Les services sans contact NFC, véritable opportunité ou futur flop tel l’Avantime, le Bi-bop et Moneo ?

Le NFC opportunité ou futur flop ?

Le NFC opportunité ou futur flop ?

Les conférences autour des services de proximité de type NFC et paiment sans contact se multiplient partout en France, preuve d’un intérêt pour les services même si les déploiements se font encore rare. Au cours d’un conférence G9+organisée par HEC le mois dernier, notre hôte a posé la question suivante « Ces services connaitront-ils le sort de la Renault Avantime, de Moneo et du Bi-bop ? »

Cette question est légitime. Il y a plus d’articles et de conférences sur le sujet que de services actuellement déployés. Est-ce une inflation médiatique injustifiée ou les signes avant-coureurs d’une vague de fond qui va changer notre vie quotidienne comme le mobile a pu le faire ? La comparaison proposée n’est pas équilibrée puisque le NFC est une technologie servant de base à de nombreux services de proximité sur mobile dont on ne sait pas encore si ils seront adoptés massivement par les consommateurs, usagers et citoyens alors que les Moneo, Bi-bop et autres Avantime sont des produits et services précis, et dont on sait « maintenant » qu’ils n’ont pas eu le succès commercial escompté. La question posée peut être reformulée ainsi – « Les services NFC, succès technologiques mais échec commerciaux ? » ou encore « La technologie NFC restera t’elle simplement un bon sujet pour les journalistes et les organisateurs de conférence, sans adoption par le public ? »

Rappelons rapidement les trois aventures citées et les leçons que l’on peut en tirer avec le recul.

  • La Renault Avantime, voiture français au concept innovant, de coupé monospace, basé sur l’idée que le riche célibataire puisse fonder une famille, tout en gardant un look « sport »/ 2 portes avec de la place pour plus de deux personnes dans son véhicule. Cet « Espace » à deux portes, a été un échec commerciall avec moins de 9,000 voitures vendus avant l’arrêt de la production. Ce marché, dans sa version haut de gamme, a été repris par les Porsche Panamera, Aston-Martin Rapide et autres constructeurs de sports qui proposent des coupés 4 portes ressemblant à des coupés ou des 4*4 luxueux jugés plus cool. Clairement, un marché de niche et  une voiture ne répondant pas aux aspirations des possibles clients de ce marché.
  • Le Bi-Bop (1991-1997) était en France le premier téléphone destiné à un public en mobilité urbaine. L’idée étant de démocratiser le marché des mobiles réservés jusque là à des clients fortunés. Beaucoup d’espoir et autant de déception. Une infrastructure non suffisamment développée, des limitations techniques, une certaine complexité ET la normalisation des mobiles GSM suivi de la baisse de leurs prix de vente ont eu raison de ce service franco-français.
  • Moneo est un cas différent des deux précédents. C’est en effet un portefeuille électronique,une carte pré-payé, un service proche des paiements sur mobile, présent dans le Google Wallet par exemple. Contrairement aux deux autres exemples, le service est toujours disponible et c’est un service précurseur. De services de paiement universel de petites sommes pour les horodateurs ou sa baguette, il est maintenant très présent sur des marchés précis comme celui des cartes étudiants (près de 1,5 million d’utilisateurs). Parmi les raisons invoquées pour son insuccès relatif en tant que produit de paiement universel, il y a le manque d’intérêt à la fois pour les utilisateurs et les commerçants, le coût pour les commerçants, la complexité du rechargement, le concept de multi-carte de paiement sur un même support peu compris. Les industriels du sans contact peuvent tirer des leçons sur le lancement et la perception de Monéo  par les consommateurs en terme de simplicité d’usage, de pédagogie, de valeurs perçues. Nous reviendrons sur le cas Monéo dans un prochain article.
Validation transport SNCF par mobile NFC

Validation transport SNCF par mobile NFC

Plusieurs différences majeures peuvent donc être notées par rapport aux exemples cités. Tout d’abord, le NFC n’est pas une technologie de niche ; elle est utilisée dans un nombre croissant de services de proximité, certains seront adoptés par les consommateurs, d’autres non mais la variété des usages peut laisser penser qu’elle trouvera sa place. Ensuite, cette technologie est internationale et non franco-française. Elle est adoptée partout dans le monde, de l’Amérique du Nord à l’Asie (depuis plus de 10 ans) en passant par l’Europe. Enfin, elle est intégré de plus en plus souvent dans l’objet universel par excellence, le mobile.

Pour devenir des succès / des innovations adoptées par les consommateurs, les citoyens, les usagers, il est nécessaire que ces services de proximité permis par le NFC apportent à la fois un gain de temps (plus rapide pour payer, pour s’identifier à la piscine ou pour prendre un transport en commun) et de la simplicité (un seul geste, sans autre manipulation pour effectuer une action comme un paiement ou un « J’aime » Facebook) aux services existants ou apportent de nouveaux services innovants.

Il est trop tôt pour répondre à la question « véritable opportunité ou flop« . Pour l’auteur de ce blog, basé sur les observations relatées régulièrement ici-même, une formidable opportunité de croissance est possible grâce à cette technologie comme  c’est déjà le cas dans d’autres pays du monde. Mais les services disponibles en France sont encore trop rares, et tant que ces services ne seront pas disponibles et utilisés massivement, la question restera posée. Et vous, qu’en pensez vous ?

Pierre Métivier

3 réflexions au sujet de « Les services sans contact NFC, véritable opportunité ou futur flop tel l’Avantime, le Bi-bop et Moneo ? »

  1. zenographie

    Bonjour
    Il est a mon humble avis inexact de dire que Bebop a été un échec commercial. Ce n’était qu’une plateforme d’expérimentation destinée à servir des communications locales (les fonction de roaming/saut de cellule n’étaient pas prévues) et destiné à un public essentiellement citadin en attendant que le marché du GSM se développe.
    Une fois la relève assurée, Bebop n’avait plus de raison d’être

    En outre, la fonction première d’un opérateur n’étant pas de vendre du service, mais de facturer de la minute au prix fort, le modèle économique de Bebop s’est vite avéré peu rentable comparé à ce que promettait la vache à lait du GSM avec ses SMS et ses facturations « à la minute facturée dès la première seconde de communication » (ce n’était il n’y a pas si longtemps), les contrats léonins sur 2 ans ferme et non résiliables, les sauts de facturation « internationale » sur les départements frontaliers etc etc.

    L’on peut considérer Bebop comme un succès, dans le sens ou il a en partie innoculé le virus de la communication pas souvent utile mais permanente, et de la liaison mobile.

    Cordialement
    Marc

    Répondre
    1. Pierre Metivier Auteur de l’article

      Marc,
      Merci d’avoir pris le temps de cette réponse pleine de bon sens. Et c’est vrai que le Bi-bop a participé à l’essor en France du « téléphone sans fil » même si le chiffre d’abonnés n’a pas dépassé 300,000. Et puis on peut discuter la distinction commerciale et expérimentale. Bi-bop a largement dépassé le cadre expérimental sans jamais arriver à un déploiement national.
      Pierre

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