Décryptage de trois articles sur les enjeux du paiement mobile et du commerce.

Paiement sans contact NFC chez Jeff de Bruges

Paiement sans contact NFC chez Jeff de Bruges

Nous avons déjà revu en détail sur ce blog en début d’année les grands enjeux du paiement sur mobile dans le commerce traditionnel et ces deux billets restent d’actualité – Enjeux et acteurs et Paiement en ligne et paiement sans contact NFC.

Trois articles complémentaires publiés récemment permettent de refaire un point sur les relations difficiles entre les géants de l’internet, les commerçants traditionnels « brick & mortar« , les banques et les opérateurs télécom ainsi que la complexité de cet écosystème qui génèrent régulièrement des approximations médiatiques.

01 NET – Etats-Unis: Google et PayPal délaissent le paiement mobile sans contact

Un titre et deux approximations. Paypal ne délaisse pas le paiement mobile sans contact. Non seulement la société ne l’a jamais supporté  (hors un petit test en Suède) mais elle critique ouvertement et régulièrement la technologie depuis longtemps. La raison en est simple. Si le paiement mobile sans contact NFC s’installe durablement dans les commerces traditionnels, Paypal aura beaucoup de mal à convaincre les commerces physiques d’accepter sa solution de paiement sur mobile, et restera cantonné au rôle de moyen de paiement sur Internet (PC ou mobile), ce qui est, « by the way » un très beau rôle et un immense succès.

Quand à Google, le support du NFC n’est pas remis en question. Il est non seulement disponible sur tous les appareils de la marque mais le NFC est supporté sur la plateforme Android, de loin la première plateforme mobile dans le monde, loin devant iOS. L’information de l’article vient du fait que le Google Wallet est maintenant disponible sur Apple, ce qui ne signifie pas que le paiement sans contact soit délaissé par Google. Les raisons de faire du paiement sans contact chez Google sont très différentes des autres acteurs comme Paypal. Google est présent sur le paiement pour accumuler des données sur ses utilisateurs pour mieux cibler ses publicités et dominer ce marché sur le mobile comme la société le fait déjà sur les PC, et non pour les revenus des commissions de chaque transaction contrairement aux autres acteurs.

Wired – Amazon’s Delivery Lockers Booted From Staples, RadioShack

An Amazon delivery locker in the back of a 7-Eleven - Photo: Ariel Zambelich/Wired

An Amazon delivery locker in the back of a 7-Eleven – Photo: Ariel Zambelich/Wired

L’article en provenance de Wired montre les relations difficiles entre commerce online et traditionnel. Tous virtuels qu’ils soient, les achats de biens matériels sur Amazon se terminent par des livraisons. Amazon avaient installé des points-relais chez Staples et RadioShack, chaînes de produits pour bureau et électroniques. Ces accords ont été remis en cause par les deux chaînes, ce qui ne surprendra personne. Pourquoi RadioShack permettrait la livraison de produits électroniques commandés sur Amazon pour être livré et réceptionné par le consommateur dans leur propre magasin ? Si le consommateur peut venir dans le magasin, alors, il peut également acheter les produits sur place.

Les Echos – Les géants du Net tentent de séduire les petits commerce

Ce troisième article en provenance des Echos explique le concept de « web2store », l’utilisation de technologies web comme la cartographie pour attirer les clients vers les magasins physiques. Et l’article décrit donc comment les grandes sociétés de l’internet proposent des services (hors paiement même si ce dernier sujet n’est jamais très loin) pour rentrer dans les commerces.

Ces trois articles illustrent la bataille qui fait rage sur plusieurs  fronts entre les acteurs de l’Internet (Google, Amazon, eBay/Paypal, Apple,… ) et les banques / opérateurs de cartes de paiement – bancaires et privés et opérateurs télécoms pour être présent dans les magasins physiques.

Si on essaie de résumer avec un focus paiement, cela donne :

Dans les magasins traditionnels ou grandes enseignes, les cartes de paiement, le cash, les chèques sont de loin les méthodes les plus utilisées. Avec l’arrivée du mobile, outil universel, chacun espère prendre une marché du paiement sur mobile dans le magasin. Deux grandes méthodes :  le paiement Internet en ligne et la carte de paiement dématérialisée.

Sur le paiement en ligne mobile (hors magasin), Paypal a une longueur d’avance coté application, utilisation et nombre d’utilisateur mais sa présence dans les magasins reste marginale hors un accord avec Discover aux Etats-Unis. Les annonces autour du Paypal Beacon est un autre développement intéressant, mais cela ne résous en rien le sujet du réseau d’acceptation sur lequel nous allons revenir.

Apple, de son côté, n’a toujours pas annoncé une stratégie permettant le paiement par iTunes dans un magasin. Certains analystes et journalistes pensent que sous le terme ibeacon se cache une future solution de paiement physique, nous en doutons de notre coté.

Comme écrit plus haut, le paiement chez Google répond à d’autres impératifs, la connaissance des consommateurs pour mieux cibler ses publicités et dominer ce marché sur le mobile comme la société le fait déjà sur les PC. Toutes les méthodes pour acquérir ces précieuses données sont bonnes et le NFC en fait partie.

Coté banques en France, le déploiement des TPE et des cartes sans contact se poursuit activement – plus de 100 000 points de vente et près de 20 millions de cartes de paiement sans contact en France. Coté paiement sans contact mobile cette fois, associant banques et opérateurs télécoms, trois, bientôt quatre, banques proposent des solutions de paiement sans contact NFC sur mobile (BNPParibas, Crédit Mutuel, CIC et bientôt la Société Générale) Les banques sont également présentes sur les moyens de paiement en ligne (comme Paypal) en proposant des solutions comme SMoney, Kwixo ou le petit dernier PayLib.

Ce problème du réseau d’acceptation est le même pour tous les acteurs qui souhaitent être présent sur marché du commerce traditionnel (ou sur le Net). Sans réseau d’acceptation digne de ce nom, tous ces services resteront marginaux en tant que moyen de paiement dans le commerce traditionnel. Le paiement sans contact cartes et mobiles NFC a l’énorme avantage de s’appuyer sur le réseau d’acceptation des cartes bancaires.

Conclusion

NFC shopping by SES

NFC shopping by SES

De nombreux commerçants traditionnels et distributeurs ont vu une partie de leur activité disparaitre avec la montée en puissance de l’e-commerce. Cet e-commerce, permis entre autres par des solutions de paiement en ligne comme Paypal, a créé des géants comme eBay, la maison-mère de Paypal et Amazon qui aimeraient être de plus en plus présents dans les magasins physiques. Il n’est pas étonnant que ces mêmes commerçants n’aient pas envie d’accueillir de tels concurrents. En même temps, le mobile est universel, présent dans les mains des consommateurs, source d’information et il est clé pour le commerce d’offrir des services sur ce support. D’où l’intérêt pour les services mobiles sans contact de type NFC qui non seulement permettent le paiement avec les cartes bancaires des clients (simplement dématérialisés) sans création de nouveau compte mais permet également la lecture d’information produits, de gérer les cartes de fidélité, ou les coupons en magasin, en donnant des raisons aux clients de revenir dans le magasin.

Vous avez dit complexe ?

A suivre

Pierre Métivier

4 réflexions au sujet de « Décryptage de trois articles sur les enjeux du paiement mobile et du commerce. »

  1. geoffroy vibrac

    Bonjour Pierre,

    Une question : a votre avis, pourquoi Google n’étend pas Google Wallet au delà des USA. Voilà 2 ans et demi que le service existe mais si vraiment l’enjeu était stratégique, nous aurions déjà Google Wallet sur nos smartphones…

    Merci

    Répondre
  2. Pierre Metivier Auteur de l’article

    Geoffroy,

    Bonne question.

    En France comme dans beaucoup de pays dans le monde, le paiement par mobile NFC utilise comme élément sécurisé (l’élément qui garantit la sécurité des données personnelles et des transactions) la SIM, fourni par votre opérateur. Ce n’est pas le cas pour Google qui n’utilise pas cette SIM. Pour Google, sans accord avec les opérateurs locaux, pour être présent dans la SIM, alors pas d’accès aux terminaux de paiement électroniques des commerçants et donc pas de possibilité de payer sans contact avec son Google Wallet. Aux US, Google s’est associé avec Sprint et en « représailles » tous les autres opérateurs se sont associés pour créer leur propre Wallet, ISIS. En Allemagne, il y a eu discussion entre Deutsche Telekom et Google sans qu’à ma connaissance il y ait eu accord.

    Globalement, sans accord entre opérateurs telecom locaux et Google en Europe, il n’y aura pas de Google Wallet NFC.

    Un peu le même le sujet pour Square avec les banques européennes qui supportent l’EMV (symbolisé par la carte à puce de nos cartes de paiement). Square, sans support de l’EMV, ne pourra s’installer en Europe.

    Cordialement

    Pierre Métivier

    Répondre
    1. Geoffroy Vibrac

      Merci pour votre réponse,

      je pensais que Google utilisait directement l’élément sécurisé des puces NFC des téléphones et se dispensait ainsi d’avoir à trouver un accord avec les opérateurs. C’est plus clair maintenant.

      Cordialement

      Geoffroy

      Répondre
  3. Ping : De l’utilisation des étiquettes électroniques de gondole dans le commerce connecté | Avec ou Sans Contact

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