RFID, NFC, Internet des objets et innovations sans contact – Bilan 2012 et perspectives 2013

Previsions 2013 RFID NFC IOT

Previsions 2013 RFID NFC IOT

C’est la période de l’année de se livrer à l’exercice bilan et prévision. Après 2011 et 2012, nous nous livrerons à ce petit jeu pour la troisième fois sur les sujets de l’innovation et des services sans contact, des QR codes à l’internet des objets avec un focus particulier sur les services mobiles sans contact NFC.

Commençons à regarder dernière nous, l’année qui vient de s’achever.

QR+ QRCode (c) Mobilead

QR+ QRCode (c) Mobilead

Les QR code et autres codes barres 2D continuent leur bonhomme de chemin. De plus en plus sophistiqués en terme de graphisme et de suivi des campagnes, ils gardent leurs avantages économiques et leurs inconvénients tel la nécessité de lancer une application spécifique de son smartphone pour être utilisés. Avec la montée de déploiement des services sans contact NFC, ces codes sont de plus en plus souvent associés avec des étiquettes NFC.

Coté RFID dans le sens UHF (logistique, pharmacie, aviation, textiles), les déploiements progressent sensiblement en particulier dans la distribution. Après le transport et le commerce, le sujet de la conférence annuelle du CN RFID a été la santé et les services à la personne montrant bien l’universalité potentielle de la technologie en matière de traçabilité.

NFC Tag - Identive

NFC Tag – Identive

Sans être l’année de l’explosion des déploiements de services mobiles sans contact NFC, quelques messages forts et encourageants pour la suite sont à noter. En France, les mobiles NFC sont enfin disponibles – en quantité deux millions de mobiles NFC Cityzi dans les poches des consommateurs fin Novembre et plus de 25 modèles au choix dans les boutiques des opérateurs et bien plus dans le monde. La technologie NFC est donc quasiment standard sur tous les smartphones avec l’exception notable d’Apple et de l’iPhone et nous y reviendrons. Tous les principaux opérateurs (sauf un, Free) sont impliqués dans le déploiement. En parallèle, le développement des infrastructures de transport (le réseau de l’Ile de France géré par le STIF devait être 100% NFC fin décembre 2012) et bancaire (plus de 40,000 TPEs bi-mode fin octobre 2012 et près de 10 millions de cartes de paiement (bancaire et commerce) en circulation) montrent bien la volonté forte des acteurs à déployer massivement les services sans contact, en commençant par l’infrastructure et les cartes avant de passer aux mobiles. Le Crédit Mutuel et la BNParibas offrent des services de paiement sur mobile NFC et Casino a ouvert un premier supermarché à Paris dans le 16ème dont tous les produits sont étiquetés NFC et qui offrent de nouvelles expériences et parcours pour les consommateurs.

Carte de France NFC

Carte de France NFC

Aux efforts des opérateurs et acteurs industriels (banques, telcos, commerce et transport), il faut ajouter les collectivités territoriales qui, avec l’aide de l’état, disposent d’une enveloppe de 65 millions d’Euros pour développer dans les prochains mois, des services de type vie quotidienne pour les citoyens partout sur le territoire national. Enfin, la discussion autour du Secure Element (gestion des applications et données sensibles de type paiement nécessitant un grand niveau de sécurité) semble s’apaiser et sa présence dans la SIM de nos mobiles est actée par tous les opérateurs télécom (y compris en Chine) et une grande majorité des banques.

Coté applications NFC sans mobile, rappelons que ce sont près de 100 milllions de figurines du jeu Skylander d’Activision, toutes équipées d’une étiquette sans contact, qui ont été vendus dans le monde, montrant bien le potentiel de la technologie. De nombreux objets hi-tech, comme des casques audio ou des enceintes l’utilisent ainsi que la console WII de Nintendo. Enfin, il est maintenant plus facile de commander des étiquettes NFC en ligne et de les programmer soi-même grâce aux nombreuses applications disponibles sur les différents appstores.

Vitrophanie paiement NFC Nice

Vitrophanie paiement NFC Nice

Ceci dit, nous sommes encore loin d’un usage massif des services. Les services de paiement sans contact ne sont guère promus par les acteurs. Plus globalement, on trouve des services de type tourisme, transport, horodateurs, fidélité dans des villes comme Strasbourg, Nice, Toulouse, Bordeaux ou Caen qui sont parmi les plus actives en France. Paris et l’Ile de France sont encore en retrait (hors quelques opérations musées que nous avons régulièrement présentées sur ce blog). Cet usage encore limité peut s’expliquer en particulier par la difficulté des grands acteurs (banques et opérateurs telecom d’un coté, opérateurs de transport et distributeurs de l’autre) à trouver des modèles économiques satisfaisant les différentes parties. Ajoutons enfin le manque criant de signalisation et de communication lorsque les services existent.

Malgré ces retards, de nombreuses sociétés françaises, grandes et petites tirent leur épingle du jeu y compris à l’export. Citons simplement deux exemples parmi bien d’autres deux PME innovantes – Connecthings qui déploient des services NFC en Europe et au Brésil et Airtag qui vient de s’installer aux USA pour poursuivre son développement.

Coté nouvelles technologies, notons la start-up californienne Kovio qui développe un technologie permettant l’impression en grande quantité des puces pour les étiquettes NFC, et qui porte la promesse de faire baisser notablement le coût des étiquettes. L’arrivée de Qualcomm et Broadcom, après NXP, Inside Secure et ST MicroElectronics, comme fournisseur de semi-conducteurs mobiles NFC est aussi une preuve de l’investissement des industriels sur le marché.

Visa Barclays sticker NFC

Visa Barclays sticker NFC

Coté international, nous avions eu en 2011 l’annonce du support de Google pour la technologie NFC et la naissance d’Isis, une joint venture regroupant tous les opérateurs telcos américains (sauf un) pour déployer le paiement mobile sans contact NFC. En 2012, MCX, une association des acteurs de la distribution américaine autour de Wal*Mart (CA global de tous les acteurs de l’association – 1000 milliards de $) a vu le jour, également pour déployer des services mobiles sans contact dans la distribution. La déception est venue du coté de Cupertino où Apple a fait l’impasse sur la technologie NFC dans l’iPhone 5, ce qui a donné la naissance à de nombreux projets d’add-on et autres coques équipés de NFC. Les solutions à base de stickers sont toujours opérationnelles comme la solution Visa Barclaycard en Grande Bretagne permettant de payer d’un geste de petites sommes.

Le M2M se développe également en douceur, à l’abri des regards du grand public, dans de nombreux domaines industriels (smart cities, batiment, construction, maison/domotique, smart meter , énergie, santé, services à la personne, gestion de flottes de véhicules, traçabilité…). Des développements de nouvelles technologies prometteuses de transport de données / réseau comme SigFox en France ou l’utilisation des white spaces en Grande Bretagne par des sociétés comme Neul et le consortium Weightless Sig, offrant des solutions de connetivité innovantes et complémentaires aux connectivités à base de réseau 2G/3G offert par les opérateurs, devrait permettre de faire baisser les coûts de services à base de capteurs et donc créer de nouveaux marchés.

Enfin, l‘Internet des objets a justement été l’objet de toutes les attentions. La très médiatique conférence Le Web de Loïc Lemeur a abordé ce sujet pour la première fois et y a apporté une lumière blogosphérique et siliconvallesque. A cet Internet des objets individuel autour du soi quantifié, la médiatisation du sujet a permis de mettre en valeur les conséquences sociétales positives de l’Internet des objets. Des offres de micro-ordinateurs tels les Raspberry Pi ou des composants électroniques comme Arduino vont permettre le développement de nombreuses expérimentations et applications à bas coût dans tous les domaines.

Et pour 2013 ? Nous nous cantonnerons juste à trois remarques autour du NFC, d’Apple et de l’Internet des objets.

2012 a vu l’arrivée des mobiles NFC, dans les boutiques et dans les poches des consommateurs (même si ils ne savent pas) et un vrai déploiement de l’infrastructure paiement et transport et cette tendance lourde continuera, les acteurs y étant très engagés. Ceci dit, sans accord réel entre ces mêmes acteurs, et en particulier dans le transport, les usages auront du mal à se mettre en place. Nous attendons avec impatience le moment où il sera possible de prendre le bus, le métro ou le train (que ce soit pour un billet individuel ou pour une carte d’abonnement) ou son vélo en libre-service avec son mobile partout en France. Ce n’est pas un manque d’appétence du public (tous les pilotes réalisés ont remonté un engouement réel pour ce type de service), ce n’est plus une question technique. C’est principalement une question politico-économique. Non seulement, il est dommage que les usagers et les consommateurs ne profitent pas de ces nouveaux services en l’absence d’accord. A moyen-terme, ce seront les opérateurs et acteurs cités précédemment qui en seront les victimes, avec l’arrivée prochaine de leurs puissants concurrents asiatiques et américains. Souhaitons que 2013 soit l’année de la coopération entre tous les acteurs français dans le monde du NFC.

A chaque nouvelle version de l’iPhone, tous les commentateurs (y compris votre serviteur) prédisent la présence ou pas de la technologie dans le mobile d’Apple. En 2012, l’iPhone 5 n’a pas failli à la règle . Mon premier article sur le sujet dans le Journal du Net date de Juillet 2009 et on en mesure aujourd’hui sa justesse 😉 Néanmoins, je vais encore me risquer à prédire une fois de plus l’arrivée proche du NFC chez Apple, pour deux raisons.

  • Les derniers développements du Passbook donnent une impression d’intégration du concept du service mobile de proximité permis par le NFC.
  • Qualcomm, et Broadcom, les derniers venus dans les semi-conducteurs NFC, pourraient être les partenaires qu’Apple attendait pour se lancer.

Enfin, sous le terme Internet des objets, les frontières entre toutes ces technologies et ces services deviennent de plus en plus floues. Ils se fondent, se mélangent, se complètent. Capteurs physiques, étiquettes (QRCode, NFC ou RFID UHF), big data, cloud, réseaux sociaux, tout est donnée. Les étiquettes /capteurs génèrent des données, les réseaux les transportent, le cloud les stocke, les mobiles et les serveurs les traitent et permettent aux hommes et leur mobiles, aux objets ou aux machines, de mesurer, de comprendre et d’agir. Deux services à suivre en 2013 pour être soi-même acteur de cet internet des objets – le site IFTTT, intéressant en ce sens qu’il permet de créer ses propres applications à base de briques communes, comme un kit de développement interactif de services et puis Sensordrone, un projet en cours de financement sous Kickstarter permettant de développer de nouveaux capteurs pour mobile, permettant à chacun d’entre nous d’être acteur/capteur.

L’internet des objets, ce sont les capteurs, les données, la connectivité, le traitement, les objets et tout au centre, nous, vous et moi, avec nos propres données, nos besoins, notre vie privée et nos mobiles. C’est ce monde en constante évolution que nous continuerons à présenter par petites touches dans ce blog.

En attendant les prochaines évolutions, bonne année 2013 à chacun d’entre vous et vos proches et un grand merci pour votre fidélité depuis près de trois ans et plus de deux cents vingt articles.

A suivre.

Pierre Métivier

Pour aller plus loin

7 réflexions au sujet de « RFID, NFC, Internet des objets et innovations sans contact – Bilan 2012 et perspectives 2013 »

  1. CEA

    Bonjour, Votre article très intéressant confirme le développement important de ces nouveaux dispositifs d’information de plus en plus au coeur de notre quotidien.Je relève une petite innexactitude puisque comme partiquement tous ses concurrents l’opérateur FREE livre bien des téléphones NFC notamment le Galaxy 3S équipé en standard de la puce.

    Répondre
    1. Pierre Metivier Auteur de l’article

      Patrice, vous avez raison dans le sens où la plupart des smartphones (hors Apple) vendus par les opérateurs sont désormais équipés de la technologie NFC et donc Free livre des mobiles NFC comme le Galaxy S3. Ceci dit, sauf erreur de ma part, ils ne sont pas certifiés Cityzi, et ne sont pas équipés de la SIM Cityzi et à ce titre ne peuvent pas être utilisés certaines applications dont le paiement par exemple.

      Sauf erreur de ma part, l’opérateur FREE, contrairement à Orange,SFR, Bouygues Telecom ou NRJ Mobile, n’a pas officiellement annoncé son support de la technologie.

      Merci.

      Répondre
      1. Grégory AZOULAY

        Bonjour Pierre,

        Je confirme et précise : les mobiles NFC chez Free ne peuvent servir que pour la fonction « tag read » dans la mesure où ils n’ont pas reçu la certification Cityzi et ne possèdent pas de carte SIM Cityzi, qui autorise notamment les paiements sécurisés (Free ne fait pas, à l’heure actuelle, partie de l’AFSCM).

  2. Ping : RFID, NFC, Internet des objets et innovations sans contact – 4/4 – Perspectives 2017 | Avec ou Sans Contact

Laisser un commentaire