl

Romain Cochet et Gauthier Nadaud, Smiirl

Un des aspects passionnants de l’internet des objets est qu’il permet de créer un lien entre les mondes physiques et virtuelles. Phrase un peu passe-partout mais bien illustrée par la première intervention – celle de Romain Cochet et Gauthier Nadaud, de Smiirl, qui ont partagé leur expérience pour développer ET construire Fliike leur compteur physique de fans Facebook.

Fliike, compteur de fan Facebook

Fliike, compteur de fan Facebook

L’idée est de permettre d’afficher physiquement, avec un objet plus proche des affiches des arrivées des trains à la Gare du Nord que d’un écran LCD, d’afficher donc le nombre de fans Facebook, d’un commerce, d’un café , d’un restaurant. 400 pré-commandes ont été enregistrées, 90 K visiteurs uniques se sont connectés sur le site, montrant un intérêt certain pour le projet. Dans un premier temps, Fliike sera vendu à l’unité, sans abonnement. Des services complémentaires sont prévus ainsi que d’autres produits. On n’a pas le droit de communiquer encore le prix de Fliike qui est donc de *** €, HT bien sûr. L’équipe entretient des relations de bon voisinage avec Facebook tout en reconnaissant une dépendance certaine liée à la bonne volonté du réseau social.

Rafi Haladjian, sen.se et Marc Chareyron, 23 de Enero

Rafi Haladjian, sen.se et Marc Chareyron, 23 de Enero

Rafi Haladjian, figure de proue de l’Internet des objets français, a présenté ensuite Sen.se à l’aide de petites phrases, morceaux d’un puzzle à reconstituer pour comprendre ce que sera sen.se.

« Bonsoir, je m’appelle Rafi et j’ai 52 ans et à 52 ans, on a tendance à raconter sa vie. » Suit une anecdote où il comprend que l’une de questions primordiales de tout développement est « how does it scale ? ». Les questions que se posent Rafi tournent autour de la scalability et de la motivation à se servir d’un objet connecté. « C’est quoi le smart ? Un objet connecté, c’est une télécommande, l’intelligence est coté utilisateur« .

Les objets de sen.se seront versatiles, bon marché, transparent (dans le sens (of course)) zero training), des learning channels. Il appartient à l’objet de comprendre ce que veut l’utilisateur. « La batterie, c’est la mort des objets connectés »(+1) mais le energy harvesting n’est pas suffisant pour le type d’objet que met au point sen.se.

Au début, coté connectivité, le projet a utilisé le Zigbee, puis 6LowPan, maintenant, c’est propriétaire / fait maison. Sur la production des objets en France, Rafi n’est pas tendre sur la difficulté de trouver des parteniares industriels « Pas d’historique financier positif, pas de chocolat« . « On travaille avec les chinois par ce qu’on peut travailler avec les chinois. » et il rajoute « Les chinois, c’est la partie simple dans le projet. » S’en est suivi un débat où d’autres porteurs de projet ont montré qu’il était possible de produire / coproduire en France. La dernière image présentée montre de mystérieux objets ovoïdes, sans aspérité, bien dans la suite du design Nabaztag et qui devraient contenir 4 à 6 capteurs.

Dans tous les cas, rendez-vous le 11 octobre sur sen.se . Pour être prévenu des développements du projet, mail vers touch@sen.se et pour en savoir réellement plus, il suffit de travailler sur le projet, surtout si vous êtes développeur jobs@sen.se

Uros Petrevski et Drasko Draskovic, WeIO, Nodesign.net

Uros Petrevski et Drasko Draskovic, WeIO, Nodesign.net

Dernier projet, celui d’Uros Petrevski et Drasko Draskovic, et WeIO sous le patronnage bienveillant de Jean-Louis Fréchin et Nodesign.net.  Un projet donc de plateforme de développement permettant de développer et programmer des objets avec une plateforme web. « WeIO is a Web of Things platform. It lets you connect and control your objects from any device using only your web browser. » dixit le site Web.

WeIO, c’est aussi du design, des usages et une touche de poésie. Au programme de la plateforme WeIO – innover, prototyper, produire et apprendre. « Penser les usages avant de faire du hacking de Linux« . Développer de NéoObjets, sans fil et sans soucis. La présentation n’est pas sans rappelée les premières présentations de Turbo Pascal, puis Delphi ou Borland C++. Les « anciens » comprendront et on ne peut que souhaiter à cette plateforme les succès connus par les produits cités précédemment.

Autour du grand sage, une effervescence dynamique a rempli les locaux de KissKissBankBank et animé ensuite de nombreuses discussions, ce qui laisse inaugurer d’autres Meetup passionnants et surtout des projets dans le monde des objets connectés qu’ils nous tardent de découvrir. Et puis cela m’a permis de nombreux échanges fort sympathiques avec des gens déjà connus ou découverts à l’occasion dont Franck, Virginie, Sophia, Rafi, Pierre-Rudolph, Marc, Olivier, François, Jean-Philippe, Philippe, Jean-Louis, Dimitri, Sylvain et Rémy de l’équipe de Twelve Monkeys Company (et leur parapluie connectée) que je cite souvent dans mes propres textes ou présentations de l’Internet des Objets et pardon à ceux que j’ai oubliés. Un FF qui ne peut tenir en 140 caractères.

A suivre … avec impatience.

Notes

Meetup IOT Paris

Meetup IOT Paris

(*) Micro coup de gueule -> A tous ceux qui se sont inscrits et qui ne sont pas venus (et j’en connais personnellement), soyez sympa de vous désinscrire la prochaine fois pour permettre à d’autres plus motivés de participer, please.

Annonces iPhone 5S, iBeacon et NFC : la réalité derrière la fiction

iphone ibeacon NFC

iphone ibeacon NFC

Les annonces de nouvelles versions d’iPhone suscitent régulièrement une hystérie médiatique en particulier sur le Net. Chaque fonction présente ou absente est abondamment commentée sans toujours le recul nécessaire à une analyse sereine, spécialement en 140 caractères. Le lancement des versions iPhone 5S et 5C n’a pas failli à la règle. En dehors de l’activation biométrique, deux informations ont fait le buzz : l’absence pourtant prévisible de la technologie NFC ainsi qu’un mot, un seul sur une slide, « ibeacons« . Rajoutons le lancement d’un test chez Paypal (1) où le mot beacon apparait, les déclarations des dirigeants de la startup Estimote, les « inventeurs » de l’utilisation du mot dans un contexte « marketing mobile » qui ont profité du buzz Apple pour promouvoir leur produit en indiquant que grâce à eux « les QR code et le NFC n’étaient plus nécessaires » et vous avez là les ingrédients d’une floraison de messages nuancés du type « Quand Apple signe l’arrêt de mort du NFC » ou « « Les beacons en passe de remplacer le NFC » sans plus d’explications sur la technologie ou le marché.

Maintenant que quelques jours ont passé et que les médias 2.0 et la twittosphère ont trouvé autres choses à commenter comme l’introduction en bourse de Twitter ou la mise à disposition par Paypal des données personnelles de ses clients vers des sociétés tierces, sujets qui devraient les occuper quelques jours, voyons dans le calme ce qu’il en est.

Qu’est ce qu’un beacon et quel est le lien avec le NFC ?

La traduction littérale de beacon est balise ou phare. Une « balise Argos » se traduit par « Argos beacon« . Une startup, Estimote, lancée en Avril 2012, utilise le mot beacon pour des dispositifs avec puces, antenne et batterie utilisant la technologie Bluetooth Low Energy (2) ou BLE, une version récente de la technologie Bluetooth que l’on trouve sur certains smart phones haut de gamme. Il est intéressant de noter que la technologie n’est pas nouvelle puisqu’elle date de 2006 et a qu’elle a été conçue par Nokia.

Ces balises Estimote peuvent émettre et échanger des données avec d’autres appareils électroniques jusqu’à 50 mètres. Avec plusieurs balises dans une pièce, il est possible de développer des solutions de géo-localisation indoor (à l’intérieur des bâtiments) et également de géo-marketing pour des applications commerce. Ces balises émettent en permanence, comme l’envoi (Push) de promotions sur le mobile d’une personne rentrant dans un magasin.

La technologie BLE est utilisé par d’autres sociétés comme la startup française Ticatag, en provenance d’Alcatel, et son ti’Be, focalisée dans le suivi d’objets, de personnes, d’animaux et d’applications pour sites culturels, salons, exposition et centres commerciaux.

Comparons maintenant dans les grandes lignes les technologies Bluetooth Low Energy – BLE et Near-Field Communication – NFC, leur points communs et leurs différences.

Les deux technologies, BLE et NFC sont donc sans contact et elles échangent des données entre objets électroniques par radio-fréquence. L’équivalent des balises BLE sont les étiquettes NFC (avec de nombreuses différences bien sûr). Ce sont également des technologies disponibles sur certains smart phones – tous les smartphones moyens et haut de gamme en vente actuellement sur le marché sauf les iPhone pour le NFC et quelques smartphones haut de gamme (iPhone à partir de 4S, Samsung Galaxy S3 / S4, Nokia Lumia 620, 820, 920 ou Blackberry Z10 ou Q10) dans le cas des « beacons ». Les deux technologies sont aussi utilisées dans l’internet des objets.

La distance d’émission, le coté actif/passif ou push/pull , les domaines d’applications et le coût différencient les deux technologies. Et ces sujets sont intiment liés.

Les étiquettes NFC sont passives, n’ont pas de batterie, n’émettent pas et coutent quelques dizaines de centimes d’euros pour les plus basiques. Elles ne s’activent / ne transmettent de l’information qu’à courte distance 2/3 cm et lorsqu’on approche volontairement un objet électronique tel un mobile NFC capable de les lire. C’est par choix de l’utilisateur, du consommateur ou de l’usager que le transfert s’effectue (Mode Pull). Les balises BLE émettent en permanence dans un rayon jusqu’à 50 mètres et ces informations sont reçues sans que le consommateur le demande. (Mode Push). Les balises BLE peuvent donc être utilisées pour positionner précisément un mobile et son utilisateur et/ou lui envoyer de l’information ce que ne peut pas faire la technologie NFC.

« iBeacon could be a NFC killer because of its range. » d’après GigaOM ce qui est l’équivalent de « une paire de jumelle va tuer le microscope parce qu’on voit plus loin ! »  La distance plus grande du BLE par rapport au NFC n’est pas un avantage concurrentiel comme certains articles le suggèrent. C’est par design, en particulier en terme de protection de la vie privée. C’est par action volontaire du consommateur que l’action se produit sous la technologie NFC contrairement aux balises BLE où le consommateur est passif et reçoit l’information même si il ne l’a pas demandé.

Inside Estimote (c) Estimote

Inside Estimote (c) Estimote

Pour pouvoir émettre en permanence, et à grande distance, ces balises BLE sont donc alimentées par pile (qu’il faut bien sûr changer régulièrement). Leur coût est nettement supérieur aussi bien à l’achat qu’en coût de maintenance, coût inexistant dans le cadre des étiquettes NFC (qui ne comportent pas de batterie). Combien coute une balise BLE pour développer un service sans contact mobile ? Personne ne le sait réellement puisqu’à notre connaissance, aucun service mobile sans contact dans le monde du commerce basé sur la technologie BLE n’est commercialisé. La startup Estimote est la plus avancée et propose en précommande un kit avec 3 balises / beacons et l’accès au SDK pour 99 $. Vu les composants électroniques nécessaires à une balise Estimote, les coûts vont rester nettement plus élevés que ceux des étiquettes NFC par une magnitude probablement proche de 100.

De plus, les articles annonçant le remplacement du NFC par les balises de type Estimote ou iBeacons oublient plusieurs facteurs.

  • Le premier est que ces balises BLE ne sont pas prévues pour faire du paiement, simplement du géo-marketing contrairement à la technologie NFC qui a été conçu pour fonctionner avec l’infrastructure bancaire (et transport). L’ajout de balises Estimote dans un magasin ne permettra pas de payer par mobile sur le terminal du commerçant, sans, soit un paiement mobile sans contact NFC, soit un paiement en ligne, type Paypal, si une connectivité type wifi, 2G, 3G est disponible.
  • Les annonces Apple ou Paypal sont simplement un nouvel épisode dans la guerre que livre les sociétés de l’internet au monde bancaire (et telecom) pour entrer chez les commerçants. Les balises BLE ajoute une composante de geo-localisation importante pour Paypal (2)  (nous en avons parlé dans un précédent article) mais ne permettent pas plus de payer le commerçant si Paypal n’est pas dans le réseau d’acceptation du commerçant. Autrement dit, si Paypal avec son extension beacon ou une future extension au monde réel du paiement iTunes peuvent échanger des données avec des balises BLE, cela ne changerait strictement rien au besoin d’intégrer le système d’acceptation du commerçant.
  • Ajoutons également qu’il y a aujourd’hui, rien qu’en France, 17 millions de cartes de paiement sans contact NFC, utilisables dans 90,000 points de ventes, que la progression du déploiement est de 7 à 10% par MOIS, que les applications de paiement NFC sont maintenant disponibles à la BNPParibas, au Crédit Mutuel, au CIC et bientôt à la Société Générale.
  • N’oublions pas que les services sans contact et NFC mobiles et cartes sont utilisés par plus d’un milliard de personnes tous les jours pour voyager sur notre planète, qu’elles sont utilisées pour l’information, l’accès, le tourisme, les événements, les cartes de vie quotidiennes…. sur des applications que le BLE ne peut ni ne pourra gérer pas plus techniquement qu’économiquement.
  • Personne ne sait non plus si les balises Estimote ou celles d’Apple seront propriétaires ou pas, c’est à dire, interopérables, ce qui limiteraient grandement leur intérêt.
  • Enfin, coté vie privée, ce sera intéressant de voir comment la CNIL en France, et ses équivalents européens, ainsi que la Commission Européenne vont réagir à cette technologie. Au niveau européen, le « silence des puces » est souhaité. Nous avons là des balises très bavardes et très intrusives, capables de suivre en temps réels les déplacement des consommateurs à l’intérieur d’un magasin. Que faut t-il penser d’une technologie qui agit sur le mobile du consommateur sans le prévenir, à distance, dans un magasin, sans « checkin » volontaire contrairement au NFC ? Cette option sur l’iPhone sera-t-elle activée par défaut ? Il est bien sûr de nouveau trop tôt pour en dire plus puisque de nouveau, rien n’est disponible coté balise BLE / Beacon / iBeacon, c’est à dire Estimote et Apple.

Sachons donc raison garder. Le Bluetooth Low Energy et le NFC sont deux technologies complémentaires qui ont toutes deux leur place, l’une est adaptée à la géolocalisation et le géo-marketing, et l’autre, plus généraliste, pour le paiement, le transport, l’accès, le tourisme, les services de vie quotidienne avec une infrastructure mondiale en place, les deux auront des applications dans le monde de l’internet des objets.

La traduction de beacon est donc aussi bien phare que balise. Un phare pour nous guider dans nos achats en nous envoyant (push) des informations, mais aussi balise, qui nous rappelle qu’il faut être prudent car la traçabilité des porteurs de mobiles va monter d’un cran si la technologie se déploie à grande échelle sans contrôle ou garde-fous.

ibeacons screenshot

ibeacons screenshot

Enfin, il est étonnant comment la présence d’un mot sur une slide d’Apple, la déclaration d’un dirigeant d’une startup qui n’a pas encore livré un seul produit et un test chez Paypal non encore débuté, peuvent convaincre autant de personnes que le NFC est mort et sera remplacé par une technologie qui n’a pas les mêmes fonctionnalités. « La nouvelle de ma mort a été grandement exagérée ! » La phrase de Mark Twain prend tout son sens. Il ne suffit pas de déclarer la mort du NFC pour que cela se réalise. La réalité industrielle et le marché le prouveront une fois de plus dans les années à venir.

A suivre

Pierre Métivier

Pour aller plus loin – articles

Remarque et notes

(1) Paypal vient de lancer un test avec un terminal BLE se connectant sur les caisses d’un magasin acceptant déjà Paypal et permettant un paiement sans aucune action du consommateur par échange entre le mobile BLE et le terminal BLE de Paypal connecté à la caisse du commerçant, si ce dernier accepte le paiement Paypal.

(2) Intéressant les promoteurs du Bluetooth Low Energy aient eu besoin d’indiquer que la dernière version était « Low energy » ce qui montre bien que non seulement le Bluetooth est énergivore, mais que le sujet de l’alimentation de ces balises est une problématique à prendre en compte.

  • Le titre auxquels vous avez échappé- Beacons – faut il baliser ?
  • Sur Wikipedia, les articles relatifs à la technologie BLE renvoie sur 11 sujets, mais aucun sur le NFC. Etonnant, non ?
  • Au jour d’aujourd’hui, rien n’indique dans ce qui a été présenté par Apple que le Bluetooth Low Energy sera utilisé pour effectuer du paiement par Apple.

Paris, ses horodateurs, son absence de services mobiles sans contact NFC

Horodateurs et mobiles

Horodateurs et mobiles

MAJ le 16 décembre 2013 – La Ville de Paris a approuvé par délibération du conseil municipal la mise en place prochainement d’un système de paiement des horodateurs par mobile. Rappelons la situation sur Paris. Les pièces ne sont pas acceptées. Il faut donc payer, soit par carte bancaire récemment installée, soit par carte Monéo peu utilisée, soit avec la « Paris Carte« , une carte de paiement pré-payé qui s’achète dans les bureaux de tabac. Les mobiles étant de plus en plus présents dans nos poches, penser mobile est forcément une bonne piste pour trouver des solutions pour faciliter le paiement.

D’après « La Gazette des Communes« , moins d’un automobiliste sur dix à Paris paie le stationnement contre un sur trois dans le reste de la France (2011). Pourquoi donc les horodateurs à Paris sont-ils si peu utilisés ? Deux raisons.

  1. Par une situation courtelinesque dont les raisons échappent à l’entendement du citoyen standard mais pas ces conséquences pratiques, il est moins cher à Paris de recevoir une contredanse que de payer l’horodateur toute une journée d’autant plus que la verbalisation n’est pas quotidienne (*).
  2. Le visiteur venant occasionnellement en voiture n’a que rarement une « Paris Carte« , cette carte de paiement pré-payée disponible chez les buralistes, buralistes bien entendu rarement à coté de la place où vous vous êtes garée. De ce fait, le conducteur n’a pas le temps ou ne prends pas le temps d’en chercher un sans compter le prix de la carte, bien chère (15 ou 40 €) si vous vous garez que peu de temps ou occasionnellement.

Pour la première raison, un nouveau moyen de paiement ne changera rien. Pour la seconde, il faut donc un moyen de paiement permettant de payer rapidement le montant souhaité pour le temps nécessaire.

Dans un premier temps, les horodateurs parisiens sont maintenant équipés de lecteur de cartes bancaires standard avec contact et donc également d’une nouvelle solution de paiement. Dans un deuxième temps, en 2014, c’est le paiement par mobile qui sera disponible.

Dans le cas d’un paiement d’un horodateur par mobile, il existe deux solutions principales :

  • Une solution de type paiement mobile en ligne, comme celles de la société britannique PayByPhone, leader sur ce marché et déjà implémentée à Issy-les-Moulineaux par exemple mais aussi à Miami, San Francisco, Montréal, Manchester et Sydney ou Whoosh, une solution équivalente proposée par la société Parkeon, principal fabricant d’horodateurs, et
  • la solution mobile sans contact de type NFC.
PayByPhone

PayByPhone

La solution type PayByPhone que nous avons déjà présentée dans ce blog, consiste en l’utilisation d’une application sur mobile Android ou iOS connecté et d’une infrastructure spécifique qui va générer un ticket virtuel. Pour la première utilisation, il faut télécharger l’application, créer un compte, saisir un certain nombre de données dont son numéro de mobile et les informations d’une carte bancaire. Les fois suivantes, le paiement du stationnement est bien sûr beaucoup plus rapide. Il faut indiquer également la plaque d’immatriculation, le fameux code (visiteur, résident) et la durée. Un accès par un navigateur (sans l’application) est également possible ainsi que du paiement par SMS ou en appelant un serveur vocal. Cette solution a donc l’avantage de fonctionner sur un très grand nombre de smartphones dès à présent. Elle apporte d’autres avantages comme la possibilité d’être prévenue à l’avance par SMS (payant) que la période autorisée se termine, payer et recharger à distance son ticket. C’est une solution pratique pour les automobilistes utilisant régulièrement les horodateurs une fois leur compte créé. C’est un peu plus compliqué pour l’automobiliste qui découvre une solution type PayByPhone devant l’horodateur comme nous l’avons vu. Un peu comme la différence d’utilisation d’un Vélib pour les abonnés ou les non-abonnés. Tous ceux qui ont essayé comprendront.

Coté infrastructure, les équipes qui contrôlent le paiement des horodateurs, les Agents de Surveillance, doivent être équipées d’un terminal capable de faire le lien entre la voiture à travers sa plaque d’immatriculation et le ticket virtuel puisqu’il n’y a pas d’émission de ticket papiers. Les horodateurs en place ne servent plus potentiellement qu’à donner le code indiquant le montant du tarif (résident, visiteur, professionnel).

Paiement NFC sur horodateur

Paiement NFC sur horodateur

La solution paiement par mobile sans contact est celle proposée à Strasbourg depuis plus d’un an mais aussi à Lyon (Presto) sur les mêmes horodateurs que ceux de Paris, horodateurs mis-à-jour pour accepter la technologie sans contact. C’est potentiellement un paiement par mobile mais c’est surtout pour l’instant un paiement par carte sans contact. En effet, pas encore suffisamment d’usagers ont déjà la combinaison – mobile NFC et carte de paiement dématérialisée proposée par exemple par la BNPParibas, le Crédit Mutuel / CIC, et bientôt la Société Générale et tous les mobiles ne sont pas encore NFC (près de 4 millions fin juillet). Par contre, plus de 16,7 millions de cartes sans contact sont déjà dans nos poches (chiffres Groupement CB Fin juillet), 20 en fin d’année. La vitesse d’utilisation est extrêmement rapide : après avoir sélectionné le temps de stationnement souhaité sur l’horodateur, il suffit d’approcher sa carte ou son mobile sans contact sans entrer de code pour que la transaction soit effectuée et le ticket imprimé. Une fois la mise-à-jour des horodateurs effectués, c’est exactement la même infrastructure en place qui est utilisée, que ce soit par l’utilisateur ou par les Agents de Surveillance.

Le retour d’expérience à Strasbourg apporte des informations intéressantes. Par exemple, le ticket moyen de stationnement est de 1,25 € par pièces et de 1,58 € par paiement sans contact (cartes et mobiles).

Il y a bien sûr beaucoup d’autres paramètres qui rentrent en compte dans le choix d’une ou de l’autre des solutions et en particulier financiers comme les coûts de mise en place (mise à jour des horodateurs d’un coté, infrastructure nouvelle, équipement des agents de contrôle, formation…. de l’autre) et bien sûr, les commissions vers les partenaires financiers.

Si la ville de Paris souhaite :

  • simplement afficher le fait qu’elle permet à l’automobiliste de payer avec son mobile, les deux solutions proposées sont possibles.
  • permettre aujourd’hui à l’automobiliste de payer avec la plupart des mobiles, avec des fonctionnalités supplémentaires avec en corolaire une première utilisation un peu complexe, et un temps pour le paiement à chaque stationnement un peu plus long, alors la solution type PayByPhone est indiquée. C’est clairement une solution pratique pour automobiliste stationnant régulièrement dans Paris.
  • proposer une solution rapide et simple pour faciliter le paiement sur ses horodateurs, disponible instantanément pour l’automobiliste sans création de compte ou lancement d’une application sur son mobile, alors la solution cartes et mobile NFC est clairement la meilleure, cartes de paiement sans contact dans un premier temps en attendant la généralisation des mobiles NFC. C’est la solution la plus judicieuse pour les visiteurs occasionnels. Les deux solutions sont complémentaires.
Paris Carte

Paris Carte

Ceci dit, lorsqu’on lit le texte du projet de délibération de la Ville de Paris en vue d’une consultation pour un accord cadre, même si deux types de paiement par mobile existent, il semble que le choix de la solution ait déjà été effectué sans que les raisons de ce choix soient explicitées. C’est la version type PayByPhone/Whoosh qui a été choisie même si ces noms n’apparaissent pas dans le document. La description de la proposition est suffisamment précise pour qu’il n’y ait pas de doute.

Extrait « La mise en place de ce mode de paiement nécessitera en parallèle l’adaptation des moyens et des processus de contrôle du stationnement payant effectué essentiellement par les Agents de Surveillance de Paris (ASP) placés sous l’autorité de la Préfecture de Police. En effet, « l’achat » d’un ticket de stationnement par l’intermédiaire d’un téléphone portable génère un ticket virtuel. » Ce qui n’est pas vrai dans le cas d’un paiement par mobile NFC, le paiement s’effectue sur l’horodateur et génère un ticket papier et donc il n’est pas nécessaire d’adapter les méthodes de travail des Agents de Surveillance de Paris, méthodes qui restent les mêmes.

Cette approche qui semble donc exclure le paiement mobile sans contact NFC de la consultation, peut se mettre en rapport avec d’autres faits du même ordre à Paris ou en Ile-de-France. Aucun visibilité sur la disponibilité des versions sur mobile de deux grands services franciliens utilisant la technologie sans contact – les transports en commun et la carte Navigo et le Vélib. A l’heure où le gouvernement pousse les services « sans contact » à travers les 34 plans industriels, services basés sur un écosystème d’industriels français comme Gemalto ou Ingenico, avec l’appui des banques et des opérateurs mobiles, on peut regretter que la solution mobile sans contact ne fasse pas même pas partie de l’appel d’offre, préférant une solution probablement anglo-saxonne.

Alors que les villes de provinces multiplient les services mobiles sans contact dans le transport, le parking, le tourisme, les services aux citoyens comme Strasbourg, Caen, Nice, Bordeaux et bien d’autres, Paris semble en retrait. Hors les services de paiement déployés nationalement, un super marché Casino en test dans le 16ème, un tout nouveau système de guidage à l’intérieur de l’Hôtel de Ville et quelques musées, Paris est étrangement absente. Clairvoyance pour certains, frilosité et absence de vision pour d’autres, le sujet mériterait un article dédié et nous y reviendrons. En attendant, si vous voulez voir l’avenir en matière de services mobiles sans contact, c’est en province qu’il faut se tourner, avant, nous l’espérons, le réveil de la capitale.

Et  nous suivrons avec attention sur ce blog, le déploiement de la solution paiement mobile horodateur à Paris lorsque la solution sera choisie et installée, la délibération approuvée ce jour est une étape importante.

Déploiement ….. à suivre.

Pierre Métivier

PS. Cher lecteur, si vous avez des informations complémentaires permettant de mieux comprendre ce choix à priori, n’hésitez pas à les partager en commentaires.

(*) Trois zones, trois tarifs, de 9:00 à 19:00

Tarif zone 1 : 3,60 € /h – journée = 36 € – Journée de 8 heures – 28,8 €
Tarif zone 2 : 2,40 € /h – journée = 24 € – Journée de 8 heures – 19,2 €
Tarif Zone 3 : 1,20 € /h – journée = 12 € – Journée de 8 heures – 9,6 €

Contredanse – 17 € – CQFD pour les zones 1 et 2.

Pour aller plus loin,